7. Confidences

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Hana

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Il était neuf heures du matin. Et la boutique ouvrait dans une heure. C'était comme ça toute la semaine, sauf les week-ends où nous ouvrions une heure plus tôt.

Mais notre travail commençait toujours bien plus tôt que ça. Tous les matins, je descendais à la boutique lorsque sept heures trente sonnait, et Cerise me rejoignait un peu plus tard, toujours plus d'une heure avant l'ouverture parce qu'elle était volontaire comme ça. Elle avait toujours voulu m'aider, notamment lorsque nous avions connu une période difficile, au bord de la faillite. Depuis, mon amie avait gardé cette habitude, même lorsqu'elle n'y était pas obligée.

En tout cas, c'était tôt que notre journée commençait. Ce moment représentait presque le plus gros de notre boulot. Parce qu'il fallait préparer la boutique, parfois il fallait la redécorer, il fallait préparer les plantes et en échanger certaines en rayons – malheureusement les fleurs n'étaient pas éternelles – et nous préparions aussi les commandes que nous avions pour aujourd'hui. Nous ne faisions pas de livraisons – je n'avais simplement pas les moyens de mettre en place ce dispositif – mais les clients avaient tout de même la possibilité de passer une commande de bouquet.

Tout ça représentait un travail monstre. C'était bien plus que la simple vente sur les horaires d'ouverture. C'était toute ma vie.

Et ce matin, par exemple, nous étions en plein rush. Et c'était parfait comme ça. Parce que déborder de travail était la manière parfaite de m'empêcher de penser.

Quelques jours s'étaient écoulés depuis la soirée que j'avais passée avec Roxy. Et ces questions que j'avais repoussées ce jour-là étaient revenues dès le lendemain. L'alchimie entre nous était évidente, je serais idiote de le nier. Mais cela me perturbait, surtout lorsque je me rappelais que je la connaissais à peine. Comment le courant pouvait-il si facilement passer entre nous ? Et qu'est-ce que ça voulait dire pour la suite ?

Quel chemin étions-nous en train de prendre ? Et étais-je prête pour ça ? Rien que d'y penser me donnait des frissons en plein été. De l'appréhension, je crois. Voire de la peur. Cela impliquerait beaucoup de choses dans ma vie.

— C'était définitivement un date ! lança Cerise, insistante et malicieuse.

Si, moi, je n'avais pas envie d'y penser pour le moment, ce n'était définitivement pas le cas de ma meilleure amie. Malheureusement. Elle s'amusait à remettre le sujet sur le tapis, dans un enthousiasme décapant en plus de ça. Je crois qu'elle tenait tellement à me voir développer une vie sociale en dehors de la boutique, qu'elle fantasmait même le début de ma vie sentimentale.

Encore une fois, elle lisait beaucoup trop de romans à l'eau de rose.

Et elle me bassinait tellement avec ça que je n'avais même plus la force de lever les yeux au ciel.

— Ce n'était absolument pas un date, répétai-je pour la énième fois depuis mercredi. Et je comprends même pas pourquoi tu insistes autant alors que c'est même toi qui m'a dit de ne pas me prendre la tête avec ça, d'y aller en voyant ça comme une sortie entre amies. Qu'est-ce qui te prend maintenant ?

— Il me prend que j'ai changé d'avis ! Hana, je t'ai vue rentrer, j'étais là ! J'ai vu ton grand sourire, tes joues roses et ton regard pétillant. Tu avais l'air détendue et complètement charmée quand t'as passé la porte de ton appart. Et d'ailleurs, on en parle de l'heure à laquelle tu es rentrée ? Je suis contente que tu te sois éclatée, mais je t'attendais pas si tard. Et en même temps, si tu es restée avec Roxy aussi longtemps, ça veut dire que tu étais à l'aise avec elle. Et puis elle t'a appelée princesse, bordel !

BLOOMINGOù les histoires vivent. Découvrez maintenant