Le jour se lève doucement. Le temps est maussade, la neige continue toujours de tomber, mais, moins abondamment que la veille.. Après avoir passé sept heures sous surveillance, on vient de me ramener en chambre. Allongée sur un lit, je suis incapable de dormir, malgré, l'épuisement total. Je refuse que l'on m'injecte des médicaments pour me relaxer. Les bébés ne sont pas avec nous, mais, en service de néonatalogie sous couveuse et surveillance. Un stress en plus pour moi de ne pas les avoir près de nous. Notre fils se porte bien. Quarante-sept centimètres pour deux kilos huit-cent-vingt grammes. Il respire seul, mais, a du mal à régler sa température corporelle. Notre fille a des difficultés à respirer seule et à constamment besoin d'oxygène et de rester au chaud dans la couveuse auprès de son frère. C'est une petite crevette de quarante-quatre centimètres pour un kilo neuf-cent-quatre-vingt grammes.
Je guette tous les signaux que mon corps pourrait m'envoyer par peur de faire une nouvelle fois une crise et tomber à nouveau dans le coma comme après la naissance de Léna. Je refuse de dormir pour cette raison. J'ai froid. Je suis glacée à l'intérieur de mon corps. Un résultat de peur et de fatigue immense. Aucune couverture n'arrive à me réchauffer. Christopher est parti chercher nos valises pour moi et les bébés depuis bientôt trois heures. Les routes sont si encombrées qu'il est difficile de circuler. Ekemona est auprès de moi tandis qu'Alex est auprès des petits. Je me demande comment il a pu accéder à la néonatalogie sans pour autant travailler dans cette maternité.
Sa main vient tout doucement prendre la mienne et la réchauffer avec des caresses circulaires. Je suis épuisée et ma bouche est sèche, ce qui rend le langage plus difficile. Je fais un effort pour discuter doucement d'un peu de tout et surtout ne pas m'endormir.
- Comment te sens tu? Pas trop mal?
- C'est supportable. Ça pique un peu avec les points de suture.
On vient me poser une nouvelle perfusion de glucose afin de me réhydrater après deux perfusions de sang. Les frissons me parcourent.
- Tu devrais dormir un peu. Je serais à côté et te surveillerais, tu ne risques rien.
Je ne risque rien. Les risques sont écartés, c'est vrai. Il a raison, hélas, mes souvenirs sont si effrayants, que je n'arrive pas à me détendre, ni d'etre effrayé à l'idée de fermer les yeux. À plusieurs reprises, j'ai failli y passer et le plus récent remonte à quelques heures. Ces derniers mois, ma tension et mon cœur ont été mis à rude épreuve et je ne suis pas sereine à cent pour cent qu'un nouveau dysfonctionnement de sa part puisse réapparaître. Ce qui est certain, je ne veux plus jamais porter la vie. Deux grossesses compliquées, deux accouchements difficiles avec complications, ne tentons pas le diable à nouveau.
- Je veux attendre un peu. Penses-tu qu'ils vont me laisser voir nos bébés ?
Nos enfants. Le "nos"devient officiel. Avant nous le savions, mais, il n'était pas réellement visible. Il s'agissait de partager nos corps et des promesses. Nous avons la confirmation réellement physique avec notre petite que nous sommes une vraie famille qui ne partage plus que les liens du cœur mais également du sang. Trois enfants, trois pères différents mais une seule famille. Aucun ne passera avant l'autre et ils auront les mêmes amours et les mêmes places dans nos cœurs.
- Ne t'inquiètes pas, nous irons les voir lorsque le médecin donnera son aval pour te déplacer.
Deux petits coups résonnent sur la porte de la chambre, puis celle-ci s'ouvre. Je tourne la tête et vois apparaître Alex et Christopher qui portent les deux valises.
- Tu ne dors pas ? Me demande Christopher d'un ton réprobateur en s'approchant pour m'embrasser le front.
Je lui fais un signe de tête. J'ai conscience d'avoir une mine épouvantable. Si je n'avais pas peur et que je n'avais pas accouché, je serais sûrement calée dans les bras de Morphée depuis un moment et pour des heures voir une journée entière non-stop. Les cernes sont creusés au-dessous des mes yeux, je les ressens.
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Sexy Chocolat
RomanceCinq ans, c'est le temps qu'il aura fallu pour que les jumelles réapparaissent indépendamment de leurs volontés. Un coup de téléphone, le mauvais destinataire qui répond. Bien entendu Charlie n'avait pas pensé à masquer son numéro, heureuse de souha...