Chapitre 44

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Séléné atterrit brutalement sur le sol humide. Les rayons du soleil commençaient à percer entre les feuilles des arbres qui entouraient la jeune fille. Douloureusement, elle se releva et observa l'endroit où elle était tombée. Marchant sur le sol moussu, elle avança lentement entre les arbres centenaires. Soudain, Séléné tourna la tête en repensant à ce qui s'était déroulé quelques minutes plus tôt. Elle avait juste touché le corbeau et ils avaient transplané. Or, les animaux ne peuvent pas servir de Portoloin. D'un air décidé, elle se mit à chercher l'oiseau mais, rapidement, elle dû se rendre à l'évidence. Le corbeau s'était volatilisé. Elle traversa alors une petite rivière qui serpentait entre deux gros chênes qui se faisait face. Sautant de pierres en pierre, elle déboucha alors sur une petite clairière. Une arcade faite de branches de bois se tenait au centre de cette clairière. En s'approchant d'avantage, Séléné remarqua qu'elle semblait délimitée quelque chose et qu'un voile transparent – comme ceux qui serve à protéger les lieux sorciers – partait de ses bords. Séléné ramassa une branche posée sur le sol et la lança à travers l'arcade. La branche tomba de l'autre côté sans qu'il ne se soit rien passé.


POV Séléné


Mais où est-ce que je suis tombée ? D'abord le corbeau, maintenant l'arcade. Et après, ça va être quoi ? Un tsunami, peut-être ?

Reprenons depuis le début les anomalies. Un corbeau, nous sommes d'accord, est un animal – un oiseau, pour être plus précise – de la famille des Corvidés. Depuis quand les corbeaux ont acquis suffisamment de pouvoirs pour être capable de faire transplaner un être humain ?

Seconde anomalie : l'arcade. Pourquoi y a-t-il un voile de protection autours et pourquoi il ne se passe rien lorsque quelque chose tente de pénétrer à l'intérieur ?

On est pas dans Alice au Pays des Merveilles, là ! Au contraire, tout est censé être normal ! Donc pourquoi est-ce que j'ai la désagréable impression que quelque chose ne tourne pas rond ?


POV normal


De plus en plus inquiète, la jeune fille s'avança lentement vers l'arcade. Elle posa doucement un pied de l'autre côté de l'arche, s'attendant à ce qu'il se passe quelque chose. Mais rien. Confuse, elle passa totalement à travers. Elle déboucha sur une clairière. Un amas de pierres étaient posé au centre. Sur la plus basse, le corbeau l'attendait. Lorsqu'il vit la jeune fille, il s'envola et se déposa à sur son épaule. Frottant son bec contre la tête de Séléné, ils disparurent à nouveau.

Quelques secondes plus tard, Séléné s'écrasa à nouveau sur le sol. Se relevant avec la certitude que son corps allait finir bleu à la fin de la journée, elle constata qu'elle avait atterrit devant une petite porte cachée par une luxuriante végétation. Devant elle, le corbeau sautillait. Maladroitement, elle toqua à la porte qui s'ouvrit toute seule.

-Entre, Petite Louve, dit une voix féminine provenant de l'intérieur de la maison.

Intriguée, Séléné poussa la porte entrouverte et se dirigea vers un salon – là d'où provenait la voix. Une vieille dame était assise sur un fauteuil et se balançait doucement tandis qu'elle tricotait un pull vert sapin. Soudain, une autre femme, tout aussi vieille que l'autre, apparu en portant un plateau sur lequel tenait en équilibre une grosse théière fumante, des tasses, et quantité de petits gâteaux.

-Bonjour Séléné, dit la femme en posant le plateau sur un guéridon. Tu as faim ?

La jeune femme secoua la tête en signe de négation et s'assit sur un fauteuil.

-Qui êtes-vous ?

Celle qui tricotait releva la tête et esquissa un sourire.

-Je crois te l'avoir déjà dit cette nuit, Petite Louve, je m'appelle Cassandre Verity. Et voici ma femme, Hygie.

L'autre femme sourit en posant une tasse de thé devant Séléné.

-Et on est où ? demanda la femme du Seigneur des Ténèbres.

-Dans la forêt de Brocéliande. Je crois que ça te dit quelque chose, n'est-ce pas ?

Soudain, le rêve de la nuit dernière se rejoua dans la tête de la fille qui but timidement son thé.

-Pourquoi m'avez-vous fait venir ? Vous savez quelque chose sur moi que je ne saurais pas, peut-être ?

Hygie ria doucement en s'asseyant sur le fauteuil à côté d'elle.

-Ta mère... étais une femme très intéressante. Tu tiens beaucoup d'elle. Surtout pour ton caractère. Elle était comme toi lorsqu'elle est arrivée ici pour la première fois.

A la mention de la femme qui lui a donné la vie, Séléné se tendit imperceptiblement.

-Elle avait une quantité de questions à poser. Mais elle ne comprenait pas qu'elle ne posait pas les bonnes. L'endroit où nous sommes, qui je suis, tout ça n'a aucune importance.

-Alors qu'est-ce qui est important ?

-C'est toi. C'est qui tu es qui est important.

Cassandre se leva et alla chercher une petite boîte sur le manteau de la cheminée éteinte.

-Les réponses se trouvent là-dedans.

Séléné tendit la main pour attraper le coffret mais la vieille l'en empêcha et le reposa.

-Mais pour cela, Petite Louve, il va falloir que tu le mérite.


Ellipse temporelle – devant la maison


-Je savais que vous étiez trop gentilles pour que ça soit totalement désintéressée, dit Séléné en remontant la fermeture à glissière de sa combinaison noire de plongée.

Les deux vieilles femmes la regardaient finir de se changer.

-Bon, rappelez-moi ce que je dois chercher, reprit la jeune fille pendant qu'elle attachait ses cheveux en une queue de cheval haute.

-Tu dois récupérer une épée qui est dans le lac, commença Cassandre.

-Mais fais bien attention, continua Hygie. Nimuë, la Dame du Lac, veille au grain. Elle fera tout son possible pour t'empêcher de récupérer l'arme.

-C'est génial. Je vais récupérer Excalibur mais je peux me faire tuer parce que Viviane ne veut pas qu'on la récupère. Incroyable. Et moi qui pensait que je pouvais avoir une vie normale en étant mariée...

Les vieilles secouèrent la tête en riant. Puis Cassandre pointa du doigt le corbeau qui s'était posé sur une pierre.

-Il va t'amener au Lac. Dépêche-toi, il n'aime pas beaucoup attendre.


Brocéliande – Le Lac


Séléné arriva face à une étendu d'eau. Des roseaux poussaient sur la berge vaseuse. Avec réticence, Séléné mit un pied dans l'eau, puis un autre. Bientôt, elle se retrouva avec de l'eau jusqu'à cou. Puis, après une dernière respiration, elle plongea.


Et un nouveau chapitre de terminé. Pour celles et ceux qui ne le savaient pas, la dame du Lac, aussi appelé Viviane dans la légende arthurienne, a de nombreux autres noms, dont celui de Nimuë. J'espère que ce changement de nom ne vous a pas trop perturbé.

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