Chapitre 8

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Depuis que Drago avait fait apparaitre une fenêtre dans la salle sur demande, Winnifred ne pouvait se lasser de contempler les paysages face à elle. Elle adorait voir la neige tomber, il y avait si longtemps qu'elle n'en avait pas vu.

C'était magique.

Elle aimait de plus en plus ses moments avec Drago. Elle se sentait bien avec lui. Elle savait qu'il venait principalement dans cette salle pour réparer son armoire et que bientôt, il ne viendrait plus la voir. Cependant, elle avait choisi de profiter précieusement de ces moments avant qu'ils ne disparaissent.

Même s'il n'était pas toujours agréable, Drago restait le premier ami qu'elle avait depuis longtemps.

Drago était assis face à Winnie. Il avait reçu une lettre de sa mère et il préférait être au calme pour la lire. La grande salle était bruyante et ce que sa mère lui disait ne regardait personne sauf lui. Il savait que les autres serpentard tenteraient de savoir qui lui avait écrit et pourquoi. Il leur dirait en temps voulu si c'était réellement nécessaire.

En le voyant arriver, Winnifred avait tout de suite demandé à Drago d'ensorceler un livre pour qu'elle puisse lire. En jetant un simple sort, les pages du livre tournaient par elles-mêmes dès que la personne qui lisait terminait la page.

Elle adorait la magie. Ce n'était pas la première fois qu'il le faisait et pourtant, elle s'émerveillait à chaque fois.

-Ta mère va bien? demanda la jeune femme en voyant qu'il repliait la lettre.

-Oui. Mon père semble difficile à gérer, mais de manière générale, elle semble bien se porter.

-Vas-tu aller la voir à Noël?

-Je ne sais pas encore. Elle me demandait justement de revenir avec elle pour les fêtes. Je verrai à ce moment.

-Es-tu proche de ta mère?

-Oui, je pense. Je ne ferais pas tout cela si sa vie n'était pas en jeu. Nous avons passé beaucoup de temps seuls, mon père à souvent été absent, au ministère, en prison... Elle est ma seule réelle famille.

-Je me souviens comment Narcissa était gentille avec moi. Elle était la plus gentille des serpentards. Elle essayait de le cacher pour ressembler à Bellatrixe, mais cela la rattrapait toujours. Rien ne m'étonne dans tes paroles. Je suis persuadée que même si elle est surement plus froide parfois, elle doit toujours être tendre avec toi.

-Comment était ta famille?

-Ma mère était contrôlante, mais pas regardante. Elle aurait voulu que je suive le modèle prescrit pour les sang-purs, mais elle a bien vu que j'étais amie avec tout le monde, alors elle a lâché prise. Mon père ne voulait que mon bonheur, et si ça lui rapportait, c'était un plus.

-Si ça lui rapportait?

-Enfin, si je ne ternissais pas l'honneur de la famille, si je ramenais quelqu'un d'influent à la maison... Ils digressaient un peu du modèle de famille sang-pur traditionnel.

-Avais-tu des frères et sœurs?

-Ma sœur, Wynonna. Elle était une parfaite serpentarde, mais elle était aussi ma meilleure amie.

-Sais-tu où elle est, aujourd'hui?

-Décédé lors de la Première Guerre.

-Je suis désolé.

-Ça fait longtemps, maintenant. J'aime croire qu'elle continue de veiller sur moi d'en haut.

-Je suis persuadé qu'elle le fait.

Il y eut un moment de silence. Il y en avait souvent entre les deux, mais Winnie ne les trouvait jamais gênants, elle était bien avec lui. Voyant que Drago semblait bien et serin aujourd'hui, Winnie décida de lui poser une question qui lui trottait en tête depuis un moment.

-Drago?

-Oui?

-Pourquoi es-tu si gentil avec moi? Tu sais, je... Enfin, je parle avec les fantômes et tous m'ont dit que tu étais quelqu'un d'odieux. Que si ce n'était pas quelqu'un de serpentard, tu n'avais aucune considération.

-Ces morts n'ont rien de mieux à faire que de parler de moi? il demanda, toute trace de joie envolée de son visage.

-Ne leur en veux pas, ils ne peuvent rien faire de mieux, elle tenta d'ajouter. Alors, dis-moi, pourquoi?

-Parce que tu vaux mieux que les autres, et, de toute manière, être méchant avec toi ne m'apporterait rien.

-Et avec les autres, oui?

-Je n'ai plus envie d'en parler.

-Mais...

-Winnifred, non!

Elle détestait l'entendre crier, encore plus lorsque c'était sur elle qu'il criait. Elle le vit se lever et partir sans un mot de plus. Ne pouvant rien faire de plus, elle reprit la lecture du livre qu'il lui avait involontairement laissé.

[...]

Le soir même, Winnie eut la surprise de voir Drago revenir. Celui-ci semblait presque gêné.

-Salut... Je... J'ai vu que dehors, il ne neigeait pas et qu'on voyait bien les étoiles. Aimerais-tu que je transforme la salle sur demande pour qu'on puisse les regarder?

Drago ne s'était jamais senti ainsi. Jamais, au grand jamais, il ne s'était senti obligé ni avait eu l'envie de se faire pardonner. Pourtant, lorsqu'il la regardait, lorsqu'il pensait à cette femme enfermée, il ne souhaitait qu'une chose: la voir sourire. Il se sentait tout drôle, jamais il n'avait éprouvé ces sentiments. Il préférait ne pas s'attacher aux gens, il préférait être seul et pourtant... Pourtant, il voulait la voir sourire.

Il détestait son sourire. Pourtant, il ne voulait jamais cesser de le voir.

La jeune femme hocha la tête à sa proposition. D'une manière inexplicable, la salle se transforma en jardin, le plafond en ciel étoilé. D'une manière délicate, il coucha la jeune femme au sol et s'étala auprès d'elle.

-Je ne suis pas quelqu'un de bien, Winnie. Ce que ces fantômes t'ont dit est vrai. Je déteste les gens, je déteste être gentil. Je préférerais être ailleurs et vivre ma vie loin des gens stupides. Pourtant... Je ne sais pas, peut-être que c'est parce que tu ne m'as jamais réellement vu, mais j'ai envie d'être gentil avec toi.

-Tu sais, Drago, je me moque de ce que ces fantômes disent. D'accord, peut-être que je les crois, que je ne doute pas de leurs descriptions sur toi. Cependant, je crois encore plus en ce que je vois. Et ce que je vois, c'est un garçon qui n'a pas le choix et qui est incompris. Et je vois un jeune homme qui pense ne pas savoir comment être gentil et qui, pourtant, ne cesse de vouloir me rendre heureuse. Tu me fais sentir spéciale, Drago Malfoy.

Impuissant, une larme s'échappa des yeux du blond. En quelques semaines, elle avait compris ce que tant ne semblaient pas comprendre. Ne sachant pas quoi répondre, Drago resta allongé près du miroir, perdu dans ses pensées. 

Le miroir de l'âmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant