Quand le passé se conjugue au présent

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Nous restons dans les bras de notre mère tout en mangeant les viennoiseries. Même une fois adulte, une maman aimante reste une maman. Nous avions besoin de ses câlins autant les unes que les autres. Son odeur m'avait manqué. Je ne parle pas de son parfum, mais de son odeur corporelle. Nous en avons chacune une différente, celle de ma mère me relaxe. Elle est douce et sucrée. De mes souvenirs, celle de Christopher me relaxait également. Une odeur douce, mais totalement différente de celle de ma maman. Une odeur iodée, apportée par un vent frais du nord. Ne pense pas à lui Joy, il va bientôt débarquer. Si tu as de la chance, au mieux, tu ne le verras pas avant demain matin. Dans le pire des cas, il va débarquer d'une minute à l'autre.

Le médecin dit que maman pourra rentrer dans deux jours si tout va bien. J'ai tellement hâte, mais n'est-ce pas un peu tôt cependant, après une opération? Pour le moment, nous ferons comme si cette chambre était notre demeure, et passerons nos journées avec elle, ici même. Nous lui racontons tout ce qui se passe en ce moment dans notre vie, que ce soit à la maison ou au travail. Elle est fière de nous et ça nous comble de joie. Elle a promis de venir pour le mois d'août à la maison et maintenant que tout le monde sait où nous sommes, elle viendra fêter Noël pour la première fois depuis que nous sommes en France. Elle apprécie énormément notre famille de coeur et ne répète sans cesse qu'elle leur est redevable pour tout ce qu'ils ont fait pour ma sœur et moi.

En fin d'après-midi, maman reçoit un appel d'Ethan. Il sera là d'ici trente minutes au plus tard. Il lui demande si elle veut qu'il passe chez elle lui rapporter des vêtements ou quelque chose dont elle aurait besoin. On apprend en même temps qu'il a rendez-vous avec Christopher à l'hôpital. 

- Mes puces, ils seront là d'ici peu. Soit vous restez, on affronte ça tous les trois ensembles, soit vous partez maintenant, et je ne sais pas que vous êtes à Manhattan. 

Charlie me regarde. Pas besoin de mots. Nous embrassons tendrement notre mère et décidons de rentrer à l'hôtel. Je positionne ma robe correctement en essayant de la défroisser avec mes mains. J'embrasse fort maman en la tenant d'une main tout en tenant mes béquilles de l'autre. Ma jumelle n'arrive pas à se séparer de ma mère. 

- Allez Charlie, ils vont arriver d'un moment à l'autre! dis-je pour qu'elle se dépêche, même si ça me crève le cœur de partir comme une voleuse laissant maman seule. 

 Un dernier bisou volant pour maman et nous sortons d'un pas rapide vers les ascenseurs. Notre parano est à son paroxysme. Un ding de l'ascenseur, signalant qu'il s'arrête à cet étage fait devenir folle ma soeur. Elle me tire par le bras afin de nous cacher derrière un chariot d'entretien. Franchement niveau cachette, elle me déçoit. Une femme avec un bouquet de fleurs en sort. 

- T'es sérieuse là ? dis-je en toisant ma sœur d'un regard moqueur. 

- Oh ça va, tu as fini ? 

- On se lève en vitesse et rentre dedans avant qu'il soit appelé à un étage supérieur ou inférieur. 

- Charlie, doucement! Je ne peux pas aller si vite que toi, nom de Dieu. 

 Les portes se referment. Elle appuie comme une folle sur le bouton du rez-de-chaussée. Si elle continue, elle va juste finir par nous bloquer et c'est une de mes phobies. L'ascenseur ralentit et s'immobilise. Les portes s'ouvrent. 

- Bonjour les filles. dis-je d'une voix grave. 

- Ahh! Joy, tu fais chmir! dit-elle en me tapant le bras et par inadvertance, faisant voler une de mes béquilles.

Moi qui me moquais gentiment d'elle, me voilà à râler en applaudissant sa maladresse. 

- Bravo Charlie! 

Sexy ChocolatOù les histoires vivent. Découvrez maintenant