LIV - Elle

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18heures de travail. 16 Août.

Je suis arrivée à l'hôpital hier à 15heures et je n'ai réussi à l'expulser de mon ventre qu'à 9heures. J'ai souffert le martyre. Littéralement. Ma mère est Sandrine sont restées avec moi mais Sandrine a dû rentrer finalement dans la nuit car elle devait ouvrir le café.

J'ai gémis, geint, pleuré pendant un peu moins de 18heures. La douleur était insupportable mais je me devais de tenir pour lui. J'ai catégoriquement refusé la péridurale d'une part parce que j'avais une peur bleue de l'aiguille mais aussi parce que je me punissais d'avoir infligé une grossesse surprise à mon corps.

Est ce de ma faute si je suis tombée enceinte? Je crois que oui. J'ai mal pris mes pilules alors que je savais que Spencer ne se protégeait pas. Si je lui en veut de m'avoir foutu en cloque ? Non mais j'ai la haine qu'il ne soit pas là avec moi... il mérite de vivre cette expérience avec moi. Certes elle n'est pas voulue mais qui sommes nous pour aller à l'encontre du destin?

Je me suis baladée dans tout l'hôpital pendant la nuit à marcher comme un crabe attendant que ce foutu bébé finisse par pointer le bout de son nez et au bout de 18 heures d'attente, il est sorti.

Non seulement j'ai failli y laisser ma peau en le faisant sortir mais une fois que je l'ai tenu dans mes bras tout en sueur, j'ai failli faire une attaque en constatant qu'il ne respirait pas. Eh oui, je n'étais pas au bout de mes surprises.

-Pourquoi il ne crie pas? J'ai demandé au docteur en constatant que son corps ne bougeait pas sur ma poitrine et de là tout a commencé à s'enchaîner.

Ils me l'ont arraché sans attendre une seconde de plus alors que j'étais en pleurs. Je ne savais pas ce qui lui arrivait, je n'ai même pas pu voir son visage... j'ai juste vaguement entendu les docteurs prononcer les mots «détresse respiratoire». A partir de ce moment , j'ai commencé par paniquer et résultat je suis tombée dans les pommes.

Quand je me suis réveillée, j'étais confortablement installée dans ma chambre, ma mère et Sandrine a mes côtés par contre le petit bac transparent à côté de mon lit sensé contenir mon bébé est vide.

-Où est le bébé ? Qu'est ce qui lui est arrivé ? Il ne respirait pas maman... il est ...mort? Pitié ne me dites pas qu'il n'a pas survécu.

Voyant que je m'agitais, ma mère accourt pour me prendre dans de stras et me rassurer mais ça se voyait sur leur visage que les nouvelles n'étaient pas bonnes. Je redoute le moment où elles vont m'annoncer qu'il n'a pas survécu.

-Sandrine dit moi ce qui se passe...

Ma voix se brise sur la fin et je ne peux retenir la marée qui monte dans mes yeux.

-Le bébé se porte bien Naya.

La pression accumulée dans mon ventre redescends subitement . Il n'est pas mort. Mais pourquoi tirent-elles alors ses têtes là ?

-Mais? Je demande

-Il a une valvulopathie mitrale. C'est une malformation de la valve mitrale ce qui fait que son cœur ne fonctionne pas correctement. C'est ce qui était à l'origine de sa détresse respiratoire.

-Ça veut dire qu'il ne va pas survivre? Je demande histoire d'être fixée.

-Non pas nécessairement mais il faut faire attention. Le docteur a dis qu'il lui fallait une opération à coeur ouvert pour lui remplacer la valve défaillante mais à cet âge impossible de la faire. Il faut attendre 4 ou 5 ans histoire que le coeur prenne sa taille normale. Pour le moment l'intervention est tout bonnement impossible.

-Le fait qu'on ne l'opère pas maintenant augmente son taux de morbidité. Il faut le surveiller en permanence pour pas qu'il fasse un arrêt cardiaque, ajoute ma mère en me caressant doucement le poignet.

The black lady IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant