L'univers existe pour que tu existes (Loki)

Chapitre 19

Je ne savais plus comment me comporter, était-elle sous le choc de me revoir ? Où était-ce quelque chose de plus profond ? De plus ancien ?

Je me contenta de garder mes questions dans un coin de ma tête et alla m'asseoir religieusement sur le canapé, en face de ma tasse de chocolat encore fumante qui narguait mes narines de son effluve épicé.

Tom s'installa à mes côtés, les sourcils froncés et les lèvres pincées.
Je savais qu'il s'impatientait, qu'il voulait qu'on ne tarde pas trop, mais quelque chose clochait avec ma mère.

Je doutais de plus en plus de sa capacité de compréhension, je ne pouvais pas être certaine qu'elle applique à la lettre nos directives une fois les billets d'avion dans ses mains, c'était trop risqué, je devais voir ça avec mon père.

Je porta ma tasse à mes lèvres et soupira d'aise quand le liquide entra en contact avec ma langue, c'était une véritable redécouverte pour moi, je ferma les yeux et profita solitairement des bienfaits de cette boisson.

Entre temps, ma mère avait préparé du café pour elle et en proposa à Tom, qui accepta volontiers.

La porte d'entrée claqua légèrement, signe que quelqu'un venait d'entrer dans la maison.
Je sentis mon estomac se tordre douloureusement, je tourna mon visage vers l'entrée du salon, devant bientôt affronter mes retrouvailles avec mon paternel.

-       Chérie ?

Le fait d'entendre sa voix fit naître dans ma gorge une boule qui obstruait ma déglutition, je posa donc ma tasse à demi pleine sur la petite table basse, consciente que je ne pourrais pas avaler une gorgée supplémentaire.

Mon père se présenta dans le salon, semblant chercher sa femme, il tenait dans sa main un gros sac en cuir qui tomba lourdement au sol quand son regard se heurta au mien.

-       C'est impossible ...

J'essaya de bloquer mes larmes autant que je pouvais, mais voir mon père libérer les siennes mis rapidement fin à ma tentative.

Je me leva fébrilement du canapé et atterris rapidement dans ses bras, tout comme ma mère, son visage avait accueilli quelques rides et sa barbe quelques poils blancs, mais globalement, c'était le même qu'il y a 10 ans.

Son corps tremblait contre le mien, il étouffa quelques sanglots et mit fin à notre étreinte pour me tenir suffisamment éloigné de lui pour pouvoir distinguer correctement l'ensemble de mon visage.

-       Comment ...

Il renifla hargneusement et son regard passa par-dessus mon épaule pour s'arrêter sur Tom.

-       Et lui ? C'est qui ? Pourquoi il est habillé comme ça ?!

Il voulut m'écarter sur le côté pour s'approcher de Tom, mais je l'en empêcha en posant ma main sur sa poitrine.

-       Papa ... Il faut que tu m'écoutes ...

Je lança rapidement à Tom un hochement de tête entendu et proposa à mon père de poursuivre dans la cuisine.

Je ne savais pas par quoi commencer, il y avait tant à dire.

Les yeux humides et la mâchoire serrée, il s'adossa sur le plan de travail et me dévisagea sans retenue.

-       Je n'arrive pas à le croire ...

Je me posta à côté de lui et pris une grande inspiration.

-       Écoute papa ... J'ai pas beaucoup de temps.

J'inspira une nouvelle fois, je sentais qu'à tout moment ma parole pouvait être coupée par des sanglots.