BLOOMING

22. Tempête

Roxy

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Il devrait pleuvoir.

C'était toujours comme ça dans les films. Lors de ce genre de scènes, lorsqu'il y avait une rupture, un malentendu, lorsqu'un drame avait lieu, lorsque l'héroïne était triste pour une raison ou une autre. L'effet de la tristesse et du désespoir était amplifié par la présence d'une pluie souvent diluvienne. Cela fonctionnait pareil dans les cinématiques des jeux vidéo, dès qu'on s'engageait dans une partie plus sombre de l'histoire, la pluie était un outil idéal pour marquer ce changement de direction.

Alors il devrait pleuvoir ce soir.

Mais, alors que je regardais à travers la vitre du taxi, je n'avais aucune goutte de pluie qui courait sur celle-ci à décrire. Il faisait sombre, certes, mais c'était simplement parce que la nuit était tombée, et cela n'empêchait pas la lune d'apparaître fièrement dans le ciel dégagé. Il ne pleuvait pas, il n'y avait même pas l'ombre d'un nuage. Il avait fait beau et chaud toute la journée. Encore maintenant, le temps était si sec que c'en était affolant, et aucune perturbation n'était prévue avant plusieurs jours. Il n'y avait aucune tempête à l'horizon.

La seule tempête qui éclatait à cet instant prenait place à l'intérieur de moi. Dans mon corps et dans mon cœur. Ce dernier tambourinait comme un fou à l'intérieur de ma poitrine, priant le chauffeur d'aller plus vite pour enfin avoir un moyen de s'apaiser. J'avais besoin de voir Hana, j'avais besoin de m'expliquer. Je ne pouvais pas laisser ce quiproquo nous séparer. Pas alors que je m'étais brutalement rendue compte de mes sentiments envers elle.

Je ne voulais pas que Hana voie en moi ce que tout le monde voyait. Je ne voulais pas donner raison à ses doutes. Je ne voulais pas qu'elle pense que j'étais un monstre, que je lui avais été infidèle. J'avais besoin qu'elle m'écoute, et surtout qu'elle me croie. Je ne savais pas comment j'allais réagir si ce n'était pas le cas.

Hana s'était immiscée dans ma vie sans prévenir. Elle pensait peut-être que j'avais chamboulé la sienne mais elle n'imaginait pas à quel point elle avait aussi chamboulé toutes mes habitudes et toutes mes certitudes.

Bien sûr que j'aimais et assumais la vie que je menais il y avait encore deux mois de ça. Bien sûr que j'aimais ma liberté, et je n'avais jamais eu honte de mes aventures ou de vivre ma vie à fond comme je l'entendais. Mais Hana, elle avait été un réel coup de foudre. Je voulais la connaître vraiment, je voulais être avec elle complètement, je voulais essayer autre chose en sa compagnie. Et il ne m'avait pas fallu longtemps pour tomber sous le charme de cette fille.

Ça n'avait pas été progressif, et je n'avais pas remis en question ma vie pour elle. Ça avait été tout aussi bien brutal et naturel. Et je savais pertinemment que je voulais une relation avec elle. Le genre de relation classique que j'avais refusé auparavant. Et ça ne me dérangeait pas tant que ça d'avoir ce point de vue complètement opposé tout d'un coup. C'était un chamboulement mais pas une révélation.

Parce que je savais que je voulais tout avec Hana. Les sorties en couple, les petites attentions, les baisers, les journées et les nuits ensemble. Je voulais être avec elle complètement, je voulais qu'elle rencontre mes proches, je voulais tout savoir d'elle. Je voulais les messages niais quand elle me manquait, les cœurs dans les yeux, le partage des tâches, les disputes, les soirées télé, les conversations, l'honnêteté et aussi la fidélité. Je voulais la totale avec Hana.

Si elle me laissait faire.

Et tout dépendrait de ce soir, de cet instant, et de sa confiance en moi. Tout dépendrait de son habilité à m'entendre et me croire.