LXV - Elle

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- Pourquoi tu me fais ça, Naya ?

- Je ne te fais rien, Spencer ... Et crois-moi, c'est bien plus difficile que d'agir.

Mes mains montent vers son visage pour l'effleurer, mais renoncent au dernier moment. Je les laisse retomber. Ses lèvres s'approchent encore un peu plus quand elles murmurent, dans un souffle :

- J'ai survécu quand tu étais loin de moi... Mais je crève que tu sois si près.

Mon cœur explose dans ma poitrine. Ses mots et l'intensité de sa voix me font perdre la tête. Je touche sa bouche interdite du bout des doigts. Il l'entrouvre. Je frémis. Il recule, je désespère. Il se rapproche encore. Et sur un coup de tête, un coup de folie, Spencer m'embrasse. Comme si c'était la première fois. Ou peut-être bien la dernière. Ses lèvres retrouvent les miennes comme si elles ne s'étaient jamais quittées. Comme si elles étaient faites exactement pour ça. Je m'abandonne à ce baiser fou, langoureux, vertigineux, je ploie sous sa force, son désir, sa passion, je m'étourdis sous sa langue, m'enivre de son odeur, de son goût, de sa sensualité que je n'ai jamais pu oublier.

Et le père de ma fille m'échappe. Il quitte ma bouche, mes hanches, mon espace vital pour me priver de lui. Il recule d'un bond et se plaque au mur d'en face. Ses pectoraux se soulèvent à toute vitesse. Ses mains viennent s'enfoncer dans ses yeux, puis glisser dans ses cheveux qu'il décoiffe. Il se mord la lèvre, sans doute jusqu'à se faire mal. Il se colle à ce mur pour mettre la plus grande distance possible entre lui et moi. Mais il ne part pas. Et ce mètre ne suffit pas.

Tout mon corps brûle et me fait mal. Tout mon cœur cogne et s'emballe. Je cherche à tâtons la poignée de la porte derrière moi. J'observe une dernière fois mon meilleur ennemi, mon plus grand amour, et je prends ma décision.

J'ouvre la porte et me terre à l'intérieur de la pièce , en refermant derrière moi. Dans la pénombre, je peux distinguer une table et un canapé. Cela ressemble fortement à une aire de repos.Je reste dos au mur, tout près, à bout de souffle. Je guette les bruits de pas qui pourraient s'approcher. Ou s'éloigner pour de bon. Je n'entends rien, je ne comprends rien. Mais je ressens tout. La trace de sa bouche sur ma bouche, de son souffle sur mon visage, de ses mains ancrées sur mon corps. De tout ce qui me manque déjà. Je me maudis d'avoir fui. Puis de l'avoir laissé m'embrasser. Je tuerais pour qu'il revienne. Je le supplie silencieusement de ne pas le faire. Et je rêve en secret qu'il me désobéisse.

- Oh, merde..., murmuré-je pour moi-même.

Il semble m'avoir entendue et la porte s'ouvre. Le géant se jette sur moi et claque la porte derrière lui. Ses mains se plaquent sur le mur, de chaque côté de mon visage. Ses lèvres s'arrêtent à un centimètre des miennes. Il semble perdu, furieux, fou de colère et de désir pour moi, tout à la fois.

Sa main droite glisse le long de mon bras nu, de ma hanche, s'arrête à la cambrure de mes reins.

-Dis-moi de m'en aller, gronde sa voix.

- Spencer...

- Il faut que je me casse d'ici, ou je vais tout foutre en l'air, murmure-t-il sur un ton qui me bouleverse.

Sans le chasser, sans le retenir non plus, je plonge dans ses yeux en tentant d'ignorer les battements de mon cœur qui cogne, qui saute, qui tempête. Je le contemple, je le bouffe du regard... et je cède. Je me hisse sur la pointe des pieds, je m'agrippe à son cou et je l'embrasse, sans plus penser à autre chose qu'à mon désir.

Ça fait presque deux putain d'années qu'on ne m'a pas touchée.

Personne depuis lui.

Nos corps se retrouvent enfin et le mauvais garçon en lui se réveille. Ses paumes glissent sous mon haut en soie, remontent jusqu'à mes seins, les libèrent du tissu qui les emprisonne. Je soupire contre sa bouche, il pince mes tétons. Tout va très vite. L'adrénaline, le manque, l'interdit nous rendent impatients, insatiables. Je suis aussi brûlante et fébrile que je le sens dur contre moi. Sa langue vient caresser ma lèvre du haut, puis goûte à celle du bas, plus pulpeuse. Il la mordille jusqu'à me faire gémir de douleur. De plaisir.

The black lady IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant