Chapitre 1- La rentrée.

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- Comment te sens-tu aujourd'hui ? me demande-t-elle.

Mon cœur battait contre ma cage thoracique, mon souffle s'accélère tandis que mes doigts deviennent moites.

Comment je me sens ? Que dois-je répondre à ça ? Bien, moyen ou tout simplement la vérité ?

J'avais une envie constante de mourir, mais d'un autre côté, je savais que jamais je ne passerais à l'action. Pour la simple et bonne cause que je ne veux pas que ma mère reste seule, elle souffre déjà assez, je n'ai pas besoin de la détruire encore plus. Je ne veux pas me montrer égoïste, mais parfois, il faut être réaliste ; mourir n'est parfois pas la solution.

Mais c'est la mienne en tout cas.

- Moins morte.

- Moi qui pensais que cela avait été mieux qu'il y a une semaine.

Elle me sourit légèrement, comprenant qu'elle n'avait pas eu assez d'espoir pour me voir aller mieux. Il ne me faut pas une semaine pour retrouver ce sourire qui a disparu, il me faut plutôt une éternité, car rien dans ma vie ne va, et ne me rend heureuse. Mon père n'est plus là, ma mère ne va pas bien et puis... Il y a tout simplement ma santé mentale, qui n'est vraiment pas au plus haut de sa forme.

Putain que j'ai envie de crever.

Mon ventre me fait mal, et ceci n'est pas à cause du nœud oppressant qui se trouve à l'intérieur, mais plutôt de l'énorme bleu qui le recouvre.

Maman était en colère hier...

- Je pense que la séance est finie, à moins que tu aies d'autres choses à me dire ? Requiers ma psy.

J'en vois une depuis début juillet, elle s'appelle Colette et elle a une cinquantaine d'années, le plus surprenant est qu'elle n'a aucune ride apparaissant sûr le visage. Elle est gentille, et surtout, j'ai l'impression qu'elle me comprend. Parfois, quand elle voit que ça ne va pas bien, elle nous emmène quelque part, nous nous promenons autour d'un lac, nous prenons l'air et nous discutons. Elle m'aide beaucoup, malgré le fait qu'elle sait la moitié de ma vie, une certaine partie reste cachée. Je ne voudrais pas qu'elle s'inquiète et appelle la police, je vais bien.

- Je n'ai plus rien à dire.

Ce n'est pas bien de mentir, Hela.

En réalité, j'avais tout sauf envie de rentrer chez moi, nous étions dans les alentours de dix-huit heures, et je savais d'avance que ma mère serait de retour à la maison avant moi. Ce qui signifie qu'elle a le temps de s'empiffrer une voire deux bouteilles. Depuis que mon père est parti, elle avait fortement sombré dans l'alcool, et étant donné que ce liquide fait des dégâts, celui-ci n'avait pas laissé ma maman intacte.

L'alcool change les gens et détruit leurs corps.

Ce simple liquide peut changer toute une vie, si nous en prenons trop souvent, on devient alcoolique, si nous n'en prenons pas assez, on pense que notre vie n'est rien. Aujourd'hui , les jeunes ne pensent qu'à fumer, se droguer où encore s'alcooliser. Ne voit-il pas qu'il y a autre chose dans la vie que ces futilités ?

J'aurais aimé que ma mère n'ait jamais touché à cette bouteille ce soir-là. J'aurais aimé qu'elle continue à s'occuper de moi comme elle le faisait avant. J'aurais aimé qu'elle ne change pas, qu'elle arrête de se détruire et de détruire sa fille au passage. J'aurais aimé qu'elle me dise "je t'aime" où encore qu'elle me reconnaisse comme sa fille devant les autres. J'aurais aimé qu'elle ne touche jamais à cette batte de baseball. Mais surtout, j'aurais aimé qu'elle ne blesse pas mon corps chaque soir pour passer ses nerfs.

Les Âmes RougesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant