Rosa | La beauté du cœur.

71

R O S A

Comment expliquer ce que je ressens alors que mon monde vient tout juste de s'écrouler ?

Comment expliquer la douleur que je ressens alors que je viens de perdre mon fils ?

Je n'ai pas bougé de cette salle, j'ai encore mon enfant sur ma poitrine, tout le monde est sortie de la salle pour respecter ce dernier moment avec mon enfant.

Je n'ai pas réussi à prononcer un mot depuis, aucun ne peut témoigner de la douleur que je ressens.

Je suis encore en salle de naissance, des femmes sont en train de donner la vie, la vraie vie juste à côté de moi pendant que j'ai la mort dans mes bras.

Je ne cesse de me répéter cette phrase : qu'est-ce que j'ai bien pu faire de mal dans ma vie pour subir tout ça ?

Qu'est-ce que j'ai fait d'aussi grave pour subir toutes ces choses ?

Durant ces derniers mois, ma vie qui était déjà compliquée s'est transformé en véritable cauchemar, je ne me rendais pas compte mais jamais je n'ai été aussi malheureuse que depuis tout ça, depuis ma rencontre avec Sahir, ma rencontre avec Manal, mon éloignement de Tata, de Fahim, d'Amina.

Je n'avais pas la meilleure des vies mais j'avais une vie simple qui me comblait. Je n'avais pas l'amour mais j'étais heureuse.

J'ai l'impression de ne plus être là même, et que jamais je ne vais retrouver ma vie d'avant, la véritable Rosa.

J'ai l'impression que ma vie se termine là, sur ce lit d'accouchement sur lequel j'aurais dû être dans quelques mois, en train d'accoucher de mon enfant, en pleine santé.

Pourquoi continuer à vivre si plus rien ne m'anime ? Comment me relever après tout ça ?

Je me suis battu ces derniers mois, j'ai fait tout mon possible pour retrouver goût à la vie, tout cela dans un unique but, donner l'amour dont mon fils méritait et qu'il soit comblé à mes côtés, qu'il ne subisse pas les traumatismes que j'ai vécu.

Mais maintenant qu'il n'est plus là, à quoi bon ? A quoi bon continuer à me battre ? Pour qui le ferais-je, dans quel but ?

...- Vous allez bien ?

Une des sages-femmes entre dans la salle.

Je ne réponds pas, je n'ai pas la force.

Sage-femme- Sachez que nous sommes est là pour vous.

Elles sont très gentilles, très bienveillantes depuis le début.

Voyant que je ne réponds pas, elle s'assoit près de moi et prend ma main.

Sage-femme- Vous avez été très courageuse, je sais que c'est dur pour vous, que la douleur que vous ressentez est inexplicable, mais si vous avez besoin de notre soutien, on peut vous en apportez. Un psychologue peut venir pour échanger avec vous, vous pouvez lui parler librement.

Moi- Je ne veux pas.

Elle me regarde, surprise. Sûrement parce que je prononce les premiers mots depuis mon « accouchement », et qu'elles ne sont pas celles qu'elle attendait.