BLOOMING

10. Ce Rêve Bleu

Hana

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"Retrouve-moi au Tempo Bar à 20h, si tu es prête pour un rendez-vous avec moi. Si tu me rejoins, j'en déduirais que tu veux bien me laisser une chance. Et si tu ne viens pas, je ne t'en voudrais pas. J'espère qu'on pourra au moins rester amies."

C'était le message de Roxy que j'avais reçu dans l'après-midi, il était suivi de l'adresse de ce fameux Tempo Bar. Ce n'était pas très loin d'ici.

Mais il était désormais dix-neuf heures trente et j'étais toujours en train de me décider à y aller ou non. Je ne savais pas pourquoi j'étais aussi indécise, sûrement cette peur qui continuait de grignoter mes entrailles. Certes, j'avais eu une semaine pour réfléchir – comme promis – mais il me fallait quand même faire confiance à une autre personne. Il fallait que je fasse confiance à Roxy.

Étais-je prête pour ça ?

Plantée devant mon miroir, je n'arrivais plus à bouger. Je n'arrivais pas à trouver le courage de sortir de mon appartement pour rejoindre Roxy. J'observai d'un air absent la légère robe fleurie que j'avais enfilée – parce que je ne pouvais pas m'empêcher d'emmener mes fleurs partout, même sur mes vêtements – et mes cheveux détachés que j'avais lissés avec soin. Je m'étais faite belle, en tout cas j'avais fait mon maximum. Parce que, au fond, je crois que je voulais plaire à Roxy.

Mais ces questions revenaient sans cesse. Est-ce que c'était une bonne idée ? Où allais-je finir déçue, comme à chaque fois ?

J'avais envie, d'être prête pour cette nouvelle étape, j'avais envie d'essayer avec Roxy. Et j'aimerai que cette peur cesse de me paralyser. Si la peur gagnait alors les regrets seront les prochains à m'envahir. Parce que je savais que je regretterai de ne pas avoir rejoint Roxy, et ça je ne pouvais pas le supporter.

Je tenais sûrement là ma réponse. Si mes regrets m'étaient plus insupportables que ma peur, alors c'était le signe que je devais y aller.

J'arrêtai alors de réfléchir et remis enfin mes jambes en action, quittant la contemplation perplexe de mon reflet. J'attrapai mon téléphone et mon sac d'un geste machinal et sortis de mon appartement, fermant la porte à clé derrière moi d'une détermination telle que cela suffit à me convaincre de ne pas revenir en arrière.

Je me laissai guider par mon téléphone tout au long du trajet jusqu'au Tempo Bar. Je pris le métro pour aller plus vite, la ligne la plus proche était directe jusqu'à ma destination. Trois stations et une quinzaine de minutes plus tard, je me retrouvai devant un bar qui me semblait accueillant et chaleureux. L'enseigne colorée de bleu, de jaune et de rouge était allumée.

Je passai la porte et cherchai Roxy du regard. Le bar semblait bien animé ce soir, mais je parvins à la repérer au bout de trente seconde. Elle était au fond de la salle, près d'un jukebox. Son visage était appuyé contre sa main et elle semblait jouer avec la paille de sa boisson, d'un air absent. Je m'approchai rapidement.

— Désolée pour le retard, lançai-je alors, une fois arrivée en face d'elle.

Roxy releva brusquement la tête vers moi et m'observa d'un air étonné pendant quelques secondes avant que ses yeux éclatants se mettent à briller. Elle m'adressa un sourire et m'invita chaleureusement à m'asseoir. Elle semblait rassurée, et j'avais conscience d'être en retard – il était vingt heure quinze – alors je devinais que c'était peut-être de ma faute si elle m'avait paru aussi perturbée.

— J'ai cru que tu ne viendrais pas, me dit-elle d'une petite voix.

— J'ai passé trop de temps à avoir peur, avouai-je. Mais je suis là, maintenant.