The black lady II

LXXXVIII - Lui

Les routes sont beaucoup plus petites et étriquées à Accra qu'à LA. Mon pays me manque cruellement.

Je me suis pris un peu sur le tard pour ce voyage alors j'ai pris un avion de ligne avec Bean. C'était même plutôt cool de voyager en classe éco pour une fois. J'ai adoré l'expérience mais on a totalisé au moins 38h de vol avec les correspondances alors je suis complètement épuisé. J'ai pris une journée entière pour récupérer et depuis, je recherche la mère de Naya.

Je ne veux pas lui demander sinon elle saura que je suis ici du coup j'ai décidé de me débrouiller tout seul. C'est pas facile de se retrouver dans un pays étranger avec des noms de rues que je ne connais pas. Mais ici c'est de la balle. Personne ne me reconnaît et je peux me permettre de sortir dans la rue sans casquette et lunettes de soleil.

Le Ghana est un beau pays. Ça change de LA et de son agitation habituelle. L'aéroport de Kotoka est minuscule par rapport à celui de LA mais ça reste quand même gigantesque. L'architecture ici est plus noble on va dire. Certes, la plupart des bâtiments sont construits sur un modèle moderne mais y en a certains qui sont spéciaux. Étant un passionné d'architecture tout cela me fascine. J'aurais bien aimé visiter ce pays avec Naya pour qu'elle me montre tout mais ce n'est que partie remise, si je ne viens pas avec elle dans cette vie, ça sera dans l'autre.

Pendant que Bean s'activait à me dénicher la localisation de la mère de Naya, je me jouais les touristes. Hier j'ai juste pris une bouteille d'eau, du liquide et mon téléphone et je suis parti faire le tour de la ville.

On s'est bookés dans un hôtel plutôt pas mal: Kempinski Hotel Gold Coast City Accra. Il n'est pas si différent du platza à New-York. Tout est mis à ma disposition mais j'ai eu envie d'essayer par moi même. Je ne voulais pas d'un chauffeur tout frais payé qui se contentait de m'emmener là où je lui demandais sans plus c'est pour été raison que je voulais prendre les taxis communaux, les bus et il y a même des motos. Pas trop grosses mais ça permet le transport des personnes. C'est très satisfaisant comme moyen de déplacement . Bean a flippé jusqu'à ce que je revienne. Il m'a récité son speech habituel «Spencer il faut que tu restes à ma portée parce qu'on est dans un pays étranger. Le danger est partout » mais de quel danger il parle quand la majorité des personnes ne me reconnaissent pas.

Quand je monte dans un taxi, ils me prennent pour un touriste lambda pour mon plus grand plaisir. Ma deuxième escapade c'était sans compter sur Bean. Il m'attendait de pied ferme alors j'ai bien été obligé de le trimballer dans ma visite à condition qu'il n'agisse pas comme un bodyguard. Les gens se mettent à faire des recherches quand quelque chose sort de l'ordinaire et je n'ai pas envie d'ameuter les paparazzis jusqu'ici.

On a vu le Kwame Nkrumah Memorial Park and Mausoleum qui est un parc commémoratif avec un imposant mausolée et un petit musée d'Histoire en honneur au premier président du Ghana. C'était magnifique. L'histoire est magnifique. Le père fondateur de la république démocratique et indépendante du Ghana a longtemps gouverné son pays dans la paix d'ailleurs il a initié pas mal de projets qui aujourd'hui persistent encore.

Malheureusement alors qu'il est en voyage en Chine, Nkrumah est renversé, sans aucune résistance, par un coup d'État militaire qui pourrait avoir été incité par la CIA. Je ne sais pas ce qu'ils viennent chercher dans le pays d'autres personnes néanmoins il se réfugie  en Guinée, chez son ami Sékou Touré, qui lui propose vainement la coprésidence du pays. Il fonde alors, dans son pays d'exil, une maison d'édition qui publie ses théories révolutionnaires et ses livres sur l'Unité africaine. Le 27 avril 1972, il décède dans un hôpital de Bucarest, à la suite d'un cancer de l'estomac. Il reste jusqu'aujourd'hui adulé sur sa terre natale. Vous pourrez chercher sur pour plus de détails encore.