Point de vue : Tendo.
Date : 7 décembre.J'ouvrais la marche depuis déjà deux bonnes heures. Shûmi me suivait de près. Collant son rythme de marche au mien afin d'arriver le plus vite possible à notre destination. Afin de minimiser notre temps de trajet, je nous faisais traverser tout type de terrains. Alternant route, sentier, forêt, puis à nouveau des routes et j'en passe. Même si la neige nous ralentissait pas mal, il tenait le rythme. Je pense qu'il voudrait que l'on arrive avant la tombée de la nuit à la prison mais je pense que nous y arriveront plutôt quelques heures après la tombée de la nuit. Au cas où, j'avais pris avec moi une des lampes torches à pile qu'Hyle avait prises au magasin lorsque nous y étions. C'était intelligent puisque comme jusque là nous n'avions jamais pris le risque de marcher de nuit, j'avoue que je n'y aurais pas pensé.
Du coin des yeux, je regardais Shûmi qui semblait bloqué dans ses pensées. Depuis que nous étions partis il n'avait pas ouvert la bouche sauf pour me remercier de l'accompagner. Comme je l'avais dit, Hyle m'avait protégé et je savais qu'à ma place, il aurait fait la même. De plus, je n'aurais pas laissé Shûmi aller voir Atsuko seul. Je sais très bien de quoi Atsuko est capable quand quelqu'un touche à « son mari » ou plutôt, ex mari maintenant.C'était il y a quelques années, Atsuko et Hyle étaient déjà « ensemble » depuis un an ou deux il me semble. Même si Atsuko était plutôt populaire auprès des autres, Hyle l'était encore plus à cause de ce qu'il dégageait. Il arrivait parfois que certaines « femmes » traînent autour d'Hyle malgré les avertissements d'Atsuko à leur égard. Je me souviens que ce jour-là, avait marqué toute la prison car c'était la première fois que l'on voyait Atsuko s'énerver. Certains gars de la prison étaient venus essayer d'emmerder Hyle par rapport à ses crimes sans respecter la hiérarchie et les positions de chacun. Hyle les avaient très facilement envoyés se faire foutre et c'est à ce moment là qu'une des « femmes » s'est prise « d'amour » pour Hyle et s'est mise dans la tête qu'il serait mieux qu'Atsuko pour ce rôle là. Pendant quelque temps il avait tourné autour de Hyle sans pour autant franchir les limites qu'imposait Atsuko à toutes les « femmes ». Puis, un jour, il est venu demander à Hyle de faire de lui sa « femme » et cela devant tout le monde. Hyle était resté silencieux et s'était contenté de garder la tête droite et de regarder derrière lui. Atsuko avait dû se sentir humilié du culot de ce gars d'oser demander ça devant tout le monde comme sil n'avait rien à craindre. D'un côté, je le comprenais car avant ce jour là, je n'avais jamais vu le « vrai » visage d'Atsuko. Il ne fallut que quelques secondes pour que le gars regrette ce qu'il avait dit. Atsuko se tenait au dessus de lui, une barre de musculation dans les mains. Le sang coulait le long de la barre. Le choc avait été tellement net et directe que personne n'était intervenu sur le moment le temps de comprendre ce qu'il se passait. Même si le gars ne bougeait plus et restait au sol, pétrifiée de peur et de choque, encore conscient malgré le coup violent qu'il lui avait été porté à la tête, Atsuko le retournait vers lui, une lueur effrayante dans les yeux alors qu'il lui faisait bien comprendre que si il le voyait regarder une seule fois Hyle à nouveau, il lui enfoncerait cette barre dans la gorge sans grande difficulté. Quelque secondes après, les gardes venaient porter assistance à la « femme » au sol et mettaient Atsuko en isolement. Étrangement, après ça, personne n'a plus franchi les limites posées par Atsuko.
Même si actuellement ce n'était pas vraiment la même situation, il n'en restaient pas moins que ça restait Hyle et que là, c'était Shûmi qui allait voir Atsuko. D'ailleurs, il avait dit qu'il allait le voir mais je ne savais même pas pourquoi. Je n'avais pas vraiment pensé à demander plus de détails même si je pensais me douter de la raison pour laquelle il voulait le voir. C'était certainement à la fois une bonne et une mauvaise idée. Mais ce n'était pas à moi d'être jugé et de l'empêcher de faire ce qu'il pensait être le mieux.
- Tu penses à quoi ?
Je tournais légèrement la tête vers lui avant de remettre mes yeux sur le chemin.
- A ce qu'il pourrait se passer.
- Il ne se passera rien, ça va bien se passer !
- Tu es un peu trop optimiste. C'est Atsuko que tu veux voir, pas le gars du coin qui vend le pain.
- Je sais. Mais c'est pour Hyle alors je suis sûr qu'il comprendra !
J'ouvrais la bouche mais le refermais juste après. C'est ce que je disais. Tu es trop optimiste Shûmi. Si je t'accompagne, c'est principalement pour éviter qu'il ne te tue. Mais bon. Si par magie ce que tu disais arrivait, ce serait un miracle.
- Dis, tu penses vraiment qu'il faut que le groupe de papa parte pour qu'Hyle aille mieux ?
J'y réfléchissais sérieusement depuis le premier jour où ils avaient posé le pied dans l'hôtel. Je reconnais qu'à l'origine je pensais les refuser quitte à les conduire à la ville la plus proche pour qu'ils soient à l'abri mais, lorsqu'Hyle avait accepté, je ne voyais plus vraiment de raison de les refuser. Bien sûr, la condition « Si quoi que ce soit de dangereux arrive, vous devrez partir » me rassurais légèrement. Enfin, ça c'était jusqu'à la dernière fois. J'avais retourné le problème dans tout les sens pour comprendre. La première chose que j'aurais voulu savoir c'était qui avait approché qui ? Ainsi, j'aurais pu savoir si le danger principal c'était Hyle où si c'était Yuki. Il est vrai que j'aurais pu simplement le demander à Hyle au lieu de le cogner mais, je voyais bien dans son regard qu'il ne l'aurait pas lâché comme ça. Sa raison avait quitté son corps et ce n'était pas juste en posant ma main sur son épaule que ça l'aurait calmé.
D'un côté, je me disais qu'il se connaissait très bien et savait très bien ce qui allait arriver s'il se retrouvait face à une femme alors, pourquoi, est-ce qu'il serait aller la chercher ? Ce n'était pas cohérent et pourtant, de l'autre côté, j'avais simplement une jeune femme qui s'était installée avec nous le temps de se reposer un peu et que la tempête de neige passe. Et elle n'avait vraiment aucune raison de s'approcher de Hyle. Elle n'avait dû le voir que deux ou trois fois à tout casser alors elle n'aurait eu aucune raison pour aller toquer à sa porte. Je voulais être le plus juste et le plus réfléchi possible mais, c'était compliqué de l'être quand d'un côté on a un tueur en série et de l'autre une jeune fille.
- Pour être vraiment honnête avec toi, je ne sais pas. A tout dire, par rapport à ce que je t'ai raconté plus tôt avant que l'on ne parte je ne sais vraiment pas qui est allé chercher l'autre. D'un côté on a Hyle qui est qui il est mais qui sait aussi lui même qui il est et les risques encourus pour ce genre de situation puis, de l'autre, on a une jeune fille qui n'a dû voir Hyle que deux ou trois fois dans toute sa vie et qui donc n'avait aucune raison d'aller le voir. Je voudrais pouvoir te dire que je fais entièrement confiance à Hyle mais j'ai bien peur de mentir en te le disant.
- Je vois... D'un côté c'est aussi pour ça que je vais voir Atsuko. Je veux lui demander si Hyle... Serait du genre à agresser n'importe qui comme ça et surtout à aller chercher la personne pour ça. Je ne vais pas te cacher que lorsque tu me l'as dit ça m'a blessé que tu ne me le dise pas plus tôt mais.. Je comprends. Tu voulais certainement éclaircir la situation avant de colporter quoi que ce soit. Dit-il en me souriant.
- C'est tout à fait ça, mais avec la dispute que nous avons eue, je ne pouvais pas garder ça pour moi. si ça devient dangereux pour le groupe de ton père, je t'avoue que, soit nous partirons, soit nous les feront partir. Mais ce n'est pas aussi simple que ça puisqu'une des personnes du groupe et ton père et sa petite amie.
- Hein ? Sa quoi ? Dit-il en s'arrêtant de marcher.
Je me tournais vers lui interrogatif.
- Ton père sort bien avec Sahari non ?
- Je... Ne sais pas il ne m'a rien dit... Dit-il doucement avant de reprendre sa marche avec moi.
- Ah, je vois. Je pensais qu'il t'en avait parlé du fait de tout le temps que vous avez passé ensemble.
- Et bien non... Et après il ose juger ma relation avec Hyle !
Je le regardais du coin des yeux tout en continuant à avancer. Même si l'on discutait ce n'était pas une raison pour ralentir le rythme.
- Il a osé dire que je devais faire attention aux personnes que je rencontrais dans une apocalypse et que je devais faire attention à tout le monde ! Et que se mettre en couple avec une situation actuelle était presque idiot ! D'accord Hyle est.. Est ce qu'il est mais ce n'est pas une raison pour cracher sur son dos comme ça surtout si monsieur se permet lui d'être en couple ! Et puis quoi encore ! C'est pas car c'est avec une femme qu'il est que c'est moins dangereux. Si Hyle avait voulu me faire du mal il aurait pu le faire depuis bien longtemps. Je suis content pour lui mais il a intérêt a retirer tout ce qu'il a osé dire.
Je le regardais s'agiter devant moi. Au moins, lorsqu'il était comme ça il avançait plus vite et je n'étais pas obligé de caler mon rythme de marche au sien. si j'avais su, je lui en aurais parlé plus tôt. Ainsi nous serions peut-être déjà à la prison. Bon, je reconnais que j'abuse un peu car en soit nous n'en étions pas si loin. Ce qui nous ralentissait principalement était la neige et les blocs de glace que formaient les zombies. Ce n'était pas vraiment des blocs mais plutôt des statues c'est vrai. C'était plutôt étrange comme phénomène d'ailleurs. Même dans les films de zombies les plus fous, je n'avais pas vu ça. Généralement, dans les films on voit des zombies qui courent, hurlent, résistent à toute températures et même parfois, ils sont intelligent et arrivent à monter des échelles et des escaliers. D'un côté je suis bien heureux que nos zombies ne soit pas comme ça sinon ça aurait pu être compliqué de survivre. Les nôtres ne couraient pas, n'était pas intelligent, et visiblement, avaient besoin d'un temps d'adaptation lors des gros changements de chaleur. L'hiver s'est dernier n'avait pas été aussi froid, c'était peut-être pour ça que nous n'avions pas pu observer ce phénomène plus tôt. J'ai aussi pu observer que, la plupart étaient tous dirigés dans la même direction. Ils migraient. Forte heureusement pour nous, nous n'allions pas dans la même direction qu'eux. Tous ne migraient pas mais la plus part si. Ça nous enlevait quand même une sacrée épine du pied. De ce que Hyle à pu me raconter, ce que l'on doit le plus craindre c'est les autres survivants. Il m'avait raconté avoir croisé un groupe de trois qui voulaient les dépouiller mais qu'à la place, il les avaient offert à manger aux zombies.
Je regardais Shûmi avancer, toujours entrain de ruminer contre son père en disant qu'il l'aimait mais qu'il ne fallait pas non plus pousser « mamie dans les orties ». J'esquissais un léger sourire puis, continuais d'avancer en regardant droit devant moi.Comme je l'avais prévu, nous arrivions à la prison quelques heures après la tombée de la nuit. Nous passions les grillages avant d'aller toquer à la porte principale, il ne fallut pas longtemps pour que Michaël et quelques autres hommes nous ouvrent. En nous voyant tous les deux, ils affichèrent tous un visage surpris.
- Qu'est-ce que vous faites là ? Et où est le reste de votre groupe ? Demandait Michaël tout en nous laissant la place de rentrer.
J'entrais avec Shûmi qui, entouré de tous ces détenus et sans Hyle, se faisait tout petit et silencieux.
- Ils vont bien, enfin, Hyle et moi nous sommes battus mais ce n'est pas pour ça que nous sommes là. Nous ne comptons pas rester.
- Alors pourquoi êtes-vous là ? Vous voulez de la nourriture ?
- Pas du tout, nous sommes venu voir Atsuko.
Un silence se posait dû à la surprise de mon annonce. Tous s'échangèrent des regards tandis que Michaël posait son regard sur Shûmi. Lui comme moi, se doutait que ce n'était peut-être pas l'idée du siècle.
- Bien, tu connais les règles, faites comme chez vous. Cela dit, il est déjà parti dans sa cellule il me semble et il n'est pas de la meilleure des humeurs depuis que Hyle est reparti. Je pense que le mieux et que vous alliez vous reposer dans une chambre puis, demain, vous lui parlerez.
- C'est une bonne idée. Dis-je en donnant à Michaël le poing américain que je gardais toujours dans ma poche.
- Ta chambre est toujours libre Tendo. Vous devriez rester ensemble. Si Atsuko voit Shûmi seul, ça risque de ne pas très bien se passer.
- Je suis du même avis. Merci Michaël.
Il hochait la tête en me disant que c'était avec plaisir, me donnait la clé de ma cellule puis, il retournait à son poste avec tous les autres gars. Je regardais Shûmi et l'amenais à mon ancienne cellule.
J'ouvrais la porte avec la clé qu'il m'avait donné et je faisais entrer Shûmi. Je refermais bien derrière moi et tirais les rideaux.
- Ça me fait bizarre de ne pas dormir avec Hyle..
- Je te comprends.
Shûmi me souriait et retirait ses chaussures ainsi que son sac et sa veste. Je faisais de même et allais me mettre du côté mur pour qu'il ne se sente pas coincé entre le mur et moi. Je me serrais un maximum pour le laisser s'installer confortablement. il me remerciait encore une fois de l'accompagner en me disant que, même s'il semblait serein ce n'était pas vraiment le cas et que Atsuko lui faisait quand même pas mal peur car il sentait que ce n'était pas quelqu'un de bien, en tout cas avec les gens qu'il ne portait pas dans son cœur. Je le rassurais en lui disant que de toute façon, je serais là avec lui et que j'interviendrais si je voyais que ça devait trop dangereux pour lui. Il me remerciait une dernière fois avant de me souhaiter bonne nuit et de se tourner dos à moi pour s'endormir.
Je restais réveillé encore une ou deux heures, à réfléchir à demain tout en écoutant les bruits autour de nous avant d'enfin me décider à dormir à mon tour. On discute avec Atsuko puis, on rentre directement. Hors de question que l'on reste trop longtemps. Que ce soit pour Hyle qui pourrait se réveiller, ou pour Aiko qui doit s'inquiéter comme pas possible pour nous. A la pensée de Aiko m'attendant à l'hôtel, j'esquissais à nouveau un léger sourire avant de m'endormir à mon tour.
VOUS LISEZ
Survie est moi.
Science Fiction" Si tu écartes tes cuisses autant que je le veux, alors je veux bien t'accompagner et te protéger des zombies. " Shûmi qui jusque-là, pensait que dans ce monde dévasté par les zombies, rien ne pouvait être pire, venait de réaliser à l'instante que...