5. Doutes

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Roxy

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Mais qu'est-ce que je foutais là ?

J'avais l'air d'une andouille, je le reconnaissais, plantée là devant sa boutique de fleur. Je n'arrivais pas à faire un pas de plus alors je me tenais immobile, adossée contre une de ces barrières de rue qui séparait le trottoir de la route et empêchait les voitures de stationner à cet endroit.

Mon regard était fixe, uniquement tourné vers la vitrine de la boutique. Et tout ce que je voyais était Hana, concentrée dans sa tâche. Elle s'occupait d'une variété de fleur dont je ne connaissais absolument pas le nom. Et ce n'était pas ce qui m'intéressait le plus. Je préférais l'observer elle, ses mains élégantes qui s'occupaient de ses plantes avec douceur, ses longs cheveux noirs lissés qui lui arrivaient au milieu du dos, sa silhouette féminine perchée sur des talons qui gardaient une hauteur raisonnable pour rester confortables. En tout cas c'était ce qu'elle laissait voir avec son allure assurée ainsi que son pas léger et déterminé.

Je poussai un soupir. Oui, ça faisait déjà cinq minutes que je l'observai.

J'allais définitivement passer pour une folle. Ou pire, une harceleuse.

Je revoyais encore Athéna me dire, il y a quelques jours, que tout ce que j'avais à faire si je voulais reparler à la fille qui hantait mes pensées était de me rendre sur son lieu de travail. J'entendais encore sa voix blasée me dire qu'il n'y avait rien de plus simple et que je devrais arrêter de me morfondre et de faire ma trouillarde.

Mais non, ce n'était pas aussi simple !

Pour qui allais-je passer à me rendre dans sa boutique toutes les semaines ? Allais-je paraître insistante ? Hana allait-t-elle me trouver bizarre ? Finirais-je par la répugner ou lui faire peur ? Peut-être qu'elle paraissait simplement sympathique parce qu'elle était polie. Peut-être qu'elle en avait déjà marre de moi et qu'elle n'avait juste pas su comment se débarrasser de moi la dernière fois.

Et qu'allais-je faire une fois dans la boutique ? Athéna me disait qu'il n'y avait rien de plus simple pour savoir si elle était intéressée que de lui demander si elle voulait boire un verre avec moi. Mais comment allais-je réagir si je me prenais un vent ? Est-ce qu'elle serait même intéressée par cette idée ? Est-ce qu'elle était même intéressée par les femmes en général ? Ou verrait-elle ça comme une sortie entre amies, le début d'une amitié ?

C'était ridicule. J'étais ridicule. Si ma meilleure amie était là, elle me dirait que je n'avais qu'à entrer et lui demander pour être fixée. Si seulement Athéna pouvait sortir de mes pensées deux minutes !

Et depuis quand je me posais autant de questions, moi, d'ailleurs ? Surtout pour approcher une fille ! Je n'avais jamais été aussi stressée, je n'avais jamais autant douté. D'habitude j'étais très confiante, très sûre de moi à ce sujet-là. Je savais que je ne perdais rien à essayer et n'hésitais jamais à aborder une fille. Que la perspective soit positive ou négative. Je respectais évidemment lorsqu'on me disait non, et je passais à autre chose sans me faire autant de mouron.

Alors pourquoi était-ce si différent avec Hana ? Qu'est-ce qui faisait d'elle une femme si différente de celles que j'avais l'habitude d'approcher ? Non pas que ces femmes soient moins à la hauteur. Non, c'était moi le problème.

Hana était sûrement trop bien pour moi. Et c'était certainement pour cela que j'hésitais tant à l'approcher, que j'avais peur même. Je ne méritais sûrement pas une femme aussi douce qu'elle.

Je poussai un nouveau soupir. J'étais tellement perdue dans mes pensées et ma contemplation que je n'avais même pas remarqué qu'une figure familière était en train de s'approcher de moi.

BLOOMINGOù les histoires vivent. Découvrez maintenant