The black lady II

CVIII - Lui

Naya est furieuse. Elle na pas plus décroche un mot depuis qu'on a quitté la soirée caritative d'Adam. Ses sbires ont refusé d'encaisser mon chèque alors j'ai tout bonnement haussé les épaules et je suis parti. L'ascenseur s'ouvre sur le penthouse et les talons de Naya claquent sur le marbre de l'entrée. Elle s'arrête pour les
enlever. J'en profite alors pour lui saisir le bras.

– Naya, qu'est-ce qui t'arrive ?

Elle ne répond pas, se contente de repousser ma main et de déposer sa pochette argentée sur une console. Elle enlève ensuite la barrette de ses cheveux, mais sa coiffure reste en place. C'est alors que je remarque une dizaine de petites épingles qui retiennent ses cheveux. Elle les enlève, une par une, pendant que je la regarde, stupéfait. Pas une seule fois elle ne me lance un regard.

– Qu'est-ce qui se passe ? je demande.

Nos yeux se croisent enfin.

– C'est à cause de moi si tu n'as pas pu faire ce don.

Je cligne des yeux.

– Quoi ?

– C'est de ma faute si tu n'as pas été pris ! s'exclame-t-elle. Visiblement, cet abruti a été rabaissé par une jolie fille dans le passé.

– Oui, mais je suis sûr qu'il a aussi été tyrannisé par des gars comme moi. Ça n'a rien à voir avec toi.

Adam n'a de positif que sa richesse. Il n'est pas si agréable à voir physiquement et à côté moi je suis plutôt beau, sans vouloir me jeter des fleurs. On n'a pas vraiment grandi ensemble. Je le connais juste parce que mon père s'entendait bien avec le sien et souvent c'était quand je venais chez mon père une fois toutes les deux semaines. Il n'y a pas d Rouen fort qui nous unit.

– Mais si ! Tu n'as pas entendu ce qu'il a dit sur moi ? Il n'y aurait pas eu de problèmes si je ne t'avais pas accompagné. Voilà ce qui se passe avec moi. J'attire les ennuis. Ce n'est pas ce que je cherche, mais c'est inévitable.

Elle soupire d'un air maussade avant de poursuivre :

– Tu détestes les drames, tu n'aimes pas attirer l'attention sur toi. Pourtant, toute la pièce te regardait à cause de moi. Parce que tu as choisi de me défendre.

Je me frotte le nez. De quoi parle-t-elle ? J'ai choisi de la défendre et de me défendre aussi, parce qu'Adam est allé trop loin. C'est ce que je ne cesse de lui répéter, mais elle secoue négativement la tête.

– Tu préfères être invisible. Mais regarde ce qui s'est passé en bas ! Tous les regards étaient braqués sur toi.

Elle a raison. Quand Adam s'est mis à hurler et à se comporter comme un salopard, je me suis vu comme poussé sous les feux des projecteurs. Je sentais les regards des curieux, j'entendais des chuchotements tout autour de nous. Mais quand je l'ai remis à sa place, je me fichais pas mal de savoir que tout le monde nous regardait et nous écoutait. Tout ce qui m'importait, c'était de signaler à Adam qu'il s'était mal comporté avec Naya. Pour moi, son attitude était inacceptable. J'ai dû me retenir pour ne pas enfiler mes gants de boxe et lui déboîter l'épaule.

– Justement, ma chérie. Tu es en train d'en faire tout un plat alors que ce n'est pas la peine.

– Je n'en fais pas tout un plat!

– Bien sûr que si. Tu exagères!

– Il n'y a rien à dire. Tu détestes être sous le feu des projecteurs, moi je n'attire que ça. Parfois, c'est intentionnel, mais pas le reste du temps, dit- elle avant de pousser un grognement. Tu adores aider les gens et par ma faute des milliers d'enfants souffrant de maladies graves vont mourrir. Bon sang, ce don était important pour toi !