Sexy Chocolat

Ce qui t'est destiné trouvera le moyen de te rejoindre.

Aujourd'hui, je peux enfin lever le pied et sortir pour la première fois au bout de deux semaines alitée. J'ai rendez-vous chez l'obstétricienne pour voir comment évolue la grossesse. J'espère du plus profond de mon âme que tout soit bon et que je puisse reprendre un semblant de vie normale. Christopher est repartie chez lui me laissant espérer que j'aurais un peu plus de liberté mais non, bien au contraire. Il a demandé à Constance de m'emmener à tous mes rendez-vous médicaux lors de ses absences et de prévenir en cas de problème. Lors des analyses médicales, il a carrément fait venir un infirmier pour me les faire et mit son mail pour recevoir directement les analyses. Je suis fichée de partout avec lui. Je les ai quand même reçus par courrier mais franchement que du gros charabia pour mes petits neurones. Chris m'a tout traduit à mon grand damne... C'est bon, trop juste, anémie, trop juste, c'est bon... L'anémie je l'ai depuis des années alors pouet pouet la mouette. 

Nous attendons dans la salle d'attente notre tour, ou devrais-je plutôt dire mon tour. La chaleur est toujours aussi envahissante, je transpire comme un petit cochon. C'est juste inconcevable avant un rendez-vous. Pas une goutte de pluie depuis un trop long moment, au point que nous devons tous économiser l'eau. Les plantes sont toutes mortes dans le jardin. Les piscines n'ont plus le droit d'être remplies. Les bains interdits.

Ma peau colle au skai de la chaise. Plus facile à nettoyer, mais vu cette chaleur j'aurais préféré une chaise avec un revêtement en tissu. Je suis grognon, je ne vous le fais pas remarquer. L'angoisse de devoir à nouveau rester allongée plane au-dessus de ma tête. Je ne le supporterais pas. J'ai toujours les migraines mais c'est un peu plus espacées grâce aux médicaments qu'elle m'a donnés. Les tiraillements ont diminué et les petites pertes de sang sont complètement stoppées. C'est bon signe. Je me rassure comme je peux. 

Vient mon tour. Un mélange d'excitation et de stress mélangé. Lorsque ses yeux se posent sur moi, elle n'a pas l'air contente. Qu'ai-je fait encore?

- Vous avez l'air d'avoir perdu plusieurs kilos en deux semaines. Vous avez vraiment une petite mine.

Aller bim prend toi ça, Joy. Deux semaines à rien foutre la journée, donc la nuit je ne dors pas correctement en plus de la chaleur. Logique que je ne sois pas fraîche comme un gardon.

- J'ai respecté toutes vos recommandations.

Je lui donne mes analyses qu'elle scrute avec attention. Trois pages à lire. Elle prend un stabilo jaune et surligne quelques taux. Quatre ou cinq, il me semble. 

- Dans l'ensemble vos analyses sont excellentes. Vous avez des carences que j'ai soulignées. Vous en aviez déjà et elles se sont un peu accentuées mais rien d'alarmant. Les compléments vont vous aider à ne pas trop descendre. Par contre, la glycémie est trop basse. Ce serait bien d'essayer de manger des fruits par exemple pour la redresser. Connaissez-vous le groupe sanguin du père des enfants ?

- Non. Pourquoi ?

- Vous êtes AB négatif, je veux juste savoir le rhésus du père pour déterminer si vous aurez besoin à la fin de grossesse ou à la naissance d'une injection d'immunoglobulines Rho (D). Car si votre enfant à un rhésus positif, ça pourrait créer une grave anémie. Mais ne vous inquiétez pas, tout se passera bien.

J'acquiesce pour seule réponse. 

- Nous allons passer à la consultation, venez, je vous prie.

Je monte sur la balance avant de monter sur la table d'examen. Je suis surprise de voir le chiffre que m'annonce la balance. Soixante-dix-huit kilos. Il y a sept mois j'étais à quatre-vingt-quatorze kilos. Moins seize kilos... Comment n'ai-je pas pu me rendre compte que j'avais perdu autant sans rien faire de particulier ? Le médecin me demande le chiffre pour qu'elle l'inscrit dans son dossier et me demande de répéter le chiffre. Elle ne me croit pas et décide de venir vérifier par elle-même.