Chapitre 9

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Point de vue : Shûmi.
Date : Inconnu.

Lorsque je me réveillais le lendemain, je trouvais Hylé à la même place qu'hier, les yeux grands ouverts avec des cernes légèrement violette tout en dessous. Il n'avait visiblement pas dormi de la nuit. Ses yeux me fixaient alors que je continuais de le regarder tout en passant mon doigt sous ses cernes.
- Quoi?
- Tu n'as pas dormi de la nuit...
- Et alors ? Tu n'es pas ma mère. Dit-il tout en se redressant dans le clic-clac.
À peine s'était-il redressé qu'il tournait la tête vers Sho et Andrea. Il fronçait les sourcils avant de se lever et d'aller les saluer tout en attrapant le reste de la gamelle de riz d'hier pour la poser sur les branches et la faire réchauffer sur le feu crépitant.
Je me mordillais l'intérieur de la lèvre alors que je restais encore un peu étalé dans le lit. Ça m'avait vraiment fait du bien de me reposer comme ça mais, Hyle me perturbait. Toute hier soir il semblait faire la tête en étant sur ses gardes. De plus, je l'avais vu regarder pas mal de fois Andrea... Je me doutais bien que de base il ne devait pas être gay pour avoir tués et violés des femmes mais, était-il obligé de la regarder autant qu'il l'avait fait? Pensait-il à un moyen de faire comme il avait avec déjà toutes les autres femmes ? Et moi alors dans cette histoire ? Je veux bien passer par-dessus ses anciens meurtres mais... S'il recommençait alors que j'étais là... De toute façon, notre arrangement s'arrêterait bientôt... S'il le voulait, il pourrait même me laisser avec eux. Shô et Andrea étaient plutôt sympathiques, et iks veulent eux aussi se rendre au bunker, alors pourquoi il ne me laisserait pas avec eux pour ensuite reprendre sa route tranquillement ? Rien que de penser au fait qu'il me laisserait à un moment, je sentais mon cœur se serrer. Comment faire ? Plus j'y pensais, et plus je me demandais si je n'étais pas entrain de tomber amoureux de lui.
Je soupirais en enfonçant ma tête dans l'oreiller. Hier, il m'avait présenté comme son petit ami en plus... Tout ça pour mater une femme juste derrière ? Une femme avec son mari juste à côté qui plus est !
Je mordais l'oreiller et secouais violemment les jambes dans la couverture contre le canapé.
- Il va bien ?
- Il est juste fou.
J'attrapais l'oreiller à côté de moi et le balançais sur Hyle qui se le prenait juste à l'arrière de la tête.
- Tu es horrible comme petit ami ! Dis-je avant de m'enrouler dans la couverture. Je ne voyais pas la tête qu'il faisait mais je me doutais que cette fois-ci je l'avais au moins surpris ! Je n'entendais pas ce qu'ils disaient exactement mais je les entendais parler vite fait, juste avant d'entendre la porte s'ouvrir et se fermer. Je sortais la tête de la couverture et cherchais rapidement des cheveux roses dans la pièce mais il n'y était pas. Je regardais Sho.
- Où est-il ?
- Tu es indéci mon petit ! Il est sorti dehors ! Dit-il en rigolant tout en enfournant une cuillère de riz dans sa bouche.
Je levais la tête vers la porte et m'y précipitais. C'est le moment ? Le moment où il m'abandonne car il a trouvé un endroit ou me laisser avec des gens ? Il est parti reprendre sa route ? Sans moi ?
J'ouvrais la porte et le cherchais des yeux devant moi et sur les côtés de la maison. Personne. Je me mordais l'intérieur de la joue et faisais rapidement le tour de la maison en l'appelant. De toute façon, j'avais bien compris que les zombies une fois statués en statut de glace, ne pouvaient plus rien faire jusqu'à ce qu'ils déglacent. Alors je pouvais bien me permettre de l'appeler.
- Quoi bordel ? On peut plus pisser tranquillement !
Je m'arrêtais net en arrivant à l'arrière de la maison juste après avoir entendu sa voix et que je pus le voir, effectivement entrain d'uriner, la tête levée alors qu'il regardait les fenêtres de la maison via l'extérieur. Je restais quelques instants à le regarder de haut en bas avant de vite me tourner dos à lui en m'excusant.
- Bordel pourquoi tu gueules mon prénom comme ça ? Tu as de la chance qu'il continue de neiger et que les zombies soient toujours congelés sinon tu aurais été leurs petits déjeuner. Cette pensée te faisant tant envie que ça ?
- Non mais... Enfin tu n'étais plus à l'intérieur alors... et puis j'avais compris pour les zombies...
- Alors tu es venue te rincer l'œil ? Tu sais si tu veux la voir tu n'as qu'à demander et je pourrais trouver diverses façons de te faire l'admirer et la toucher.
- Non ce n'est pas ça ! Dis-je en sentant le rouge me monter de plus en plus aux joues. Je n'allais tout de même pas lui dire que j'avais eu peur qu'il m'abandonne...
- Alors qu'est-ce que c'est ?
Je sursautais en sentant sa chaleur dans mon dos et son souffle contre mon oreille.
- Rien...
Alors que j'allais me précipiter à l'intérieur, je le sentais passer ses mains au tour de mes poignets juste avant de me plaquer face à lui contre le mur juste derrière nous.
- « Rien »? Ton visage et ton attitude me disent tout le contraire tu sais? Et puis tu as dit comment toute à l'heure ? « Tu es un horrible petit ami ». Alors si tu ne veux pas que j'en sois un encore plus mauvais, je te conseille de me dire rapidement ce que tu as.
Il me regardait dans les yeux. J'avais l'impression que ses yeux m'hypnotisaient, m'empêchant de détourner la tête. Il était prêt. Très prêt. Si prêt... Tellement prêt que je pouvais sentir son souffle sur mon visage. J'avalais ma salive.
Il se rapprochait encore un peu plus près, me redemandant ce qu'il y avait. Et avant même que je ne le comprennes vraiment, je pleurais alors que je lui disais tout ce à quoi j'avais pensé. Que ce soit sur le fait qu'il m'abandonne, pour sur Andréa. Tout. Et pour pleurer, je pleurais.
Une fois que j'eus fini de parler, il continuait de me regarder avant de me serrer dans ses bras, doucement. Je m'accrochais à son dos alors que je n'arrivais pas à m'arrêter de pleurer. Quand était-il devenu aussi gentil ? J'aurais pensé qu'en lui disant tout ça, je l'ennuierais et, ou, qu'il se mettrait en colère, mais pas qu'il me serrerait ainsi dans ses bras jusqu'à ce que je me calme.
- Calmé ?
Je hochais doucement la tête contre son torse avant qu'il ne se recule. Je frottais doucement mes yeux puis levais la tête vers Hyle. Il me regardait. Tapotait doucement ma tête avant de retourner à l'intérieur. Je le suivais du regard, serrais mon haut au niveau du cœur avant de vite le rejoindre. Quand il m'avait regardé dans les yeux, j'avais eu la vague impression qu'il hésitait à me dire quelque chose mais, finalement, on dirait bien que non.
Je secouais la tête avant de le rejoindre à nouveau à l'intérieur.
- Vous êtes si fan du dehors que ça ?
Je regardais Sho qui nous affichait un très large sourire.
Hyle ne répondait pas et se contentait d'aller se poser dans le canapé lit, tout en sortant son couteau et la pierre du sac pour l'eguiser. Je regardais Hyle puis Sho et Andrea à tour de rôle. Hyle semblait être en pleine réflexion alors je choisissais d'aller m'asseoir à côté de Sho en lui demandant de me raconter encore une de ces histoires d'avant l'apocalypse. Il avait vécu tellement de chose avec sa femme, et pourtant ils étaient toujours ensemble. Comme quoi, l'amour peut être beau et tenir toute une vie. Il disait avoir le seul regret de ne pas avoir eu d'enfant bien que, en voyant comment le monde avait fini, il se disait que ce n'était pas plus mal car il ne pense pas qu'il aurait supporté de les voir mourir. Je comprenais ce qu'il pensait. Rien que de penser que mon père était peut-être mort, je sentais mon coeur se briser. Je pourrais très bien m'inquiéter aussi pour ma mère mais, je n'avais que de très vague souvenir d'elle. Elle avait quitté mon père alors que je n'avais que 5 ou 6 ans puis, elle n'avait plus jamais donné de nouvelles. Encore aujourd'hui, je me demandais ce que ça aurait pu changer à ma vie de la connaître. Certainement rien. Shô parlait de sa famille au passé. Je n'osais pas lui demander s'ils étaient morts avant ou pendant l'apocalype. Après tout, peut-être que c'était un sujet sensible. Il parlait d'eux avec joie et ambition, ses yeux se perdant dans le vide quand il en parlait. Ça se voyait qu'il se remémorait de bons souvenirs. J'en avais aussi tout plein avec mon père, et je savais que c'était la même dans l'autre sens. J'espère vraiment qu'il va bien et que je le retrouverais vite. Andrea n'avait que très vaguement parlé de sa famille, elle avait juste dit qu'ils étaient contents pour elle lorsqu'elle s'était marié avec Sho. Elle était beaucoup plus discrète que son mari, elle ne parlait presque jamais et bougeait seulement lorsque Sho bougeait aussi. Peut-être ne nous faisait-elle pas confiance. En même temps, de nos jours on ne pouvait pas faire confiance aussi facilement. Et heureusement qu'elle ne sait pas qui est Hyle car sinon, je ne veux même pas imaginer ce que ça donnerait. Hyle...
Je tournais la tête vers lui. Son regard était droit sur nous alors qu'avec son pouce il vérifiait le fil de sa lame.
Je me souviens que lorsqu'il avait été au tribunal, sa famille était là pour témoigner contre lui. Je ne me souviens pas bien de ce qu'ils avaient dit, mais je me souvenais parfaitement que Hyle rigolait en leurs disants que ça le faisait bien rire de les voir témoigner contre lui alors qu'ils étaient les principaux d'éclancheur de sa folie. Ils leur demandaient de quoi ils l'accusaient alors qu'ils n'étaient pas mieux que lui, et que, avant de regarder au banc des accusés, ils devraient regarder du côté des témoins.

Survie est moi.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant