Reliés

Chapitre 47

Brutalement, Séléné atterrit sur un sol humide. En pestant, la jeune femme se leva et observa le lieu où elle était, violement, arrivée. Hygie lui avait conseillé la forêt de Dean. En jetant un regard aux alentours, elle espérait qu'elle ne s'était pas trompée.

Avisant un espace dégagé entre les arbres, elle sortit sa baguette et commença à réciter les sorts de protection.

-Protego totalum... Salveo maleficia... Cave inimicum... Repello Moldum... Assurdiato...

D'un air las, elle abaissa sa baguette et regarda le cercle qu'elle avait formée. Il était suffisamment grand pour contenir une tente, et il y aurait un peu d'espace autour. Posant le sac confié par Cassandre sur le sol, elle pointa sa baguette dessus.

-Accio tente ! s'exclama-t-elle.

Un gros tas de toile, de cordes et de piquets sorti du sac et se posa à côté.

-Erigo ! ajouta-t-elle.

Dans un mouvement fluide, la toile informe s'éleva toute seule, et s'installa toute montée sur le sol. Reprenant le sac, Séléné souleva un pan de la toile et entra dans la tente.

L'intérieur de la tente contrastait fortement avec son extérieur. En apparence, la tente semblait être une tente normale mais, dès qu'on pénétrait à l'intérieur, on semblait être dans une petite maison. A l'entrée se trouvait deux gros fauteuils club qui délimitaient, avec une petite table basse, l'espace salon. A côté était installée une petite kitchenette et, derrière deux pans de toile se trouvait l'espace chambre. Dans un petit coin, entre la chambre et une bibliothèque, était aménagée une salle de bain. Fatiguée, elle s'allongea sur le lit en caressant son ventre d'un air absent.

Ellipse temporelle

Séléné enfila un épais manteau avant de ranger sa baguette dans sa poche et de tiré un pan de la toile de la tente pour sortir. Le vent froid lui piqua le nez et elle remonta son écharpe, cachant ainsi une partie de son visage. Rejetant quelques sorts de protection autour de son campement, elle transplana.

Londres – Allée des Embrumes

Séléné atterrit brutalement dans une ruelle menant à l'Allée des Embrumes. Se cachant dans un coin, elle tira une fiole avec un liquide maronnasse à l'intérieur. Retenant à grand peine le haut-le-cœur qui la prit lorsqu'elle déboucha le flacon, elle avala le contenu. Brusquement, elle se métamorphosa en une femme blonde et assez petite. Evitant un sorcier passablement éméché en plein monologue avec un mur de brique, la jeune femme entra dans une échoppe à la façade d'une propreté douteuse.

Des plantes séchées pendaient au plafond, attachées en bouquets. Des bocaux s'alignaient en rangs bien serrés sur des étagères où des toiles d'araignées étaient visibles grâce à la poussière incrustée dedans. Séléné fit un pas en avant, vers un petit bocal phosphorescent. Brusquement, une voix l'interpela.

-On ne touche pas à la marchandise !

Séléné se retourna, surprise. D'un coup sec, elle tira sur son écharpe, laissant voir son visage.

-Bonjour, répondit-elle en cachant le mépris qui menaçait de sortir dans ses paroles. Je viens chercher une commande que j'ai faîtes il y a quelques jours.

-On prend pas de commandes ! répondit l'homme face à elle d'une voix bourrue. Vous vous êtes trompée d'endroit !

-Oh vraiment ? Alors comment se fait-il qu'il y ait un colis qui est en train d'être préparé sur le comptoir, avec, bizarrement, la majorité des produits que j'ai demandé ?

L'homme se retourna et tenta vainement de cacher le paquet.

-En fait, continua Séléné. Il ne manque que ça.

Elle pointa du doigt le petit bocal phosphorescent qu'elle avait remarqué quelques instants auparavant.

-Donc je vais vous poser la question et vous avez intérêt à me répondre en toute honnêteté à moins que vous ne souhaitiez en payer le prix. Pourquoi y a-t-il un colis si vous ne prenez pas de commandes ?

-Ça ne vous regarde pas !

-Très bien, dit Séléné d'un air las, en sortant sa baguette. Legilimens.

Elle plongea dans les souvenirs de l'homme sans difficultés. Il n'était clairement pas habitué à ce que quelqu'un puisse entrer dans sa tête. Farfouillant à toute vitesse dans la mémoire désorganisée du commerçant, elle tomba sur un souvenir qui capta son attention.

***

Trois hommes, dont deux masqués entrèrent dans la boutique à la façade crasseuse. L'un d'eux, beaucoup plus grand que les autres et le visage découvert, huma l'air, un sourire carnassier sur le visage.

Un homme, le même que celui face à Séléné, sorti de l'arrière-boutique et regarda les trois inconnus. L'un deux, en apercevant le marchant, sorti sa baguette.

-Le Maître attend, dit-il. Il s'impatiente.

-Je suis désolé, dit l'homme d'une voix tremblante. Mais, avec ce temps, trouver ce qu'il souhaite est extrêmement difficile.

-Oh, il le sait. C'est pourquoi il vous a envoyé une petite motivation qui vous semble nécessaire.

L'homme retint son souffle, inquiet.

-Greyback va venir vous voir régulièrement, continua le mangemort en pointant le loup-garou qui continuait de renifler. Et vous êtes interdit de tout commerce jusqu'à ce que le Seigneur des Ténèbres ait ce qu'il désire.

***

Séléné quitta les pensées de l'homme et, sans plus de cérémonie, attrapa ce qu'elle voulait et quitta l'Allée des Embrumes.