26. Reconquérir

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Roxy

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— Dégage, putain ! Tu prends toute la place !

Une secousse fit trembler le côté gauche de mon corps et je perçus quelques grognements qui me parvenait du même endroit. Cependant je gardais le regard fixé devant moi, perdu dans le vague, et je ne prêtais pas grande attention à ce qu'il se passait autour.

— Jordan, tu m'écrases là ! Y'a toute la place du monde dans ton putain de salon, pourquoi il faut que tu me colles ?

— Parce qu'au fond, je sais que tu ne peux plus te passer de moi, répondit-il.

Ce fut lorsque j'entendis le bruit d'une claque et un cri de douleur dramatiquement exagéré que je tournai enfin la tête vers mes amis.

Jordan était complètement affalé sur Athéna et, malgré les protestations de cette dernière, il avait désormais la tête posée sur son épaule. Ce n'était pas la première fois que je ne comprenais pas tout ce qu'ils fabriquaient alors je laissais couler. J'étais actuellement assise en plein milieu du grand canapé en cuir beige de Jordan, Athéna était à ma gauche et il y avait un boulevard à ma droite si Jordan voulait s'y installer. Mais, visiblement, il préférait jouer les pots de colle avec ma meilleure amie.

La dernière fois que je les avais vu, ils étaient en froid. Pourtant, mon ami avait semblé tout oublier aujourd'hui, retournant à cette habitude qu'il avait d'embêter Athéna. Cette dernière poussa d'ailleurs un soupir, résignée.

— Vous m'êtes vraiment d'aucune aide, soufflai-je.

Cela faisait maintenant une heure que j'étais chez Jordan, j'avais eu besoin de la présence de mes amis. La maison était vide, pour une fois, et c'était vraiment bizarre de la voir comme ça. Tout comme ça me paraissait étrange d'être dans son grand salon, au rez-de-chaussée, installée sur un canapé hyper confortable et non sur le canapé miteux de son sous-sol enfumé.

Le seul indice qui confirmait la dernière fête en date – à laquelle je n'avais pas participé pour une fois – était les cadavres de bouteilles vides entassés sur l'îlot de cuisine derrière nous. Cela avait été le premier reproche que Athéna avait soufflé à Jordan lorsque nous étions arrivées ; de ne pas avoir fait le ménage.

Ma meilleure amie avait bougonné lorsque je lui avais proposé d'aller chez Jordan, et pourtant elle m'avait suivi aveuglément. Elle savait qu'il était aussi important pour moi et que j'avais besoin d'eux deux.

J'avais ressassé en boucle ma discussion avec Hana. J'étais soulagée qu'elle me croit enfin, savoir qu'elle me pensait infidèle me tuait à petit feu. Pourtant, je n'étais pas complètement rassurée. Elle avait besoin de temps, et je le comprenais, mais elle me manquait. Et il y avait cette peur viscérale qui me tirait le ventre, celle qui me soufflait qu'après réflexion, Hana ne voudrait pas me reprendre dans sa vie.

Je mentirais si je disais ne pas avoir été déçue par la tournure de notre conversation. Je pensais que tout s'était clarifié entre nous. Elle me croyait et nous avions même sous-entendu une déclaration mutuelle – ce qui faisait encore vibrer mon cœur en y repensant – alors je pensais que tout irait bien. Mais je n'avais toujours pas retrouvé ses bras, ni la douceur de ses lèvres.

Je comprenais pourquoi elle faisait ça, et j'admirais la façon dont elle s'écoutait d'abord et voulait tout mettre au clair dans sa tête pour mieux comprendre ses sentiments et être sûre de là où elle voulait aller avec moi. Mais ça m'inquiétait. Parce que j'étais toujours persuadée que je n'en valais pas la peine.

Et pourtant, je ne comptais pas abandonner comme ça.

Pas cette fois. Pas Hana.

La perspective de ses sentiments envers moi et ceux que je ressentais pour elle me poussait à me battre pour nous. Je ne pouvais pas rester à ne rien faire. Pour une fois j'avais envie de courir après une fille. Parce que ce n'était pas n'importe quelle fille, c'était Hana.

BLOOMINGOù les histoires vivent. Découvrez maintenant