𝐋𝐞 𝐝𝐞𝐫𝐧𝐢𝐞𝐫 𝐚𝐜𝐜𝐨𝐫𝐝 | Eddie Munson x Oc

𝐖𝐡𝐚𝐭 𝐝𝐢𝐝 𝐈 𝐝𝐨 𝐭𝐨 𝐝𝐞𝐬𝐞𝐫𝐯𝐞 𝐲𝐨𝐮 ?

Pour la première fois de sa vie, Chloé compris qu'une simple voix pouvait être en capacité de la rendre complètement malade. La simple élocution, la simple phrase que venait de prononcer ce trafiquant de drogue avait suffi à lui refiler une profonde envie de vomir. Si possible, sur ses chaussures. Malgré la nuit et l'environnement sombre dans lequel elle et Eddie se trouvaient, la jeune femme discernait parfaitement le sourire carnassier qu'ornaient les lèvres de cet individu abject.

Depuis que Jonah et ses pantins les avaient rejoints aux abords de cet immeuble effrayant, il n'avait eu d'yeux que pour elle et la rousse aurait bien voulu qu'il en soit autrement. Sa langue se baladait sur ses dents, humidifiant ses canines à mesure qu'il s'avançait pour mieux observer les deux musiciens, et surtout, la jeune batteuse.

La main de Munson se compressa dans la sienne, la Londonienne percevant le rythme de sa respiration s'accélérer. Ses pulsations cardiaques se répétaient contre sa paume, perturbant la cadence habituelle de son métronome.

En seulement quelques secondes, l'ancienne étudiante saisit qu'elle genre d'homme était ce dealer. Celui pensant tout posséder, ou en tout cas pouvoir posséder en un seul claquement de doigts. Pour lui, sa naissance avait été un signe, celui qu'il devait contrôler la terre et asservir tous ceux osant se mesurer à lui. Eddie, à lui seul, était une menace, la menace de cet équilibre qu'il voulait absolument voir perdurer. Laisser la paix à un individu ayant osé se moquer de lui, revenait à réduire à néant tout ce qu'il avait cherché à construire pendant des années.

— J'ai ton fric, articula Edward, tentant de réguler sa colère.

Le sourire de Jonah s'élargit un peu plus encore, ses coéquipiers gloussant à côté de lui.

— Et la jolie beauté à côté de toi, ça va avec le paquet ? T'es drôlement généreux Munson, fallait pas !

La jeune femme était pétrifiée, dans l'incapacité la plus totale de bouger ou même de sourciller. Un piège venait de se refermer sur elle. Une faille, menant tout droit vers les enfers, venait de s'ouvrir à ses pieds, sa chaleur abyssale perturbant ses sens. Une dizaine de démons se précipitèrent, enserrant ses chevilles de leur poigne infâme et de leur souffle ardent. Elle pourrait hurler ou même lutter des minutes entières, mais elle savait déjà que ça ne servirait à rien.

Elle était bloquée, prostrée dans un univers qu'elle avait pénétré de son plein gré, et qu'elle voulait pourtant déjà quitter. L'impuissance était vraiment la plus horrible des sensations. Face à ces ombres criminelles, elle était désarmée. Face à ces hommes, elle était esseulée. Allait-elle seulement réussir à contrôler son anxiété ?

Jonah finit par se déplacer, approchant le couple, lorgnant sur le sac à dos qui trônait à présent aux pieds du noiraud. Il l'attrapa rapidement, l'ouvrant avant d'en vérifier le contenu et de le lancer à l'un de ces larbins.

— Vérifie si le compte est bon, ordonna-t-il.

Le principal intéressé acquiesça en silence, rejoignant le hall d'accueil en quête d'une source de lumière plus ou moins importante. Et alors que Chloé essayait tant bien que mal de contrôler les spasmes qui l'envahissaient et de diminuer l'angoisse qui grandissait, une joute visuelle venait de commencer entre Eddie et son fournisseur. Incapable de bouger son visage, la batteuse ne pouvait qu'observer l'œillade assassine et l'air satisfait que projetait le grand blond. Elle n'avait jamais vu un regard aussi communicatif et horrifique à la fois. Ses orbes noirs se mélangeaient à la kyrielle occultant le ciel, s'harmonisait avec la couleur prédominante de cette nuit qui marquerait à jamais son esprit.

Le silence, il n'y avait que le silence pour communiquer, que la puissance du mutisme de ces deux hommes pour se comprendre. Celui-ci était définitivement délibéré. Jonah jouait avec sa victime comme un chat s'amuse avec la souris avant de la dévorer sans aucune pitié. Il laissait planer le doute, laissait entrevoir à Munson une porte de sortie sans véritablement le laisser passer. Cette rencontre, cette dernière rencontre qui devait être synonyme de liberté pour le guitariste, prenait de plus en plus les allures d'une arène de gladiateurs dont il ne pourrait jamais s'échapper.