J'essayais tant bien que mal de dompter la panique qui menaçait de me submerger à chaque seconde passé à conduire cet engin de plus d'une tonne.
Fort heureusement pour nous, la voie était plutôt tranquille à cette heure de la nuit aussi avancée.J'entendais sur ma droite le sifflement irrégulier de la respiration de Tom.
Il souffrait, c'était évident, mais à cet instant, je ne pouvais rien faire d'autres que de maintenir le cap et de focaliser toute mon attention sur la route devant nous pour nous garder en vie tous les deux.Après plusieurs intersections et feux tricolores, le paysage changeait pour devenir plus rural.
Le béton et les lumières de la ville laissaient place progressivement à des accotements en terre et un horizon obscur.
Je sentais mon corps se détendre au fur et à mesure que nous nous éloignions de ce lieu qui avait été témoin silencieux de 10 ans de souffrance.Je roulais depuis plus de deux heures, je commençais à fatiguer, ma concentration se voulait branlante, pourtant j'étais incapable de me résoudre à arrêter la voiture. J'avais peur, peur qu'il soit à nos trousses.
Il n'était pas mort, n'est-ce pas ? Sinon Tom n'aurait jamais affiché un tel air insatisfait en sortant de ce maudit hôtel.
Je décida de stimuler mes synapses en cherchant une station radio, je ne savais pas trop où nous étions, mais j'espérais que les ondes puissent capter quelque chose de correct.
Les grésillements intempestifs avaient malheureusement rapidement usé le peu de patience que j'avais en réserve, mais alors que j'allais laisser tomber pour replonger dans le silence, les grésillements cessèrent, puis après quelques ajustements, je parvins à capter un signal.Heureuse, j'augmenta le volume pour écouter une musique que je n'eus aucun mal à reconnaître.
Everybody Wants To Rule The World de Tears For Fears.
Un sentiment nouveau enveloppa tout mon être, ça faisait tellement longtemps que je n'avais pas entendu cette chanson. J'avais l'impression de revenir 10 ans dans le temps, ma petite sœur était férue de musique rock des folles années 80, d'ailleurs, elle aurait été complètement jalouse de me voir conduire une telle voiture.
Elle aimait ça, le vintage.
- Billy ?
Tom m'arracha à mes pensées, je me rendis compte à cet instant que je pleurais, et que mes phalanges étaient devenues blanches, tant mes doigts étaient crispés autour du volant.
- Est-ce que tout va bien ?
J'essuya rageusement les quelques larmes qui avaient osé inonder mes joues du revers de ma main et hocha la tête positivement.
- De vieux souvenirs.
Il ne répondit rien, se contentant de se réinstaller aussi confortablement qu'il en était possible sur le siège de sa voiture, faisant grincer le cuir sous son poids.
Les musiques défilaient, parfois coupées par quelques interférences, et puis s'ajoutèrent rapidement des plaintes à peine audibles de Tom.
Il marmonnait des paroles incompréhensibles.
Son visage étant tourné du côté de la vitre, il m'était impossible de voir s'il dormait ou non, alors, inspirant longuement, je mis mon clignotant pour m'arrêter sur le bas-côté de la route.- Tom ?
Aucune réponse.
Je pris l'initiative de poser ma main sur son épaule, il sursauta à mon contact et accrocha son regard au mien, perdu, puis grogna à nouveau quand sa propre expiration semblait le faire souffrir.
VOUS LISEZ
L'univers existe pour que tu existes (Loki)
FanfictionBilly Garrison, jeune femme en devenir, pianiste invétérée, foula le sol de Manhattan en cette matinée d'automne, bien loin d'imaginer qu'elle parcourait ses derniers mètres de liberté. 10 ans plus tard, après avoir menée une vie qu'elle n'avait pa...