Quand j'étais petite, j'admirais le ciel noir parsemé de petits points blancs. Je m'asseyais sur le gravier devant ma maison en compagnie de mon ami Bhuwakul.

C'était un garçon très gentil, sensible, compréhensif et fidèle envers ceux qu'il aimait. Il était nain et je lui donnai souvent une brique de lait pour qu'il grandisse.

Il cachait son front avec ses cheveux noirs et raides et possédait des lèvres pulpeuses et un teint pâle.

Lorsque j'observais les étoiles, je me jurais de ne jamais quitter mon pays, la Thaïlande, et surtout pas mon quartier.

J'habitais dans une grande maison en pierre, composée de deux étages. Au rez-de-chaussée, les parents de Bhuwakul et les miens dirigeaient un restaurant. Le premier étage était plus étroit : il contenait deux chambres et une salle de bain. 

Le restaurant marchait plutôt bien : beaucoup de gens venaient manger chez nous, surtout le soir, en famille. Dans le quartier, les maisons se trouvaient côte à côte et étaient alignées en deux rangs ; elles étaient beaucoup plus petites que la nôtre.

Au milieu de ces rangées, il y avait un long chemin en gravier blanc.

Mon quartier était toujours animé, même le soir : les enfants s'amusaient et jouaient, le visage radieux ; les mères s'asseyaient sur des tapis et préparaient les repas ensemble tout en  discutant ; les jeunes hommes et les pères travaillaient encore d'arrache-pied avec leurs grosses charrettes, remplies de bois, pour pouvoir faire vivre leurs familles.

L'odeur du poulet qui jaillissait de notre restaurant envahissait le village d'un magnifique parfum épicé qui attirait les gourmands.

Les parents de Bhuwakul étaient aussi gentils que leur fils. Ils connaissaient très bien mes parents qu'ils côtoyaient lorsqu'ils étaient enfants.

Au travail, mon père et la mère de Bukhawul cuisinaient, les deux autres servaient les clients, nettoyaient les tables et balayaient le sol; Bhuwakul et moi livrions les plats dans tout le village.

Dans notre quartier, nous étions tous pauvres et heureux.

"L'argent ne fait pas le bonheur", c'était ce qu'on disait tout le temps.

L'argent ne fait pas le bonheur, il détruit des vies.


Le jour de mes cinq ans, Bhuwakul et moi jouions au football dehors ; je courais pour rattraper le ballon, quand tout à coup, je me cognai contre un inconnu. Je tombai par terre. Je me relevai et m'excusai.

« Pardonnez -moi ! Je ne faisais pas attention à ce qu'il se passait autour de moi. »

L'individu était un homme qui me fixait de ses yeux bridés. Il me faisait peur. Il ne souriait pas et avait le teint très pâle. Je n'avais jamais vu de personne avec une peau aussi blanche. Il avait des cheveux noirs, un nez pâteux, et des sourcils bien tracés.

Cet homme était bien habillé : il portait un costume. Il n'était ni trop gros ni trop maigre et n'était pas de grande taille non plus.

Soudain, il s'accroupit jusqu'à être à mon niveau et m'examina de ses yeux perçants.

Puis il murmura :

« Quelle belle perle rare. . . »

Il caressa mon visage. Mais brusquement, Bukhawul apparut et retira violemment sa main de ma joue.

« Qui êtes-vous ? s'écria -t-il, furieux. Ne faites pas de mal à Panpriya! »

Mais il me fixait toujours, ignorant totalement mon meilleur ami.

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