L'univers existe pour que tu existes (Loki)

Chapitre 33

La fenêtre légèrement ouverte permettait à l'air frais de venir caresser la peau de mon visage, quelques cheveux s'aventuraient dans le vent créé par cet interstice.

Il n'y avait aucun autre bruit dans l'habitacle que le ronronnement régulier de la Camaro qui avalait les kilomètres depuis déjà plusieurs heures sur l'autoroute.

Ma tête reposait lourdement contre le siège, je somnolais, de temps en temps, mais je n'avais pas réussi à m'endormir.

Trop de choses tournaient dans ma tête, trop de questionnements, trop de doutes, la peur de l'inconnu, je pouvais supposer.

Je savais que toute cette cavale, cette situation, n'allait pas prendre fin tant que Massimo respirait.

Le fait que mon enfant était en vie, qu'il s'était donné l'unique droit de lui rendre visite, qu'il avait osé me mentir ...

Je n'avais plus du tout envie de somnoler, j'avais réussi à tendre mes nerfs à cette simple pensée, et j'avais d'un seul coup besoin de sortir de cette voiture.

J'avais besoin de marcher, de sentir autre chose que l'odeur de cuir mélangée à celle de Loki.

J'étais un ours en cage.

-       Loki ... On pourrait s'arrêter un instant ? S'il te plaît ...

Je ne l'avais pas vraiment observé durant le trajet, étant plus occupée à regarder par la fenêtre, mais il semblait absorbé dans une autre dimension, il avait mis le pilotage automatique.
Prudemment, je posa ma main sur son épaule.

Ses muscles se crispèrent sous la surprise et il décontracta ses doigts du volant avant de me lancer un vif coup d'œil curieux.

-       Tout va bien ?

-       Oui ... Je t'ai juste demandé si nous pouvions nous arrêter un peu ? J'ai mal partout ...

C'était le dieu du mensonge, évidemment qu'il n'allait pas gober mon excuse.

-       Bien-sûr, je prends la prochaine sortie et on trouvera de quoi faire une pause.

J'étais presque étonnée qu'il ne tique pas plus que ça, mais soulagée par le fait que je n'allais pas devoir rentrer dans les détails, je n'en avais pas l'envie.

Ce qui était agréable avec lui, c'est qu'il me laissait le temps de me confier.

Il ne me brusquait pas, il comprenait.

Comme promis, il bifurqua à la première sortie qui s'offrait à nous, et après quelques kilomètres encore, il gara enfin la voiture sur le bas-côté, en lisière d'une forêt dense et bourgeonnante.

Les jambes engourdies, j'inclina ma tête en arrière et pris une profonde et longue inspiration, le soleil de cette fin d'après-midi était agréable.

Je décida de faire quelques pas dans cette forêt, histoire de me détendre un peu avant de reprendre la route.

Loki m'observait silencieusement debout derrière sa voiture, les bras croisés sur le toit de celle-ci, il ne semblait pas avoir besoin d'air, il patientait simplement jusqu'à que je revienne vers lui.

Je ne savais pas la raison pour laquelle il avait soudainement choisi de nous emmener dans le Colorado, mais j'avais en lui une confiance aveugle et je savais que c'était forcément une bonne idée.

Dans la tragédie qu'était ma vie, j'avais eu la chance impossible de le rencontrer lui, et j'avais de plus en plus cette étrange sensation qui enveloppait mon cœur et mon âme, de me dire que maintenant tout irait bien, et que le pire était derrière moi.