XCV - Elle/Lui

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LUI

Je secoue la tête pour chasser le souvenir de la voix haletante de Naya. Ses voyelles liquides de plaisir. Ses consonnes un peu rugueuses. Son timbre grave, légèrement éraillé. Bordel, elle a une de ces voix ! Et sa façon d'onduler sous moi...

Depuis quatre jours, ça m'obsède. Depuis qu'elle m'a réveillé à cinq heures pour que je la dépose au travail. Eh oui... c'est moche mais Hastings veut qu'elle travaille un 25 Décembre. J'ai voulu intervenir mais elle me l'a formellement interdit. Puis c'est que quelques heures et c'est pour partager des cadeaux pour les plus démunis dans le cadre de son association caritative. Ça m'a fait chier mais je pouvais pas faire autrement. Je vais devoir être endurant et supporter Efia et sa mère pendant quelques heures seul lorsque Naya sera entre deux avions entre LA et San Fransisco. C'est juste 1h de vol et je dois tenir encore jusqu'à 14h.

-Spencer, lève-toi. Lève-toi, je te dis ! Je dois y être dans quinze minutes.

– Dans quinze minutes ? Mais c'est dans une éternité, ça. Laisse-moi dormir encore un peu.

– Non, pas question. Debout, fainéant !

– Pitié...

– Allez ! Je t'ai préparé un thé.

– Un thé ? Le jour n'est pas encore levé et tu veux me faire sortir du lit avec du thé ? Non mais tu m'as pris pour qui, Naya ?

– Pour la reine d'Angleterre. Allez, ne m'oblige pas à employer la force.

– C'est vrai, j'avais oublié...

Le souvenir m'arrache un sourire. Notre échange musclé. Son rire voilé, sexy. Sa spontanéité de gamine. La façon dont elle n'a pas hésité à me balancer l'oreiller en plein visage pour que je bouge. Cette nana est vraiment intrépide. Et drôle.

D'un coup, je remarque que Will, assis en face de moi, m'observe d'un air interrogatif. Pour une raison que je connais très bien, Efia l'a invité. Il faut dire que depuis ce matin, j'ai des moments où je décroche complètement de la conversation. Ma petite sœur, comme toujours perspicace, a l'air de s'en rendre compte. Du moment qu'elle ne sait pas ce que j'ai en tête...

Depuis que Naya a pris son foutu avion pour Nullepart Fransisco, je ne pense qu'au sexe. Je suis complètement en manque. Il faut dire que ne pas me perdre en elle, ça ne m'était pas arrivé depuis... ce matin ! Je n'aime d'ailleurs pas cet état, j'ai l'impression d'être un lion en cage... Je voudrais vraiment évacuer un peu de cette tension avec elle.

Détrompez vous, ce n'est pas que du sexe mais depuis que je l'ai enfin retrouvée, je m'évertue à rattraper chaque secondes de ma foutue absence et ça lui plaît bien.

Je ne voudrais pas paraître obsédé mais rapidement après son départ, mon envie entêtante de sexe est revenue. Alors je me suis branlé, en pensant à elle. Même pas à son corps, non, mais à sa voix, légèrement rauque, qui devient pourtant cristalline quand elle jouit. À ses yeux, défiants la plupart du temps, mais qui se floutent au moment où elle décolle. Rien que d'y penser, ça me fout la gaule.

Putain, je suis grave. En plein déjeuner avec la famille de Naya et la mienne!

Lamentable.

Qu'est-ce qui ne tourne pas rond chez moi ? C'est Noël, merde ! Ce n'est a priori pas le moment idéal pour me monter un film porno dans la tête ! C'est décidé : j'arrête de penser à Naya.

Si j'y arrive...

– Eliane, f'est trop bon les marrons glafés, se régale Kate en se resservant de la bûche alors qu'elle a encore la bouche pleine.

The black lady IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant