Chapitre 48

1.3K 63 4
                                    

Séléné transplana jusque dans sa tente et posa le paquet sur la table. En silence, elle sorti un chaudron de son sac et le posa à l'entrée de la tente, non sans avoir une nouvelle fois renouvelé les sortilèges de protection.

Du bout de ses doigts, elle fit allumer un feu sous le chaudron et y versa un fond d'eau. Puis, elle s'arma d'un couteau et commença à couper des racines séchées qui provenait du colis avant de les jeter dans le chaudron. Une forte odeur de plantes coupées commença à imprégner l'air, donnant la nausée à la jeune femme qui s'empressa de recouvrir la potion d'un couvercle, comme recommandé par Cassandre. Elle entra dans la tente et s'approcha du poste de radio qui trônait fièrement à côté du canapé. Elle se mit à tourner les boutons pour chercher la fréquence de la RITM, la radio indépendante à transmission magique, qui, à cette heure-ci, devait passer de la musique. S'asseyant dans le canapé, elle se mit à lire, au son de la voix de Célestina Moldubec.


Brocéliande


Cassandre avait les yeux rivés sur l'eau du lac au-dessus de laquelle elle était penchée. Les images passaient à toute allure, tremblotantes à cause du vent qui soufflait dessus. Un bruit de pas la tira de sa transe.

-Alors ? demanda Hygie en posant un panier plein de champignons. Comment s'en sort elle ?

-Elle a commencé la potion, répondit Cassandre en passant la main à la surface de l'eau pour effacer les images. Elle va bien, ne t'en fait pas.

-Une femme de son âge ne devrait pas avoir une tâche aussi importante qui pèse sur ses épaules.

-Un homme non plus. Pourtant, ils existent tous les deux. Et ils vont devoir faire leur tâche jusqu'au bout. Sinon, nous mourrons tous.

-Tu sais très bien que ce n'est qu'une supposition.

-Une supposition, peut-être. Ça ne veut pas dire que j'ai envie de prendre ce risque. Il faut être près à faire des sacrifices dans la vie. Séléné et Harry n'ont pas eu le choix, certes. Mais le fait est qu'ils vont être obligé de faire les sacrifices nécessaires pour nous sauver.


Novembre – Forêt de Dean


Séléné regarda d'un air mauvais les placards vides de sa tente. Son ventre criait famine. Depuis qu'elle était enceinte, elle mangeait de plus en plus, et le fait qu'elle avait fini le dernier paquet de pâtes hier la mettait de mauvaise humeur. Elle enfila de mauvaise grâce son manteau et s'emmitoufla dans une épaisse écharpe. Jetant un dernier regard à son lit qui lui tendait les bras, elle transplana.

Elle atterrit dans la neige. Un peu plus loin, des toits étaient visibles, grâce à la fumée qui s'échappait des cheminées. Séléné se mit à marcher à grands pas dans la neige, essayant d'éviter les flaques d'eau gelées. Elle entra prudemment dans le village. Avisant une supérette d'où s'échappait de la lumière, elle pénétra à l'intérieur, appréciant la vague de chaleur qui la frappa lorsqu'elle ouvrit la porte.

-Bonsoir ! lança une femme aux joues rebondies derrière le comptoir.

-Bonsoir Madame, répondit doucement Séléné en abaissant son écharpe.

-Je vais partir quelques minutes, profitez-en pour choisir ce qu'il vous faut.

La jeune femme hocha la tête tandis que la gérante sortait par une porte derrière elle. Séléné commença à passer entre les rayons, entassant différents produits dans le panier qu'elle avait trouvé. Elle attrapa la minuscule barquette de fraises qui était posée en équilibre entre les pommes et les carottes puis attendis sagement que la gérante revienne.

-C'est bon ! claironna cette dernière en se réinstallant derrière le comptoir. Vous avez trouvé tout ce qu'il vous fallait ?

Séléné hocha la tête en posant les produits face à la femme qui se mit à les scanner un à un.

-Des fraises en novembre ? A vous, vous êtes enceinte, n'est-ce pas ?

Les joues de la jeune femme prirent soudainement une teinte rouge et elle détourna le regard.

-Combien est-ce que je vous dois ? demanda Séléné lorsque tous les articles furent scannés.

-25 £. Et je vous offre les fraises. C'est pas tous les jours qu'on croise une femme enceinte, par ici.

La jeune femme tira précipitamment l'argent demandé de son porte-monnaie puis sorti en vitesse du magasin. A peine arrivée dehors, elle transplana.

-C'était elle ? demanda la gérante en sortant une cigarette.

-Oui, répondit un homme, le visage caché par un masque.

-Je pense que le Seigneur des Ténèbres sera heureux d'apprendre la nouvelle. Sa femme est enceinte. Il va avoir un héritier.

Avec un sourire, la femme souffla lentement la fumée qui s'éleva en volutes dans l'air froid de la campagne anglaise.

ReliésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant