Les Âmes Rouges

Chapitre 18- Alcool dangereux.

Cela faisait désormais deux heures que j'étais ici, deux heures que je me bourrais la gueule avec tout l'alcool qui me passait sous le nez. Deux heures que Mahé m'évitait comme la peste. J'avais de plus en plus mal à la tête, Ambre était partie danser collé serré avec un garçon, ce qui avait déplu à Zane qui tirait la tronche de là où il était. C'est-à-dire : toujours dans ce foutu canapé. Il n'avait presque pas changé de place, par contre, les filles qui les collaient sont parties ailleurs. Je suis assis sûr le plan de travail de la cuisine, toujours un verre en main en compagnie de Jay. Kole était parti je ne sais où depuis maintenant une heure. J'étais seule avec Jay complètement bourré.

Rectification: j'étais seule avec un homme complètement bourré.

- Écoute ma belle, je ne sais pas si on te l'a déjà dit mais tu es une personne incroyable.

Et apparemment l'alcool le rendait complètement fou amoureux de la personne à laquelle il parlait, et cette personne, c'est moi.

- T'es trop belle, trop, trop belle. Geint-il pour la énième fois.

Et moi, comme une débile, je me mets à rire, je le relooke et secoue la tête avant de boire une fois de plus dans mon verre. Mes pupilles sont dilatées, ma tête tourne et je n'ai plus aucune notion de rien. Je ne sens plus mes jambes tellement elles sont engourdies, ma tête est prête à exploser tellement elle me fait mal, et pourtant, malgré toutes ses douleurs.

Je ne m'étais jamais senti aussi joyeuse qu'à cet instant.

Ma mère avait peut-être raison finalement, l'alcool c'est plutôt bien. Et même si on nous prévient de boire avec modération, on s'en fout non ? Si on cause un accident de voiture, on s'en fout, si on fait des victimes, on s'en fout.

Et si je finissais par droguer une personne et la violer dans la chambre d'une de ses maisons ? Et bas putain on s'en fout aussi puisque personne ne sera là pour l'aider. On s'en fout non ? Putain que oui on s'en fout, parce qu'il n'y a que nos putains de vie qui nous intéresse. On s'en fout que dans la chambre du dessus une personne crie à l'aide, on s'en fout non ? On s'en fout dans l'état dans lequel on va la retrouver puisque ça ne nous regarde pas. On s'en fout de la façon qu'elle va gérer la situation puisqu'elle aurait dû se défendre plus si elle ne voulait pas subir ça. On s'en fout de la façon pour laquelle cet événement l'a traumatisée.

On s'en fout.. pas vraie ?

- Hela ? M'interpelle le roux à ma droite.

Ma tête se tourne vers lui, et je vois dans son regard qu'il est inquiet pour moi.

- Est-ce que ça va ?

Il a l'air d'avoir retrouvé sa lucidité puisqu'il paraît plus sérieux que d'habitude. Et sans que je ne m'en rende compte, je sentis une goutte d'eau couler sûr mon visage, ma tête se lève pensant qu'il y a une fuite, mais aucune goutte ne tombe, pourtant, je sens toujours mon visage être mouillé. Alors mon regard dériva vers Jay, et j'ai compris que les gouttes venaient de mes yeux, et que finalement c'était moi qui pleurais.

- J'ai.. Bégayais-je soudainement.

Je n'arrivais même pas à finir ma phrase, sûrement trop préoccupé à essuyer mes larmes qui ne cessent de couler. Je m'excuse auprès du roux, je descends rapidement du plan de travail et retire aussi vite que je peux mes talons alors que je sens mon coeur s'emballer soudainement. Je me mets à courir, je bouscule quelques personnes en chemin et m'excuse brièvement auprès d'elle alors que ma main vient se plaquer sûr ma bouche. Je sens une remontée me prendre, je me retiens rapidement de vomir, j'entendis mon prénom être crié au loin. J'ouvre précipitamment la porte, et cours à l'extérieur, je dévale les quelques escaliers de devant et m'approche d'un buisson avant de vomir. Ma gorge me brûle alors que je continue de dégueuler dans le buisson. Je sentis soudainement une main attraper mes cheveux et les surélever pour que je ne m'en mette pas partout. Je pose ma main sur son bras, et s'en réellement savoir, je sais que c'est l'un de mes amis qui est derrière moi.