8. Vilain Petit Canard

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Roxy

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— Tourne à droite. Fais attention il y a un piège. Là, saute ! Ou sinon tu vas te prendre une flèche. Monte sur la plateforme et accroupis-toi sinon tu vas te faire repérer. Tu attends que les gardes passent et ensuite seulement tu sautes. Tu fais attention avant de tourner, tu vérifies qu'il n'y est pas le chien sinon tu vas te faire repérer. Tu rases les murs et quand tu arrives dans le couloir avant la grande salle, tu ne touches pas le sol. Tu te déplaces de barreaux en barreaux sinon tu vas te faire écraser.

— J'arrive jamais jusque là, je tombe toujours sur le molosse qui me mords et me traîne par la jambe jusqu'aux gardes. Après je suis mort.

— C'est parce que tu vas trop vite ! Combien de fois il faut que je te dise que ce genre de jeux c'est pas un jeu de vitesse ?

Je tournai la tête juste à temps pour voir mon frère lever les yeux au ciel. Néanmoins, il écouta et appliqua minutieusement mes conseils.

Cela faisait désormais presque une heure que nous étions enfermés dans la chambre de Matthias – au grand damne de notre mère – à tester un des nouveaux jeux vidéo que je lui avais apporté. Il se débrouillait très bien, mais sur ce genre de jeu, il lui fallait être patient plutôt que rapide. Et ce n'était pas le fort de mon frère, lui qui aimait foncer sans réfléchir et tirer dans tous les sens sur ses ennemis.

— Prends le flambeau, il ne faut pas que tu allumes les lumières de la grande salle, rajoutai-je. Le grimoire sera juste au centre mais fais attention aux pièges qui l'entourent.

— Putain j'ai failli allumer ! grogna mon frère. Qu'est-ce que ça fait si on actionne les lumières ?

— Ça enclenche une alarme, répondis-je. Et là tu vas rameuter à la fois le chien et les gardes. Et tu seras mort, encore.

Mon frère soupira.

— Parfois on dirait vraiment que vous êtes dans un autre monde, intervint ma sœur.

Justine était avec nous depuis le début, assise sagement sur le lit de Matthias. Elle n'était pas fan de jeux vidéo mais elle aimait s'intéresser à ce qui nous plaisait, et surtout elle adorait passer des moments tous ensemble. Alors elle ne m'avait plus lâché depuis que j'étais arrivée dans la maison familiale.

Et c'était vraiment ma seule motivation pour mettre un pied ici. Ce n'était définitivement pas ma mère qui m'avait convaincue de venir dîner avec eux ce soir. Non, c'était Justine. Elle avait su trouver les bons mots, maligne comme elle était. Et puis ils m'avaient manqué, ça faisait un moment que je ne les avais pas vu.

Je passerai bien outre la pression que m'infligeait ma mère si c'était pour être auprès de ma fratrie. Mon seul regret était que nous n'avions pas pu être au complet aujourd'hui. Nicolas n'était pas là, il n'avait pas pu se libérer. J'espérai le voir bientôt. Et en attendant j'allais profiter de Matthias et Justine.

Je me rapprochai d'ailleurs de ma petite sœur – laissant mon frère se débrouiller un peu tout seul – et m'installai à côté d'elle. Assise en tailleur, elle se tenait droite, ses cheveux noués en deux tresses retombaient de chaque côté de son visage. Elle était la seule de notre fratrie à avoir hérité des cheveux blonds de notre père. Nous autres étions aussi bruns que notre mère.

— Et toi, ma belle, comment tu vas ? lui demandai-je alors.

— Bien ! sourit-elle. Je me prépare pour ma représentation au violon. Tu voudrais bien écouter mon morceau ?

— Avec plaisir ! Tu pourras me le jouer après le dîner, si tu veux. Ça te plaît toujours autant le violon, pas vrai ?

Justine jouait de cet instrument depuis ses huit ans, et je l'avais toujours connue très épanouie dans cette discipline. Pourtant, alors qu'elle hochait la tête, je pus apercevoir cette légère lueur de déception dans son regard.

BLOOMINGOù les histoires vivent. Découvrez maintenant