Chapitre 40

137 8 20
                                    

Emilya, 14h, QG.

Mes doigts glissent lentement le long de la longue cicatrice de James, tandis que ce dernier se contente de me maintenir contre lui.

Cela fait quelques minutes que nous sommes nus dans son lit, sans que l'un de nous n'ose parler.

Ma tête sur sa poitrine, j'entends les battements de son cœur s'accélérer, et il brise le silence en me demandant :

- Est ce que c'est parce que tu m'as vu tuer que tu es partie ?

Mes sourcils se froncent à l'entente de sa voix basse et hésitante.

Je relève mon visage pour le regarder.

Ses yeux sombres me fixent avec inquiétude.

- Non, James, bien sûr que non...

Son regarde passe furtivement sur mon visage, me donnant des frissons, puis il détourne la tête.

Je m'assois à côté de lui, tout en déposant délicatement une main sur sa joue pour qu'il me regarde à nouveau.

- Pourquoi tu poses cette question ? Je demande dans un murmure.

Il avale avec difficulté, j'entends son cœur battre un peu plus vite.

- La première fois que tu es partie, il commence d'une voix ferme, c'était quand j'ai tué Brown, sous tes yeux.

J'aquiesce sans le quitter des yeux.

- La deuxième fois, j'ai tué Éros, devant toi également.

J'ouvre la bouche pour répondre, mais je m'arrête quand il dépose une main sur ma cuisse, et qu'il commence à la caresser lentement avec son pouce.

Il ne m'avait pas caressée depuis que nous avions terminé nos ébats.

C'est réconfortant.

- Je t'assure, Emilya, il continue alors que son regard est plongé dans le mien. Que tu n'auras plus jamais à voir ça, tu ne me verras plus tuer.

Je carresse sa joue, et je marque une pause pour observer ses beaux yeux noirs, dans lesquels semblent danser une multitude de flammes.

Il enlève furtivement sa main de ma cuisse, me ramenant à la réalité, et je lui réponds :

- Ne t'inquiètes pas, ce n'est pas ça qui m'a poussée à partir. Et ça n'a pas changé l'image que j'avais de toi. Je fronce les sourcils en me rappelant de ces deux dernier mois. Pour être honnête, je n'y ai même pas beaucoup pensé.

Je repense à mon adolescence.

Je repense aux pièces à conviction sur le bureau de mes parents, les photos de cadavres mutilés, décomposés, torturés.

Je repense à leurs discussions à table.

Je repense à Noah.

Les meurtres ont fait part de ma vie plus tôt que ce James pense. Et j'ai réussi à mettre une certaine distance vis à vis de ce sujet, si bien que ça ne m'atteint presque plus.

C'est devenu banal, le quotidien.

Je lui souris simplement, en chassant ces mauvaises pensées, et je me lève pour aller me rhabiller.

Je rentre dans la salle de bains, enfile ma culotte, et nettoie un peu mon visage à l'eau.

Quand je sors, James se tient maintenant sur ses coudes, et m'observe, l'air plus détendu.

Putain, ses épaules.

Je tente de rester concentrée sur son visage, mais mes yeux ne font que glisser le long de son torse et de ses bras, où de belles veines saillantes sont visibles.

Nos âmes solitairesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant