29. Au Jour Le Jour

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Hana

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— Bonne journée, Madame Marchand ! lançai-je joyeusement. Vous passerez le bonjour à votre fille.

— Sans faute, mon petit, me répondit-elle. Bon courage à vous pour cette fin de journée !

Je lui adressai un signe de tête et regardai la femme partir avant de m'approcher d'un autre client.

Je me sentais bien, reposée et heureuse. J'étais parfaitement épanouie dans mon travail et dans ma vie personnelle. J'avais l'impression que tout rentrait dans l'ordre, et que j'atteignais enfin un équilibre longtemps craint entre ma boutique, et la vie que je devais mener en dehors. J'avais désormais conscience que je devais faire des pauses, et que je devais arrêter d'angoisser pour tout alors que le magasin se portait bien et que j'avais une employée de confiance sur laquelle m'appuyer.

J'avais enfin compris que je devais vivre. Roxy m'avait aidé à enfin le réaliser, et à l'appliquer. J'adorais sa spontanéité. Elle bousculait mes habitudes, ma petite vie toute tracée, et ça m'avait fait peur au début. Aujourd'hui c'était une des choses que j'aimais le plus chez elle.

Un mois s'était passé depuis sa surprise, depuis la soirée et la nuit que nous avions passée ensemble. Nous étions désormais début octobre et, si nous fermions les yeux sur nos dérapages du premier jour, nous avions tenu notre deal. Nous ne nous étions plus touchées ou embrassées depuis ce jour-là.

Par contre, nous nous étions vues. Beaucoup de fois. Je crois que Roxy tenait réellement à honorer sa part de notre deal. Elle s'était mise en tête de me montrer qu'elle était sérieuse et que je comptais pour elle. Alors elle avait rivalisé d'idées et d'originalité pour me faire sortir, m'offrir des rendez-vous à des endroits toujours plus différents.

Parfois, nos sorties étaient prévues à l'avance. Et d'autres fois, Roxy se pointaient simplement à la boutique, sans m'avoir prévenue, et me demandais de la suivre. Ce que je faisais volontiers. J'avais cessé d'hésiter et de rechigner. J'étais toujours heureuse de passer un moment avec elle.

On a commencé par aller à un atelier de cuisine ensemble, parce que Roxy m'affirmait qu'elle devait s'y mettre, qu'elle devait apprendre pour m'impressionner et prendre soin de moi. Lorsque je lui avais dit que je pouvais très bien cuisiner pour nous deux, elle avait balayé mon argument d'un geste de la main en disant que si nous voulions être en couple, nous allions aussi devoir apprendre à partager les tâches de la vie quotidienne.

Je n'avais rien ajouté et m'étais seulement amusé à voir le désespoir chez Roxy qui, malgré tous ses efforts, n'avait pas réussi la sauce béchamel – rendue toute granuleuse – qui était censée accompagner le plat que notre professeur nous avait demandé de reproduire.

Ensuite, nous étions retournées à l'arcade, parce que Roxy s'était plainte de ne pas avoir assez d'idées romantiques en réserve et qu'elle le méritait bien après l'humiliation qu'avait été le cours de cuisine. En plus, elle s'était mise en tête de continuer à m'apprendre à jouer. Elle voulait devenir mon mentor et me faire progresser.

Je l'avais laissé faire. Cela ne m'avait pas apporté beaucoup de progrès en jeux vidéo, mais plutôt de nombreux fous rires.

Roxy m'avait aussi emmené dans un aquarium et j'avais été fascinée par tous ces poissons qui nous entouraient, toujours plus originaux et colorés les uns que les autres. Roxy m'avait certifié que c'était un lieu idéal pour un rendez-vous, avec une ambiance tamisée mais en ayant tout le loisir de discuter pendant notre visite. J'avais l'impression qu'elle récitait des paroles apprises par cœur mais tant qu'elle était heureuse de m'offrir ce moment alors, je l'étais aussi.

BLOOMINGOù les histoires vivent. Découvrez maintenant