The black lady II

LXVIII - Elle

La tête ailleurs, Spencer nous a déposé Hope et moi dans mon appartement. J'ai bien envie de savoir ce qui le tracasse mais j'ai besoin de mettre la distance entre nous pour ne pas être touchée de plein fouet par ce qui arrive et je parle de son futur mariage.  Je me suis juste contentée de lui souhaiter une bonne fin de journée après qu'il ai embrassé sa fille. Il a attendu jusqu'à ce qu'on entre dans l'immeuble et a appuyé sur l'accélérateur juste après.

Le lendemain, j'ai promené Jedi tôt avec Hope bien couchée dans sa poussette puis après c'était la course. Je devais déposer Hope à la garderie avant de filer au boulot mais c'était sans compter sur ma voiture qui m'a lâché au dernier moment. J'ai dépensé une fortune en Uber aujourd'hui mais je finis par arriver au boulot avec une bonne heure de retard.

Dès que je mets un pied hors de l'ascenseur, Helen m'aborde furibonde. Ça se comprend. Je suis très en retard.

-Être en retard un lundi? Tu abuses !

-Désolée ma voiture m'a lâché au mauvais moment.

-L'avocat de Digital Film t'attend dans ton bureau depuis une demi heure. Bonne chance. Je te laisse gérer ça seule.

Je frappe mon front avec ma paume. J'avais complètement oublié que je devais voir l'avocat de la maison de production du film de Spencer. Il n'y a rien d'urgent en soi mais il veut juste savoir avec qui il va collaborer. Depuis on ne fait que s'échanger des mails et je pense qu'il en a eu marre et il a voulu rencontrer la juriste farouche qui a négocié les clauses des différents contrats avec lui. Je dois avouer que ce n'était pas une partie de plaisir parce qu'il a tout fait pour protéger les intérêts de l'entreprise qui l'emploie. en sois c'est ce qu'on attend d'un avocat et lui il est particulièrement doué pour ça.

-J'adore ta robe en passant, me lance Helen avant de se diriger vers son bureau.

-Merci, murmuré-je .

J'ai mis une petite robe bleu marine droite de chez Calvin Klein qui n'a rien d'exceptionnelle avec mes indémodables escarpins noirs. Je n'ai absolument pas fait d'effort aujourd'hui mais je suis contente que le résultat soit joli.

Je file dans mon bureau. Un homme est assis dans la chaise en face de la mienne. Dès qu'il entend la porte s'ouvrir, il se lève tout en ajustant son costard sur mesure. Je me croirais dans Suits.

-Vous avez une notion trop abstraite de la ponctualité mademoiselle Kane-Porter.

Même pas un bonjour avant de m'incendier mais je prends comme ça. Après tout je suis en tort.

-Excusez moi monsieur Hart. J'ai eu une panne mais je suis là maintenant.

Il se rassois pendant que je prend place. Je ne m'attendais pas du tout à ça venant de Digital Film. Je ne savais pas que leur chargé d'affaires juridiques était aussi ...jeune.

Collin Hart est un jeune homme de 26-27ans qui excelle scandaleusement bien dans son domaine. Je me rappelle que DF voulait payer 25000 dollars à une des actrices du film et je voulais faire monter le pactole jusqu'à 35000 mais je n'ai pas obtenu gain de cause. Je n'ai eu que 27000 mais à la place de l'argent restant, j'ai rédigé un contrat moins éreintant pour elle. C'était de bonne guerre.

-Je ne vous imaginais pas comme ça, il commence en croisant les jambes.

-Et je peux savoir comment vous m'imaginiez?

Il regarde mes bras posés sur la table, passe un œil sur mes cheveux et s'y attarde quelques secondes avant de finalement redescendre ses yeux vers mes bras.

-Les mails échangés étaient trop... catégoriques. On aurait dit un homme blanc.

-Vous faites du colorisme genré Mr Hart? Parce que j'ai l'impression que pour vous une femme à plus forte raison avec ma couleur de peau ne devrait pas être avocate.