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J'étais vraiment au bas niveau, même un jouet avait plus d'importance que moi.

Ce jour-là, c'était un autre groupe de filles qui me frappait dans les toilettes. Il y en avait tellement de groupes de filles qui m'avaient battue, j'avais finalement arrêté de compter à la trentaine.

Je me levais et me regardais dans le miroir qui se trouvait accroché au mur des toilettes. J'ai dû fermer les yeux un instant avant de les ouvrir à nouveau pour être sûre que je n'hallucinais pas, mon reflet était effroyable.

J'avais le visage couvert de bleus, j'avais un œil au beurre noir, mes cheveux complètement décoiffés, mon nez ensanglanté, mes vêtements étaient déchirés. J'étais si maigre ! Je continuais de regarder mon reflet, ce à quoi je ressemblais, et même dans mes rêves les plus fous, je n'allais jamais imaginer cela, n'en parlons pas d'être consciente pour y penser. Qu'étais -je devenue ? J'avais toujours été soignée, et j'avais le visage toujours radieux. J'étais horrifiée. Et je pleurais en me regardant. Je pleurais à vive voix, mes larmes coulaient à flot, si je n'arrêtais pas de pleurer, j'aurais pu me noyer dans mes larmes.

Je me faisais pitié, mais personne n'avait pitié de moi. J'avais faim, je ne mangeais uniquement que le soir, vu que les filles à midi me battaient et que le matin, on devait s'entraîner. La plupart du temps, je n'arrivais pas à manger, je n'avais pas d'appétit. Encore pire, j'avais la mâchoire et la bouche gonflées pour oser avaler un bout.

Je regardais l'heure sur ma montre. Il restait cinq minutes avant le cours de yoga et pilates.

Je sortais des toilettes. J'errais dans les couloirs, telle une véritable âme perdue qu'on ne peut sauver en direction de la salle. J'étais en perdition totale, je ne voulais même pas qu'on me sauve, ce n'était pas nécessaire. J'en avais marre de cette vie.

Si je ne pouvais pas m'enfuir et que Dieu ne voulait pas prendre mon âme, alors autant l'enlever moi-même. J'avais un problème, j'avais trouvé une solution efficace.

Avec des pas nonchalants, j'arrivais en classe, je trouvais au sol une corde à sauter.

Quelle coïncidence !

Je pris une chaise, puis la plaça en dessous du lustre. Je montais sur la chaise et préparais la corde et l'attachais.

Tout était prêt. Toutes mes souffrances allaient disparaître. Je serais bientôt délivrée, c'était tout ce que je voulais. Je n'avais pas peur. Je ne sentais plus rien.

<< Désolée maman, désolée papa, désolée Bukhawul, dis-je en pleurant. >>

Mon cœur battait la chamade, j'allais bientôt être heureux loin de toute horreur.
Ce serait la dernière fois que je souffrirais.
Je mis ma tête au milieu du cercle de la corde.

Je respirais un bon coup.

<< Adieu, Yang Hyun Suk. >>

Puis, je bousculais la chaise.

La corde m'étranglait. Mes pieds flottaient, j'étais suspendue en l'air. J'avais les yeux clos, je voulais ne plus jamais les ouvrir.

Je n'arrivais plus à respirer, la fin de cette dernière souffrance était proche. Je ne bougeais pas mes pieds dans tous les sens, mes bras étaient près de mon corps, je me sentais m'en aller doucement après chaque seconde qui passait. Tout à coup, la porte s'ouvrit. J'ouvrais malheureusement mes yeux pour tomber sur la professeure Jessi.

<< Oh non ! Lalisa ! cria -t-elle horrifiée. >>

Elle courut vers moi affolée, redressa la chaise, monta dessus, me porta afin que je respire. Elle sortit un couteau suisse et coupa la corde puis me laissa doucement atterrir au sol.

Je respirais un bon coup en étant allongée au sol.

Je n'étais pas contente de vivre. J'étais même en colère de respirer à nouveau. Je suis en vie, je n'ai pas pu échapper à cet enfer.

<< Lalisa . . . Tu vas bien ? >>

Des larmes montèrent. Je la lâchai et lui criai :

<< Pourquoi ne me laissez -vous pas mourir en paix ? Pourquoi Dieu ne me laisse pas mourir ? J'en ai marre de cette vie ! Je n'en peux plus ! >>

Elle me câlina mais je la repoussai. Elle m'a privée d'une paix éternelle.

<< Qu'as-tu en ce moment ? Tu sembles triste, déprimée . . . >>

Elle me prenait de nouveau dans ses bras, elle voulait me calmer, je me laissais faire.

<< Mademoiselle ... Je n'en peux plus. Aidez-moi ! >>

Et je lui racontai tout.

Nous étions assises au sol, je lui racontai tout, de ma rencontre avec Yang Hyun-suk jusqu'à maintenant. La professeure était dégoûtée. Elle me fixait avec un regard inquiet. Elle avait peur pour moi, elle avait de la pitié pour moi.

<< Comment puis-je t'aider ? >>

Le ton de sa voix était parfaitement doux et sincère.

J'écarquillai les yeux. Mais étais -je folle ? Pourquoi demander de l'aide alors que Yang Hyun-suk pouvait lui faire du mal ?

<< Non ! Ne faites rien. Sinon, il vous fera du mal.

— Mais tu souffres le plus !

— Juste réconfortez -moi et soyez avec moi.

— Mais . . .

— S'il vous plaît ! >>

Je la fixai des yeux en la suppliant.

Elle soupira et accepta. Nous restions ainsi, j'étais dans ses bras pendant une minute.

<< Le cours va bientôt commencer. Mets -toi en position, me dit-elle d'un ton calme. >>














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