Chapitre 5

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-J'en ai marre, j'en ai marre!

-Drago?

Ces temps-ci, à chaque fois qu'il entrait dans la salle sur demande, Winnie entendait Drago se plaindre d'Harry Potter. Il ne lui disait jamais réellement ce qu'il faisait, mais à chaque fois, il entrait en colère et souvent, il en ressortait ainsi. Elle se demandait même s'il n'était pas en colère contre lui. Elle commençait réellement à croire que sa théorie était réelle et qu'il était réellement amoureux de lui. D'un côté, elle aimerait que cela soit la raison parce que cela lui referait vivre son adolescence avec ces drames d'adolescents et elle voulait qu'il y ait de l'action. D'un autre côté, elle serait déçue qu'il soit amoureux de lui, parce que cela voudrait dire qu'une fille comme elle ne pourrait jamais l'intéresser. En même temps, elle ne pourrait jamais avoir de relation avec lui dans sa condition...

En même temps, elle se demandait bien pourquoi il serait jaloux de lui: Drago avait grandi avec ses deux parents, de l'argent, des amis... Elle ne savait pas de quoi il pourrait être jaloux, mais elle ne comptait pas lui demander. Il pourrait alors être en colère contre elle et elle ne voulait pas cela.

Il pourrait réagir mal, peut-être même brisé son miroir et elle n'était pas prête à mourir ainsi, même si elle avait souvent pensé à le faire.

-Qu'est-ce qu'il a fait encore?

-Lui? C'est un idiot, avec ce stupide Weasley et cette stupide miss-je-sais-tout qui n'est qu'une sale sang-de...

-Stop, le coupa-t-elle. Jamais, au grand jamais, Drago Malefoy, tu ne vas utiliser ces mots en ma présence.

-Ah, oui? il dit, de manière arrogante. Et qu'est-ce que tu vas faire, si je le dis? Ce n'est pas comme si tu pouvais m'en empêcher, tu es un miroir, juste un miroir. Elle n'est qu'une sale Sang-De-Bourbe!

Quelque chose se brisa en elle. À cet instant dans sa vie, c'était la pire insulte qu'elle pouvait recevoir. Elle n'était pas qu'un simple miroir, elle était plus que cela. Elle était, même s'il était peut-être difficile de le voir, Winnifred était, de manière partielle, une humaine, vivante.

Elle qui avait mis si longtemps à se bâtir une confiance en tant que jeune femme prisonnière, c'était presque comme s'il lui avait donné un coup de poing.

Drago avait cessé de lui porter attention, continuant de proférer des insultes sur les gens qu'il avait nommés et, sans tenir compte de Winnie, continuant d'utiliser le mot interdit.

Pendant ce temps, Winnie ne faisait que se retenir de pleurer. Elle ne voulait pas qu'il revienne à la charge, elle ne voulait pas en entendre plus de commentaires à son égard.

Lorsque Drago quitta la pièce, Winnie éclata en sanglots.

Elle avait la qualité d'être amie avec tout le monde, mais aussi le défaut d'être sensible. Lorsqu'on lui parlait ainsi, elle se sentait faible, elle se sentait impuissante et elle détestait cela.

Ce qui la blessait encore plus était, d'abord, qu'il avait raison et qu'elle ne pouvait rien faire de plus qu'être présente dans la pièce.

Et ensuite, le fait que cela vienne de lui la chamboulait. Elle savait comment il était, les fantômes de l'école lui avaient déjà dit. Pourtant, cela faisait déjà quelques semaines qu'ils se côtoyaient, elle aurait cru qu'il se serait habitué à elle et qu'il aurait un peu plus de respect.

C'est à ce moment qu'elle comprit qu'elle s'était donné de l'importance parce que c'était ce dont elle avait besoin, mais qu'en réalité, elle n'était qu'un autre objet de la salle sur demande sans importance à ses yeux.

[...]

Plus tard dans la journée, Drago retourna dans la salle sur demande. Il n'avait plus de cours et il y avait un livre qu'il souhaitait lire qui pourrait l'aider. Son père lui avait envoyé le matin même et c'était le bon moment pour le lire.

En entrant dans la salle sur demande, il eut l'impression qu'elle était vide. Pourtant, depuis la dernière fois, celle-ci n'avait pas changé, aucun objet ne semblait avoir bougé.

Chassant cette idée, Drago se dirigea vers l'armoire sur laquelle il travaillait. Il y avait fait apparaitre un petit sofa, c'était plus confortable pour lire et travailler.

Il s'installa confortablement et commença sa lecture. Ce qu'il aimait de cette salle, c'était surtout qu'il pouvait y faire apparaitre ce qu'il voulait. Par exemple, il avait froid et pour régler le problème, il avait fait apparaitre un feu de cheminée. Il n'avait qu'à y penser très fort et cela l'impressionnait.

Après quelques minutes de lecture, Drago releva les yeux. C'est à ce moment qu'il comprit ce qui le tracassait: habituellement, il était accueilli par Winnie.

Sauf présentement.

En observant son miroir, il vit qu'il était vide. Il ne pouvait pas voir son reflet, mais il ne pouvait pas non plus apercevoir la jeune fille.

-Winnie? Winnie, où es-tu?

Ce n'était pas que Drago s'inquiétait pour elle, ils ne se connaissaient pas.

Mais quelque chose le rattachait à elle. Il aimait bien son sourire. Il aimait aussi le fait qu'elle ne le jugeait pas. Il savait qu'elle savait qu'il n'était pas quelqu'un de bien, pourtant, elle agissait toujours de manière égale avec lui.

-Quoi? Tu n'es pas obligé de crier, tu sais? Je ne suis pas sourde.

-Est-ce que tu peux voyager entre les miroirs, comme les éléments d'un tableau entre eux?

-Non. Tu penses que je resterais ici si c'était possible?

-Alors où étais-tu?

-J'ai la possibilité de disparaitre. De toute manière, qu'est-ce que ça te fait?

-Quoi?

-Je ne suis qu'un stupide miroir, qu'est-ce que cela te fait que je ne sois pas présente?

-Pourquoi est-ce que tu penses cela?

-C'est ce que tu m'as dit la dernière fois. J'ai bien compris qu'au fond, tu n'en avais rien à faire de moi et que je te dérangeais. Voilà, tu n'as donc pas à t'en faire, je ne vais plus te déranger, j'ai compris le message.

-Je... Je...

-Oui?

-Je ne le pensais pas, je... Je... Je suis désolé, dit-il enfin. Reste, tu... Tu es la seule personne ici présentement qui... Enfin, que je supporte un peu. Tu m'énerves, je ne te le cacherais pas, mais en même temps, tu ne me déranges pas.

-Vraiment?

-Oui, soupira-t-il.

La jeune femme lui fit un sourire et, contre toute attente, Drago étira un peu ses lèvres, de sorte qu'elles forment un semblant de sourire.

Peut-être seraient-ils réellement amis, après tout. Il faudrait simplement qu'il change ses habitudes et qu'il cesse de dénigrer les gens, mais elle le ferait travailler. 

Le miroir de l'âmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant