𝐓𝐡𝐞𝐫𝐞 𝐢𝐬 𝐧𝐨 𝐞𝐬𝐜𝐚𝐩𝐞

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— T'as pris un rail ou quoi ? Je t'ai dit non ! Tu ne viendras pas avec moi !

— Munson t'es la plus grosse mule de toute l'Angleterre. J'en ai strictement rien à faire de tes mesures de protection à la noix. Il est hors de question que je te laisse aller voir cette bande de sauvages seul, après ce qu'ils t'ont fait l'autre jour !

Assis au fond du canapé de Chloé, les bras croisés contre sa poitrine et les sourcils froncés, Eddie exprimait son grand désaccord et son léger énervement face à l'insistance de sa petite amie. Il ne comprenait pas son intérêt à vouloir participer à l'échange qu'il y allait avoir ce soir entre lui et, il l'espérait, ses anciens fournisseurs de drogue. La dernière heure, il l'avait passé à expliquer à la rousse à quel point Jonah et ses chiens de garde étaient dangereux. Infréquentables et redoutés par tous ceux les connaissant un minimum. Non pas qu'il considérait la jeune femme comme inférieure, ou même plus faible que lui parce qu'elle était une femme. Ses pensées étaient même à l'opposé de ces idées complètement ridicules. C'était simplement la peur qui parlait pour lui.

Il le savait, elle le savait aussi, il serait incapable de la protéger si besoin. Il n'avait jamais été un grand combattant, ne connaissait que la musique, parfois les mots, pour achever quelqu'un et lui faire croire que seule la mort l'attendait à la fin du duel. Donner des coups, être violent physiquement n'avait jamais été son fort. La fuite était ce qu'il pratiquait la plupart du temps. Pour certains, cet acte était considéré comme de la lâcheté. Pour lui, ce n'était qu'un geste en réponse aux peu de capacités qu'il possédait pour survivre à un assaut.

La musicienne, postée derrière le comptoir de la cuisine, donnant pleine vue sur le salon et le noiraud contrarié, tapotait vigoureusement à l'aide de ses doigts le plan de travail. Sa langue se baladait contre les parois intérieures de sa bouche, tantôt en explorant le relief, tantôt en creusant la chair. Chloé n'avait jamais vraiment été quelqu'un de colérique, simplement, lorsqu'elle avait une idée en tête, il était toujours très difficile de lui faire changer d'avis. Face à l'horreur de sa vision des derniers jours, face à l'inquiétude qui avait pris possession d'elle en voyant le Londonien allongé sur le sol, presque à l'agonie, l'effroi la faisait parler.

Au milieu de cet appartement, lui-même baignant dans cette atmosphère étouffante qu'était la nuit, la peur s'était invitée dans leur conversation, sans même avoir le consentement de nos deux protagonistes. Une sensation d'épouvante obscurcissait le discernement de Chloé, limitait celui d'Eddie, les obligeant à camper sur leur position. À la façon d'un voile mortel se répandant sur la terre, la peur ne laissait aucun humain indemne. Chaque système était touché, chaque épiderme était creusé, ne laissant que des cadavres à pertes de vues.

Nous connaissons l'amour comme étant l'un des moteurs de nos plus grandes décisions. La haine, parfois, lorsqu'elle était trop forte et incontrôlable, se positionnait également en émotion reine, troublant les sens et surtout la vue. Cependant, nous oublions que la peur pouvait elle aussi faire des ravages. Par une immobilité, un silence ou un déni, elle se manifestait toujours de manière différente, nous permettant ainsi de pleinement l'identifier. C'est la peur qui pousse les femmes et les hommes à refuser de se battre, mais elle aussi qui les oblige à retrousser les manches pour venir en aide à ceux qu'ils aiment.

La rousse n'avait pas envie de laisser la peur prendre le dessus sur ses réelles intentions et ses sentiments. Il était hors de question qu'elle la laisse dicter ses pensées et son modes de vie. La force résidait en ceux qui osaient directement l'affronter. Elle n'était pas comme la Faucheuse, grande et sombre, tenant fermement sa faux pour emporter avec elle les âmes des morts. Elle était insidieuse, discrète et vicieuse. Elle était sa plus grande ennemie. Ennemie qu'elle s'était juré de battre et de renverser pour mieux reprendre les droits sur son existence.

𝐋𝐞 𝐝𝐞𝐫𝐧𝐢𝐞𝐫 𝐚𝐜𝐜𝐨𝐫𝐝 | Eddie Munson x OcOù les histoires vivent. Découvrez maintenant