24. Frère et Sœur

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Roxy

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Je n'avais plus quitté l'appartement de mon frère. Sauf pour aller travailler, bien évidemment. Mais ensuite je me réfugiais à nouveau chez Nicolas, parce que j'avais besoin de sa présence. Je ne voulais pas me retrouver seule dans mon petit studio, alors je n'y avais pas remis les pieds depuis quelques jours.

Même lorsque Athéna avait voulu me rendre visite, elle avait dû se déplacer jusqu'à chez Nicolas. Ils se connaissaient et s'entendaient même plutôt bien, heureusement, mais je savais que ma meilleure amie s'inquiétait. Même si elle me savait entre de bonnes mains avec mon frère.

J'allais bien. Je n'en étais pas non plus au point de considérer me jeter du haut d'une falaise. Mais j'étais triste et déçue. De moi-même surtout, mais aussi de ne pas avoir eu la possibilité de mieux m'expliquer auprès de Hana.

Peut-être qu'aller la voir le soir même n'était pas la meilleure idée, mais j'aurais voulu qu'elle m'écoute. Elle avait toujours été si douce et compréhensive, ça m'avait étonnée de la voir soudainement se refermer à toute explication.

Plusieurs jours s'étaient passés depuis cette fameuse soirée, et j'avais bien tenté de lui envoyer plusieurs messages mais ils étaient tous restés sans réponse. La perspective qu'elle ne me laisse jamais m'expliquer, qu'elle ne me croit pas et que, pire encore, elle ne veuille plus jamais me voir ou me parler me paralysait. C'était ce que je redoutais le plus, et ce qui me faisait le plus mal.

J'avais tellement peur d'avoir perdu Hana pour de bon. La seule femme que je n'avais jamais aimée.

A cette pensée, je sentis mon ventre se tordre à nouveau et je laissai retomber ma tête contre le canapé. Comment pouvais-je la convaincre de ma bonne foi ? Est-ce que je me ferais jeter si je lui rendais visite dans sa boutique ?

Je ne voulais pas non plus avoir l'air de lui forcer la main. Je crois que ça ne ferait qu'empirer la situation.

Je poussai un soupir, j'avais l'impression d'être dans une impasse.

Le bruit de la porte qui se renfermait me sortit de mes pensées. Nicolas venait de rentrer du travail. Lui aussi avait une mine à faire peur depuis ce week-end. Je n'avais pas encore réussi à lui tirer les vers du nez mais j'étais bien décidée à y parvenir. Je voyais bien que je n'étais pas la seule à me morfondre, et il était hors de question que je sois la seule à être soutenue.

Je le regardai jeter le sac à dos qu'il prenait pour le travail dans un coin de la pièce avant de venir s'affaler à mes côtés dans le canapé. Il m'imita en posant la tête contre le dossier et poussa un soupir.

Je ne savais pas quel portrait on donnait, à être tous les deux au bout du rouleau, englouti par ce canapé beaucoup trop confortable. D'un point de vue extérieur, on aurait sûrement l'air pathétique, mais je crois que ça nous importait peu. Nous n'étions que tous les deux dans cette pièce, et nous n'avions pas peur de nous montrer vulnérable l'un avec l'autre. Aucun ne se moquerait de l'autre. Jamais.

Je tournai la tête vers mon petit frère.

— Journée compliquée ? lui demandai-je alors, brisant le silence.

— Oui, soupira-t-il. Un nouvel enfant est arrivé dans le service depuis quelques jours et c'est un peu compliqué. Enfin, c'est plutôt qu'il est en souffrance, et c'est normal. Mais avec la fatigue que j'ai accumulée ces derniers jours, c'est un peu difficile à gérer.

Compatissante, je posai ma main sur la sienne.

— Repose-toi ce soir, lui dis-je. Je peux faire la cuisine pour nous deux. En puis ça fait presque une semaine que je m'impose chez toi, il faut bien que je fasse ma part.

BLOOMINGOù les histoires vivent. Découvrez maintenant