Sexy Chocolat

Le voyage est un retour vers l'essentiel.

La journée commence mal. Vraiment très mal. Pas une pour relever l'autre. Nous nous sommes réveillés en retard et nous avons dû courir de droite à gauche pour arriver plus ou moins à l'heure au travail. En entrant dans les locaux de Bianca, nous nous dirigeons directement dans les bureaux de la direction voir le premier directeur général: Monsieur Rousseau.

Aujourd'hui pour la première fois depuis que nous travaillons ensemble, nous allons lui demander de nous accorder en urgence, un congé exceptionnel de deux semaines pour aller voir notre mère. Il est notre père de substitution, mais, c'est au directeur que nous devons nous adresser. En tant que père, il acceptera sans soucis, mais en tant que PDG, peut-il se permettre de se passer de deux employés en même temps?

- Les filles, enfin! On attend plus que vous ! nous gronde Maxime.

- Nous pour ? demande ma sœur.

- Ne me dites pas que vous avez oublié ? lance Maxime d'un ton exaspéré.

- Je suis désolée Max, mais à priori oui. Nous n'avons quasiment pas dormi de la nuit, on a eu un souci avec notre mère.

- Ah, mince, je suis désolée. Vous voulez en parler après le shooting photo, le numéro spécial été du magazine Bianca ? Demande-t-il pour nous rappeler en même temps ce que nous avions oublié.

- Oh Shit ! C'est aujourd'hui ? Le questionne-je horrifié d'avoir oublié

- Oui, tout doit être bouclé pour la fin de la semaine. Nous avons pris du retard... Pour toi, c'est ce matin dit-il en regardant le planning sur son portable. Charlotte c'est cet après-midi. Allez, oust, tu es attendu dans les loges pour te préparer.

- Vas-y Johana, je m'occupe du reste.

Je ne prends que mon téléphone avant de laisser mes affaires à ma sœur et pars en vitesse pour ne pas prendre trop de retard sur le planning.

Les loges sont dans un petit coin de la pièce à même le studio photo. Il fait chaud avec les éclairages et les grands ventilateurs qui tournent quasiment non-stop. L'air conditionné me manque par moment. Les Français n'y sont pas très adeptes prétextant que ça rend malade. Luc soupire fort en me voyant passer le pas de la porte. Il est le maquilleur et coiffeur de l'équipe. Il est très peu patient voire exigeant. Si d'habitude, je ne dis rien, là, il ne va pas falloir qu'il me cherche trop aujourd'hui.

- Tu es en retard! Je n'ai pas que ça à faire que d'attendre une femme qui se comporte comme une diva.

- La diva, elle t'emmerde de tout son être, Luc! Tu es là pour nous préparer, pas pour me faire part de tes commentaires.

C'est la première fois que j'ose lui répondre de cette manière, il est aussi choqué que moi. Il n'est pas le genre d'homme habitué à se laisser parler ainsi, ni à se faire marcher sur les pieds. Je ne suis pas du genre à répondre et aujourd'hui pour la deuxième fois de la journée depuis que je suis ici, j'arrive en retard et ose répondre à un membre de l'équipe. Il m'ordonne de me mettre en sous-vêtements en me tendant un peignoir, et de m'installer dans la chaise. Je ne dis rien et fais ce qui m'est demandé. Il manquerait plus que j'abîme la coiffure qu'il va me faire en retirant mes vêtements ensuite. Là, nous aurions le droit à une guerre sans fin. Il me penche un peu en arrière et passe de la crème dans les sourcils.

- Ne diminue pas mes sourcils, s'il te plaît.

- Je ne t'apprends pas ton métier, ne m'apprend pas le mien, Johanna!  articule-t-il froidement.

- Je sais. Je te dis simplement de ne pas me les faire fins. les dessiner sans toucher la taille.

- J'ai compris. Ne bouge plus, et ferme les yeux.