3. Indestructible

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Hana

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Je pris une grande inspiration et soulevai la caisse que le livreur venait de sortir de son camion. Il n'en restait plus que deux, Cerise se chargea de la dernière. Nous étions à l'arrière de la boutique, c'était l'endroit le plus pratique pour les livraisons et il nous donnait ensuite directement accès à l'entrée de notre atelier. C'était là où nous nous occupions des fleurs, où nous les préparions aussi avant de les mettre en boutique ou les travailler en bouquet pour les commandes de nos clients.

Aujourd'hui tout venait à nous et la semaine prochaine je me rendrais chez mon grossiste pour faire un nouveau choix de fleurs et de plantes. C'était à chaque fois un éternel recommencement pour toujours approvisionner la boutique. Mais j'adorais ça.

Je remerciai le livreur et me dirigeai justement vers la porte arrière du magasin, Cerise sur mes talons. Je posai la caisse sur notre plan de travail et poussai un profond soupir. Ce n'était pas vraiment la charge lourde qui m'avait épuisé mais plutôt la fatigue accumulée ces derniers jours. J'arrêtai pas de ruminer ces derniers temps, je ne savais pas ce qui me prenait.

Mais ce qui était sûr, c'était que ça n'avait pas échappé à l'œil attentif de Cerise.

— Tu vas soupirer toute la journée ? me lança-t-elle, d'un ton plus malicieux qu'agacé.

— Je suis désolée, je suis juste dans mes pensées, m'excusai-je. Mais je vais me reprendre, promis.

— C'est pas grave, ça arrive à tout le monde les jours où on est de mauvaise humeur, assura-t-elle. C'est juste que je m'inquiète. Et si quelque chose ne va pas, tu sais que tu peux me parler.

— Je suis pas de mauvaise humeur, j'ai juste beaucoup de choses en tête, nuançai-je. Et j'ai peur que tout ça me déconcentre, j'ai besoin d'avoir la tête complètement à cette boutique. On s'est sorties d'une mauvaise passe, je veux pas qu'on replonge.

— On replongera pas, on a des clients réguliers et je ne laisserai rien arriver à cet endroit, promit mon amie. Je crois que tu le sais au fond, et que c'est pas vraiment ça qui te perturbe. Tu veux savoir ce que je pense ?

— Je suis pas sûre, non.

Je commençai déjà à trier les fleurs qu'on venait de nous livrer. Je restai active et pas une fois je m'étais retournée vers Cerise. Peut-être que je savais déjà que, si je croisais son regard, elle allait lire en moi trop facilement.

— Je vais te le dire quand même, reprit-elle d'un ton taquin. Moi je pense que tu rumines à cause de cette fille. Celle de la dernière fois, la fille aux roses jaunes.

— N'importe quoi ! m'écriai-je trop rapidement. Qu'est-ce qu'elle viendrait faire dans tout ça ? Je l'ai vu que deux fois dans ma vie. Je ne lui ai parlé à peine un quart d'heure en tout !

— Et alors ? Hana, je vais à nouveau te donner mon avis que tu le veuille ou non. Cette fille, tu l'intéresses, j'en suis persuadée ! Et ma théorie, c'est que tu n'es pas insensible non plus.

Cette fois-ci je me retournai vers elle d'un geste vif, mes yeux écarquillés plantés dans ceux de mon amie.

— Mais quelle plante tu as mangé ce matin pour délirer comme ça ? lançai-je. Tu es en train de les halluciner tes théories là. Y'a absolument rien entre Roxy et moi, on ne se connait même pas !

— Evidemment qu'il n'y a rien entre vous. Pour l'instant. Mais ça pourrait très bien évoluer si tu te l'autorisais.

Tout ce qui sortait de la bouche de Cerise me paraissait absurde. Et je considérais un instant vérifier si elle avait de la fièvre et la renvoyer chez elle pour qu'elle se repose. Je ne savais pas dans quel univers parallèle j'étais tombée mais j'avais l'impression d'être partie loin de chez moi.

BLOOMINGOù les histoires vivent. Découvrez maintenant