10 ans plus tard.
Tesoro, apporte-moi mon whisky, et n'oublie pas les glaçons.
J'hochai la tête machinalement, mes talons hauts me lacéraient déjà les pieds. Il était à peine 10 h et la journée s'annonçait longue.
J'avais affreusement mal à la tête, mais cette douleur était encore plus supportable que celle que je ressentais le reste du temps.
Les migraines étaient devenues mon échappatoire : plus elles étaient intenses, plus j'oubliais tout le reste et, pour être honnête, c'était tout ce qui importait.
Je posai la bouteille de Macallan sur le plan de travail, sortis un verre approprié et ouvris le congélateur pour en prendre trois glaçons.
La plupart du temps, lorsqu'il commençait à boire le matin, j'avais la soirée pour moi ; ce n'était pas grand-chose, mais au moins il était trop saoul pour abuser de moi.
Tenez.
Il saisit brusquement le verre sans même me regarder et porta le breuvage à ses lèvres. J'attendis quelques instants qu'il me donne des instructions, et commençai à m'impatienter, les pieds brûlants, désireuse de m'asseoir.
Reste là, j'aime regarder tes seins pendant que je bois, ça me détend.
Je serrai la mâchoire, imperceptiblement, pour qu'il ne le remarque pas.
D'ailleurs ... Si tu retirais ton haut ? Tu ne trouves pas qu'il est de trop ?
10 ans.
Ça faisait dix ans que je subissais ce calvaire, et pourtant, rien à faire, je ne m'habituerais jamais à cette vie. La seule chose que j'arrivais à faire était d'intérioriser.
Perdue dans mes pensées, je déboutonnai machinalement ma fine chemise, sans baisser les yeux, et lui dévoilai ma poitrine.
Bellissimo ... Approche.
Avalant difficilement ma salive, la gorge nouée, j'obéis encore une fois à sa demande, docilement, ne voulant pas m'attirer ses foudres.
J'étais assez proche de lui pour qu'il remonte sa main sous ma jupe, explorant celle-ci comme un serpent s'enroulant autour de sa proie. Il atteignit trop rapidement mon intimité et la pénétra sans la moindre délicatesse ; il était toujours ainsi, brutal, sauvage.
Je ne dis rien, fixant un point invisible au-delà de la fenêtre. Il posa son verre de whisky vide au pied du fauteuil et ajouta un deuxième doigt au premier, me faisant légèrement grimacer.
Tourne toi.
Je retins mes larmes, comme chaque fois que cette scène se répétait.
J'entendis la boucle de sa ceinture se détacher et la fermeture éclair de son pantalon descendre. Il posa ses mains sur mes hanches et se mit debout, me pénétrant sans préavis ni consentement. Je fermai les yeux et m'imaginai ailleurs.
Forcée de constater que je n'allais jamais m'échapper de cet enfer, j'avais développé au fil des années une imagination qui me permettait de m'y cloîtrer le temps que tout s'arrête.
Il me suffisait de fermer les yeux et d'imaginer cette grange en lisière de forêt, une légère brise de printemps caressant la peau laiteuse de mon cou, un léger soleil réchauffant l'atmosphère. Je caressais du bout des doigts les épis d'orge prêts à être moissonnés, les herbes chatouillant mes mollets. Je me sentais bien, là.
Quand je rouvris les yeux, il venait de finir en poussant un long râle bestial qui me donnait chaque fois un désagréable frisson dans le dos. Je me redressai et remis correctement ma culotte.
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L'univers existe pour que tu existes (Loki)
FanfictionBilly Garrison, jeune femme en devenir, pianiste invétérée, foula le sol de Manhattan en cette matinée d'automne, bien loin d'imaginer qu'elle parcourait ses derniers mètres de liberté. 10 ans plus tard, après avoir menée une vie qu'elle n'avait pa...