L'univers existe pour que tu existes (Loki)

Chapitre 38

La fin d'après-midi qui a suivi notre shopping s'était relativement bien passée.

Nous avons balayé de nos pensées la petite altercation avec la jeune et jolie blonde de la boutique de vêtements, pour à la place nous concentrer sur l'instant présent, ensemble.

Nous ne sommes rentrés qu'après avoir goûté aux soi-disant meilleures gaufres du pays.

Bien-sûr, la journée n'aurait pas été parfaite si nous n'avions pas pris le temps de nous arrêter à la gare des télécabines. 

Pourquoi ?

Eh bien, même si à cette époque de l'année les remontées mécaniques étaient inactives, nous pouvions accéder à l'intérieur, certainement pour étancher la curiosité des quelques touristes venus se balader ici hors saison.

J'avais été prise d'euphorie quand mon regard était tombé sur le petit piano droit mis à la disposition de tous, un peu poussiéreux, mais en état de marche.

J'avais calmé les battements de mon cœur en contrôlant ma respiration, et puis mes doigts avaient fait le reste.

C'était donc naturellement que, après les premières notes hésitantes, la mélodie de Sound Of Silence a commencée à envahir la petite gare déserte.

J'ai senti les doigts de Loki venir presser mon épaule, j'ai rouvert les yeux alors que je ne m'étais pas rendu compte de les avoir fermés.

C'était à cet instant que je me suis rendu compte que je pleurais.

-       C'était magnifique, Bill.

J'ai légèrement souri à l'entente de mon surnom, prononcé par les personnes qui me sont le plus proche, j'ai eu la sensation quelques courtes secondes d'être à la maison.

Bien évidemment, la réalité, brute et impitoyable, n'a pas mis longtemps avant de se moquer de moi, ricanant comme une hyène à mon oreille.

Ma pauvre Billy, tu sais très bien que tu n'as plus de maison.

Ta mère est devenue folle.

Ta sœur n'est plus là.

Voilà que je devenais folle à mon tour, peut-être un trait héréditaire ?

J'ai secoué la tête de gauche à droite comme un pantin désarticulé, jouer de la musique venait de mettre sens dessus dessous mes émotions.

J'avais presque oublié la présence de Loki à mes côtés, qui me dévisageait avec une lueur inquiète dans les yeux.

-       Je vais bien.

Je me suis mise à fixer le clavier devant moi, poussiéreux encore à certains endroits où je n'ai pas eu l'utilité d'y laisser courir mes doigts.

Je me sentais insufflée d'une énergie nouvelle, comme si après la tornade d'émotions qui venait de me submerger, il ne restait plus que la conclusion à tout ça.

Je devais essayer de sauver ce qu'il restait de ma famille.

Je devais retrouver June.

Je me redressa sur mes jambes en faisant grincer la banquette sur le parquet usé, Loki semblait complètement à côté de la plaque, il attendait patiemment que je lui fasse un résumé de ce qu'il venait de se passer dans ma tête.

-       Je dois retrouver ma fille.

Son expression changea.

Il se lisait désormais sur ses traits une forme d'animosité, ses épais sourcils froncés au-dessus de ses yeux pouvant en témoigner.