Le silence est toujours un message.

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Deux, c'est le nombre d'heures que j'ai réussies à dormir. Je me réveille encore plus fatiguée que lorsque je me suis couchée à six heures trente ce matin. Je n'arrive pas à me rendormir. Charlie dort profondément. Sa respiration est forte et régulière. J'aimerais faire partie de ces gens qui en posant seulement la tête sur l'oreiller, s'endorment en quelques minutes. Je m'assieds dans le lit et consulte mon téléphone. Aucun message de Christopher ou de qui que ce soit. En fait, le seul qui m'importe à ce moment s'est lui. Il n'a même pas dit au revoir ou demandé des explications. Je ne l'ai jamais vu rester aussi silencieux d'aussi loin que remontent mes souvenirs. Je n'aime pas ça. Je préférerais qu'il crie, même si ce n'est pas son style. Hurler ne fait pas partie de ses valeurs ou de son éducation. Pire, il déteste ça. Le nombre de fois où nous avons été puni pour ça. Tu peux exprimer tes émotions, ce que tu ressens, mais lever la voix, hors de question. Tu parles, oui ! Fais-toi manquer de respect et ose dire à cette personne: " oh, je sens la colère monter en moi, il va falloir que j'extériorise cela." Très peu pour moi, merci.

Il est quasiment neuf heures. Je me lève et m'habille. La douche prise il y a peu fait en sorte que je n'ai pas besoin de repasser par la case salle de bain. Un training noir et un crop-top noir devraient faire l'affaire. J'attache mes cheveux en queue de cheval, mets mon téléphone et mes papiers dans mon sac à bandoulière et sors doucement de la chambre. Je croise ma mère et Ethan en train de prendre leur petit petit-déjeuner. Dois-je leur dire ce qui s'est passé quelques heures plus tôt ? Comment maman va-t-elle pouvoir expliquer à son conjoint qu'elle est grand-mère depuis plus de quatre années? Je suis submergée par la culpabilité.

- Tu es déjà debout ? me questionne Ethan en venant m'embrasser la tempe.

Je fais juste un signe de tête.

- Tu es certaine que ça va, Joy ? me demande ma mère en reposant son mug de thé.

Je n'arrive même pas à faire semblant que tout aille bien.

- Maman... dis-je d'une voix tremblante prête à pleurer.

En me voyant les deux sont inquiets. Faut que je me reprenne pour ne pas les inquiéter. J'ai peur pour maman. Si jamais Ethan n'acceptait pas que nous ayons menti à tout le monde pour protéger Lena. Qu'ai-je engendré ? Maman décroise les jambes, prête à se lever.

- Je peux te parler en privé cinq minutes, si ça ne te dérange pas? Je lui pose la question, mais c'est son conjoint que je regarde en cherchant son accord.

Celui-ci accepte et part travailler depuis le salon sur son PC. Des mails à répondre. Maman me fait signe de venir m'asseoir près d'elle. Elle attend que je parle et ne me presse pas. Je me tords un peu les doigts anxieux.

- J'ai tout dit hier soir.

Je vois son visage se détendre. Elle devait sûrement imaginer quelque chose de plus grave.

- Je suis au courant. Christopher, m'a envoyé un message ce matin. Il n'est pas très content que j'aille cacher ça, mais on s'en fiche de ce qu'il pense. C' est bien ma puce, tu as enfin soulagé la conscience. Il fallait que tu le fasses pour te libérer de ce poids et enfin te projeter dans l'avenir avec Helena. Comment Lenny l'a pris ?

- Pour une fois, il a été gentil et poli avec moi... Dis-je à demi-sourire. Il veut des photos et en savoir plus sur sa fille. Ce que je peux comprendre. Il faut qu'on le dise à Ethan...

- Je sais. Laisse-moi gérer avec lui, ne t'occupe pas de ça. dit-elle en se pinçant la lèvre anxieuse. Je vais profiter que tu sortes et que ta sœur dort pour le faire. Vaut mieux le laisser digérer l'annonce de son côté et ensuite je pourrais enfin accrocher des photos de ma petite puce chez moi sans vous trahir.

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