Chapitre 23- Cœur d'automne.

152 10 0
                                    

Deux semaines se sont écoulées depuis que Mahé et moi avons dormi ensemble. Le lendemain de la soirée, nous avions fait comme si rien ne s'était passé, comme si nous n'avions jamais été aussi proches. Il est parti quelques heures après, puisqu'il devait aller en cours. Les policiers sont également revenus, deux fois en tout, ils ont tenté de m'interroger, mais comme la dernière fois, je leur ai simplement dit que je ne me rappelais de rien. Ils ont cessé de me questionner, et m'ont dit que l'enquête allait sûrement prendre fin, puisqu'il n'arrivait pas à avoir plus de réponses que ça.

J'étais heureuse quand ils me l'ont dit, puisque j'avais réussi à tenir parole auprès de ma mère. J'étais fière de ne pas avoir craqué.

Mais maintenant que je dois sortir de cet hôpital, j'ai affreusement peur de la revoir, et je regrette déjà mon lit là-bas. Parfois, en y repensant, je regrette de ne pas avoir demandé de l'aide. Puis je me rappelle que si je l'avais fait, la police n'aurait probablement rien fait, et j'en aurais doublement payé le prix.

Quand nous demandons de l'aide, quand nous réclamons justice, les policiers n'agissent pas comme nous le voudrions. Ils nous interrogent, ils parlent et nous disent de ne pas nous inquiéter, puis des mois après, on nous informe que l'affaire est classée parce qu'ils n'avaient pas assez d'informations.

Où est l'enquête ? Où sont les interrogatoires ? Où est la justice là-dedans ?

J'aurais aimé porter plainte contre ma mère, j'aurais aimé croire en eux. Malheureusement, et comme beaucoup de personne, je n'ai pas trouvé le confort que je voulais, que je cherchais.

N'avons-nous pas assez subi comme ça ?

- C'est le grand jour. Fait soudainement irruption une voix derrière mon dos.

Je rencontre les yeux de l'infirmière qui s'occupe de mon cas depuis deux longues semaines, je lui souris chaleureusement et acquiesce avant de me lever de mon lit. Je m'étais remise de mes blessures, malgré quelques-unes encore présentes, qui n'étaient toujours pas cicatrisées, je ne les sentais presque plus.

- Quelqu'un vient te chercher ?

- Oui, moi. Fais la voix de Mahé derrière elle.

Il s'avance vers moi, salue brièvement l'infirmière avant de s'emparer de mon sac et d'embrasser ma joue en signe de bonjour. Son action soudaine me surprend, mais je n'ai pas le temps de rétorquer qu'il commence déjà à s'en aller vers la sortie. L'infirmière m'informe que je dois signer des papiers avant mon départ à l'accueil, je la remercie et lui dis au revoir avant de rejoindre Mahé qui m'attendait près de la porte.

- Tu as deux options. Soit tu viens chez moi, soit tu vas dormir dans l'appartement des garçons.

Ah oui, j'avais oublié qu'il ne voulait pas me laisser rentrer chez moi seule.

Finalement, après une semaine à me battre avec eux sûr ça, j'ai fini par accepter, étant donné que moi-même je ne voulais pas aller chez moi. J'avais peur de retrouver ma mère, ou de ne pas la retrouver justement. Les policiers m'ont dit qu'ils avaient nettoyé le sang après leurs passages, et que l'enquête était fini, puisqu'il n'avait plus besoin de ça.Je les ai remerciés parce que je savais que si je revois cette mare de sang sur mon sol, je me sentirais probablement mal.

- Sans vouloir te vexer, je crois que je préfèrerais aller dans l'appartement avec les garçons. Réponds-je, gêné.

- Je me sens tout de même vexé, mais si c'est ta décision, je ne peux que l'accepter.

Nous nous dirigeons vers l'accueil, je remplis quelques formulaires et signe quelques papiers avant de conclure et de saluer la dame. Nous sortons tous deux de l'hôpital et nous nous dirigeons vers sa voiture. Il pose mon sac sûr la banquette arrière et vient s'installer devant, tandis que je me place à ses côtés sur le fauteuil passager. Il fait vrombir le moteur et démarre rapidement afin de quitter au plus vite le parking.

Les Âmes RougesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant