BLOOMING

1. Rose Jaune

Hana

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— Je peux te laisser gérer la caisse ?

— Oui patronne, lança Cerise en m'adressant un salut militaire.

Un sourire étira mes lèvres tandis que je me retenais de lever les yeux au ciel. Le comportement de mon employée et amie m'amusait plus qu'autre chose. Elle était un vent de fraîcheur dans cette boutique, et dans ma vie. Sa joie de vivre égayait toujours mes journées.

— Tu veux de l'aide ? me demanda-t-elle soudainement en me voyant attraper les caisses que j'avais mis de côté il y a quelques minutes.

— Non, reste à l'intérieur, lui dis-je. T'inquiète pas, j'ai l'habitude.

Elle hocha la tête avant que je ne me dirige vers l'extérieur de la boutique. En passant, je croisais une de nos clientes fidèles que je saluais chaleureusement.

— Madame Marchand ! Vous allez bien ? On a reçu les jasmins que vous nous aviez commandé, vous pouvez voir ça avec Cerise, elle a tout préparé pour vous.

— Merci ma petite, me répondit-elle. Vous êtes toujours aussi charmantes.

Je lui adressai un sourire et repris mon chemin.

Une fois à l'extérieur, je déposai les caisses sur le sol, près des présentoirs qui habillaient le devant de la boutique. Je devais les réarranger et rajouter quelques plantes. C'était aussi ça le métier de fleuriste, cela ne s'arrêtait évidemment pas à la vente. Il fallait constamment ranger, commander, réapprovisionner, s'occuper des fleurs pour qu'elles soient dans les meilleurs conditions, créer les bouquets qu'on nous commandait. Et parfois il fallait porter ces caisses lourdes de plantes pour qu'elles soient mises en valeur sur nos présentoirs et qu'elles trouvent un acheteur.

Mais ça ne me dérangeait pas, j'aimais ça même. J'adorais toutes les facettes de mon métier et ce quotidien que je m'étais créé en faisant de ma passion un job à plein temps. Et j'avais cette satisfaction, cette fierté de perpétuer l'ouvrage de maman, celui que j'avais en héritage. Elle qui avait tellement sacrifié pour accomplir son rêve, je voulais aujourd'hui la rendre fière, où qu'elle soit.

Ce fut donc avec le sourire que je complétai mon présentoir extérieur avec les nouvelles azalées japonaises en pot que nous venions de recevoir. Ces fleurs roses étaient si fines, si douce à mes yeux et au touché, je ne me lasserai jamais de les regarder.

Je les maniai avec délicatesse et amour. Chaque fleur était précieuse à mes yeux. Chaque fleur me rappelait la douceur que ma mère m'avait donnée et transmise, alors j'en prenais soin. Je touchais chaque plante, chaque pétale comme s'il s'agissait de la chose la plus fragile au monde. Et c'était le cas.

Et puis toutes ces fleurs m'apportaient une grande sérénité qui était seulement exacerbé par le calme de la rue. A cette heure-ci, il n'y avait pas beaucoup de passage, seulement quelques piétons habitués du lieu, et je m'en réjouissais. C'était l'heure parfaite pour travailler dans le calme avant que les voitures ne s'activent à nouveau, que les enfants sortent de l'école, que les gens sortent du boulot, que toute la ville s'active à nouveau. J'aimais cette petite rue qui parvenaient, à quelques heures spécifiques de la journée, à échapper au brouhaha parisien.

Du moins habituellement. Parce que le calme fut soudainement brisé par des voix qui s'élevèrent à quelques mètres de moi. Des voix féminines qui se rapprochaient de plus en plus, et qui ne semblaient pas affectées par le fait de dévoiler ce qui était vraisemblablement une dispute au grand public.

Et même si j'aurais voulu respecter leur vie privée et ne pas m'immiscer dans leur conversation ou leurs problèmes, leurs voix m'apparaissaient désormais tellement distinctement que je ne pouvais m'empêcher d'écouter.