The black lady II

CIIX - Elle

Lundi matin, pantalon tailleur gris, chemise blanche et escarpins noirs.

Le travail reprend à un rythme effréné. J'ai du mal à décrocher du week-end passé avec Spencer tellement c'était jouissif, au sens propre comme au figuré mais je suis bien obligée d'aider Hastings à faire tourner sa boîte . Hope a passé un bon week-end avec ses deux mémés pendant que papa et maman faisaient du sport à l'horizontal.

D'ailleurs il faut que je prenne ma pilule que j'attrape dans mon sac à main et la fourre dans ma bouche. Spencer ne met pas de préservatif parce que je m'assure de prendre la pilule. Je ne veux pas d'autre «surprise». Je ne suis pas psychologiquement prête pour ça. D'ailleurs je suis sure qu'Hope préfère être fille unique, la petite poupée de son papa.

Je comprends maintenant pourquoi Spencer avait peur d'avoir un gosse. Quand sa fille est dans les parages, il devient complètement gaga et perd toute sa virilité. Il fait des bruits d'oiseaux et grimace comme un clown. Comment voulez vous qu'il fasse peur dans ces circonstances?

Mais c'est ce qu'il aime. Rester impassible, ne pas laisser deviner ses émotions aux gens autour de lui, paraître froid limite glacial mais c'est mort tout ça avec Hope. Il devient un papa heureux et j'aime le voir comme ça.

Quand je sors de mon bureau, j'aperçois Simone, notre nouvelle secrétaire en train d'essayer de faire de l'œil à Carter qui n'y est clairement pas réceptif. Ou peut être qu'il l'est mais il est beaucoup trop focalisé sur ma protection. Depuis la lettre d'Ivana, il met beaucoup la pression à Bean qui transmet la même énergie à son staff.

Souvent à midi il m'accompagne chercher Hope et la déposer soit chez Sandrine, soit chez Eliane avant de revenir au boulot. Quand je ne suis pas libre, Spencer se charge d'aller la récupérer . Dans tous les cas je refuse que notre fille manque d'amour parce que ses parents sont beaucoup trop occupés. Elle reste notre priorité.

Carter se dirige vers moi de s à démarche robotique.

-Je ne pense pas que ton boss apprécierait que tu m'accompagnes aux toilettes.

Il plisse les yeux et croise ses mains dans son dos.

-Je vais juste faire pipi. Pas besoin de me suivre. Je reviens tout de suite.

Il obtempère et je file aux toilettes avant de me vider dans mon caleçon. Je me lave les mains et me tamponne légèrement le visage avec l'eau pour me rafraîchir sauf que lorsque je relève la tête, j'aperçois le reflet terrifiant d'Ivana dans le miroir. Je n'ai même pas le temps de me retourner qu'elle me saisit par les cheveux et braque un couteau sur ma gorge. Mon Dieu qu'est-ce qui va m'arriver?

Je vois ma vie défiler devant moi si jamais elle fait ce qu'elle a en tête. Mes mamans vont mourrir de chagrin, Spencer va vriller et Hope sera orpheline de mère. Mon pire cauchemar est sur le point de se réaliser et je n'ai rien de plausible pour empêcher ça. Je suis complètement dans défense.

-Comme on se retrouve petite kukla (poupée)

Je suis projetée quelques années en arrière à l'entente de ce nom russe. Ivana avait l'habitude de m'appeler comme ça parce qu'elle faisait exactement tout ce qu'elle voulait avec moi. J'étais sa marionnette, sa poupée désarticulée qu'elle se permettait de manipuler à sa guise.

- Alors? Parce que madame couche avec un millionnaire elle se permet d'ignorer les demandes que j'ai faites dans ma lettre?

J'aurais dû vraiment m'appliquer en cours de self-défense plutôt que de m'amuser avec Spencer. Je regrette vraiment. Et puis, dans tous les scénarios qu'on s'est fait, aucun n'impliquait un couteau tranchant collé à ma gorge. Je flippe à l'idée de tenter quelque chose et de me louper mais j'essaye quand même.