Chapitre 31- Violent réconfort.

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J'ai couru des heures dans cette forêt, j'ai couru en ne sachant même pas où je me trouvais. Finalement, je me suis retrouvé sûr une route complètement déserte, il faisait nuit noire, mais je n'avais pas peur. Je n'étais pas effrayée, puisque je venais déjà de subir une de mes plus grandes peurs, j'avais l'impression que plus rien ne comptait. Cet homme.. ce qu'il a fait sans mon accord, ce qu'il a osé me sortir comme phrase dégoûtante, toute cette scène tourne en boucle dans ma tête.

Je me dégoûte putain.

Je me sens si sali, j'ai tellement honte de ce qui s'est passée. Je n'aurai jamais dû faire ça, ce n'est pas dans mes habitudes de faire ce genre de chose. Je ne serai jamais allé vers lui si ce n'est que pour rendre Mahé jaloux. Pourquoi j'ai fait ça putain ?!

C'est de ma faute. La mienne, pas la sienne. C'est à cause de moi, toujours moi.

Moi. Moi. Moi. Moi.

Ce sera toujours moi.

J'ai longtemps marché avant de trouver des lanternes qui éclairaient la rue dans laquelle je me trouvais. Et c'est en voyant un grand parking non peuplé, que j'ai su que je me trouvais devant le lycée. Il ne me reste alors pas beaucoup de marche avant d'arriver chez moi. Je continue donc dans mon avancée, et je me surprends même à penser aux autres.

Est-ce qu'ils me cherchent ? Est-ce qu'ils s'inquiètent pour moi ?

Mon téléphone est éteint, je n'ai pas voulu l'allumer par peur de culpabiliser de ce que j'avais fait. J'avais besoin d'être tranquille, alors j'ai fait ce que j'avais à faire pour l'être.

J'arrive devant chez moi, aucune voiture ne trône devant, les lumières sont éteintes, comme si la maison n'avait jamais appartenu à personne. Elle est sans vie. Je monte les marches du perron, me baisse vers le tapis avant de le soulever et d'en ressortir les clés de secours. Je les insère dans la serrure, la fais tourner et entre par la suite dans ma maison. Je referme la porte derrière moi, le froid glacial s'abat sur ma peau, le noir de la pièce me file la chair de poule. J'allume donc la lumière, et finit par apercevoir l'entièreté de ma maison. J'observe le salon, qui n'a absolument pas changé depuis que je ne suis pas revenu. Les meubles sont toujours à la même place, tout comme ce canapé où trône encore une fois cette tâche d'alcool que je n'ai pas réussi à enlever. Ma cuisine est vide, plus rien dans les placards, plus rien sur les meubles. L'alcool est toujours présent du moins de ce qu'il en reste. Je monte les marches, touchant le mur avant d'arriver au second étage. Je me dirige directement vers ma chambre, prenant en compte d'allumer toutes les lumières des pièces voisines, et du couloir. J'ouvre en grand ma porte, la laisse claquer au mur, et observe la pièce qui se trouve devant moi.

La maison n'a absolument pas changé.

Tout est encore à sa place, malgré le manque de certaines de mes affaires, beaucoup sont restés ici. Je savais d'avance que je devais laisser quelques-unes de mes affaires, parce que je ne comptais pas rester éternellement chez les garçons. Mes livres sont là, dans ma bibliothèque, l'un d'entre eux est posé sur ma commode.

Tout me semble à sa place.

Je fais le tour de ma maison pour examiner chaque recoin de celle-ci. Je fais attention au détail, qui pourrait me montrer une once d'espoir qu'elle se trouve ici. Mais rien n'y fait, tout est à sa place. Rien n'a changé.

Je soupire finalement, éteins les lumières de ma maison avant de me diriger vers ma chambre. Je m'allonge dans mon lit, totalement habillé, me couvre de la couverture, et finis par fermer les yeux.

*********

Il m'a fallu un temps avant d'ouvrir mes paupières déjà bien lourdes de fatigue. Je m'étire tout en baillant ,un léger sourire vient incurver mes fines lèvres. Le temps d'une seconde, je me sentais mieux, et la seconde d'après, je trouvais les yeux marron de celui qui m'avait gâché ma soirée. Assis sur un fauteuil en face de mon lit, un verre d'eau en main, le regard figé au mien. Sous ses yeux se trouvaient une couche bleutée semblable à des cernes, ses traits fatigués me montraient qu'il n'avait pas dormi de la nuit. Je me demande alors comment cela se fait-il qu'il soit ici ? Comment savait-il que j'étais là ? Depuis combien de temps me surveillait-il ?

Les Âmes RougesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant