Chapitre 24- Carapace.

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Cela fait exactement deux heures qu'il est parti, deux heures dans lesquelles je tourne en rond dans ma chambre. J'ai défait mes affaires, j'ai pris une douche et je me suis mis en pyjama; et pourtant, je n'arrive toujours pas à trouver sommeil. Beaucoup trop de questions tournent dans ma tête, ça me démange tellement que je n'arrive pas à dormir. J'aimerais lui envoyer un message, lui parler ou qu'il soit tout simplement là.

Sa présence m'apaise.

Mais je ne peux pas, parce que j'ai beaucoup trop de fierté. Malgré ça, l'envie reste présente, et je ne peux m'empêcher d'imaginer mon téléphone sonner et voir apparaître son prénom.

"Je ne compte pas assez pour toi ? Tu ne peux pas concevoir de ressentir une seule émotion à mon égard ?"

Ses paroles tournent en boucle dans ma tête, je ne fais que les ressasser depuis qu'il a quitté l'appartement. Bien sûr qu'il compte pour moi, c'est évident sinon jamais je ne l'aurai quémandé à l'hôpital. Le problème, est que je ne veux pas qu'il sache trop de choses à mon égard, je ne peux pas concevoir qu'il sache chacun de mes secrets que j'ai eu tant de mal à cacher. Parce que si je finis par lui avouer ce que j'ai sur le cœur, je le laisserai à sa portée, et chaque barrière que j'aurai créée sera rapidement détruite par ses mains.

Il détruit petit à petit les barrières qui enveloppent mon cœur de pierre. Mais quand chacune d'elles sera enfin détruite, que fera-t-il en sentant les battements mortels de ce fichu poumon ?

"Tu ne pourras pas toujours tout contrôler, Hela, crois-moi un beau jour, tu seras tellement dépassé par tout ça que tu viendras chercher ne serait ce qu'une seule émotion positive."

Je suis persuadé de pouvoir continuer à contrôler chacune de mes émotions. Mais je ne suis pas sûr que j'arriverai à les contrôler en sa présence. Il me rend faible, il me rend vulnérable et c'est un sentiment nouveau. Parfois j'aurais aimé ne plus pouvoir lui parler, mais je me rends rapidement à l'évidence, que c'est une chose que je n'arriverais probablement pas à me défaire.

Il me fait du bien, il me rend heureuse tout comme mes amies le font. Mais avec Mahé, tout est toujours différent, il est différent des autres. Je me sens unique quand il me regarde, je me sens parfaite à ses yeux, et j'adore ça.

"Je te fais la promesse, qu'un jour, toutes tes émotions que tu tentes de refouler réapparaîtront, et crois-moi, je serai là pour les contrôler. J'arriverai à maintenir ton cœur et ton âme en vie, Hela."

Chacune des paroles qu'il me dit reste gravée dans ma tête, je bois chacune de ses paroles, jusqu'à ce qu'il ne reste plus aucune goutte.

C'est l'ami dont tout le monde à besoin.

Est-ce que je le considère réellement comme mon ami ?

Je ne mettais jamais réellement poser la question, cela ne fait qu'un mois que lui et moi ne nous parlons et pourtant, je n'ai jamais été aussi heureuse que depuis qu'il est entré dans ma vie. Il a changé ma personne, il a changé le cours de ma misérable vie rien qu'en venant me parler mais est-ce assez suffisant pour pouvoir me maintenir en vie ?

Je l'ai laissé dormir avec moi, ce que je n'avais jamais fait avec quiconque. Je suppose que pour beaucoup de personnes cela n'est rien mais pourtant, c'est beaucoup pour moi.

Je devrais l'appeler.

- Putain ! Grommelai-je alors en me secouant dans mon lit.

Je retire la couverture et la balance à l'opposé de moi. Je m'assois en tailleur au milieu de mon lit, je passe une main dans mes cheveux afin de les rabattre en arrière. Je soupire bruyamment, m'empare de mon téléphone avant de cliquer sur son contact. Son numéro de téléphone s'affiche devant moi, mes dents mordent la lèvre alors que je me mets à réfléchir à la meilleure option.

Les Âmes RougesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant