Chapitre 74 - Jimin

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Cela fait une éternité que je somnole sur le canapé, la tête sur les genoux de Jay. Mon esprit ensommeillé entend les voix de nos amis mais le sujet me dépasse complètement. J'ai rendu les armes au moment où ils ont voulu lancer une partie de jeu de société mais je crois qu'elle est terminée.

— Tu devrais aller te coucher, me propose-t-il.

Je marmonne quelque chose qui n'a de sens pour personne puis me tourne, cachant mon visage dans sa chemise, au niveau de son ventre. Le ricanement de Jay me provient mais j'ai la flemme de lui dire de ne pas se moquer. Sa main se pose dans mon dos et le caresse. Je soupire alors de bien-être. La conversation reprend autour de moi :

— Il est parti pour la nuit.

— Bon je sens que je vais rentrer seul à l'appartement !

— Enfin c'est pas comme si tu t'y attendais pas.

— Pas faux !

Un rire. Suivi d'autres. Je suis incapable de reconnaître à qui appartiennent les voix qui me parviennent. J'enfouis mon nez et respire son agréable odeur.

— Il n'a aucune résistance, ce petit !

— Il était stressé, explique vaguement Jay en accentuant sa tendresse.

— Il n'y avait pas de quoi ! C'est pas lui qui était sur scène.

— Mais c'est lui qui présentait Jungkook à nos parents.

— Qui pourrait résister à mon Jaykay ?

— Hobi !

— Quoi ? C'est vrai ! Tu coches toutes les cases du gendre parfait.

Jay bouge, mal à l'aise, ce qui me fait grogner d'inconfort.

— Raconte pas n'importe quoi ! Resservez-vous, je vais l'emmener au lit, il sera mieux.

— Qu'est-ce que je disais ?

À nouveau, des rires ponctuent la phrase. Je baille au moment où ma tête retombe sur le canapé. Je fronce les sourcils alors que la présence de Jay s'éloigne de moi. Je geins pour me plaindre et aussitôt des bras m'enveloppent et me soulèvent.

— Allez princesse au dodo !

Cette fois, je reconnais bien la voix insupportable de mon meilleur ami.

— La ferme, Tae, réussis-je à dire.

— Bien dit, me félicite Jay alors que nous bougeons.

Pendant une seconde ou trente, j'ai dû m'endormir parce que je ne souviens de rien entre ces mots et le moment où Jay effleure mon front pour écarter des mèches de mon visage. Je me recroqueville en serrant contre moi un coussin. Sa main me quitte et dans un effort incroyable, je réclame :

— Reste avec moi !

— On a des invités, babe.

J'ouvre un peu les paupières et le supplie du regard, tout en faisant une petite moue.

— Tu triches, susurre-t-il en se penchant vers moi.

Je laisse un ricanement m'échapper et il m'embrasse chastement. Il s'allonge à mes côtés et me serre dans ses bras. Pendant quelques secondes, nous restons ainsi. Je profite de ses caresses qui ont repris mais cette fois, sur mon crâne. Même si la fatigue est toujours bien présente, le silence ambiant me fait du bien et me permet d'y voir plus clair.

— Tu sais, il a raison... tu es le gendre parfait.

Il rit.

— Mes défauts ne sont pas visibles au premier coup d'œil.

— Tu es parfait pour moi, lui avoué-je.

Je dépose un baiser sur son torse, seul endroit que je peux atteindre depuis ma place.

— J'angoissais que tu rencontres mes parents. Je sais même pas pourquoi. Tu es incroyable et mes parents sont... les personnes les plus géniales au monde. C'était obligé que vous vous appréciiez mais... je sais pas. C'était flippant.

— Je comprends. J'avais peur aussi.

— Peur de quoi ?

— Qu'ils ne m'aiment pas. Que je sois pas assez bien. Que je ne tienne pas la comparaison par rapport à ton ex et qu'ils te disent de me quitter.

— Tu es le premier garçon que je leur présente.

Il lâche un oh surpris et resserre son étreinte autour de moi.

— C'est ridicule, mais ça me fait plaisir, me confie-t-il. Et j'ai réussi le test ?

— Oui. Et haut la main, je crois bien.

— Vraiment ? Qu'est-ce qui te fait penser ça ?

— Ce que Seon-Mi m'a dit avant de partir.

Il bouge de manière à pouvoir distinguer mon visage. Nous échangeons un regard dans la pénombre de la chambre, seulement éclairée par la lumière du couloir.

— Qu'est-ce qu'elle a dit ? s'intéresse-t-il.

Je souris à ce souvenir. Après le concert, nous sommes allés boire un verre tous ensemble. Nous étions une sacrée tablée dans le café, les serveurs ont d'ailleurs halluciné quand mon père a demandé une table pour douze. Ils n'avaient jamais vu ça.

Nous avons passé une heure à tous discuter et surtout débriefer sur le concert qui a été fantastique. Les garçons ont été impeccables. Mais j'avoue que voir Yoongi hyung en tant que soliste m'a encore plus impressionné. Sur scène, il garde son charisme et cette pointe de nonchalance qui est totalement fausse parce que je sais très bien qu'il était mort de trouille de jouer. Impatient mais apeuré.

Malheureusement, notre famille à Tae et moi a dû repartir pour rejoindre des amis dans notre ville de banlieue. Après avoir pris Seon-Mi dans mes bras pour la saluer, elle m'a assuré, les yeux dans les yeux, qu'elle ne m'avait jamais vu aussi épanoui depuis que j'habitais chez eux. Les yeux un peu embués, elle a ponctué sa phrase d'un baiser sur mon front puis est montée en voiture sans attendre.

— Que je lui semblais heureux, résumé-je.

Je profite de ses caresses dans mes cheveux. Quelques frissons me parcourent par moments. Je pose ma paume contre son torse, au niveau de son cœur et l'embrasse.

— Elle doit croire que c'est grâce à toi.

— Tu penses ?

J'entends son sourire dans sa question.

— J'ai de sérieux doutes, oui.

Nous ricanons.

— Et tu l'es ?

Je me contente de hocher la tête, les joues légèrement rosies par cet aveu.

— Pendant qu'elle disait ça, ton père m'a remercié en me serrant la main.

— De quoi ?

— Aucune idée.

Je baille encore et m'enfonce un peu plus dans l'oreiller. Jay remonte la couverture sur moi pour m'éviter d'avoir froid. Il sait que j'aime avoir une couette sur moi, même s'il fait chaud et que tous mes membres en dépassent. Je me sens comme dans un cocon.

— Peut-être croit-il lui aussi que je suis heureux avec toi !

— Je vais me risquer à penser comme eux, souffle-t-il.

Je souris à cette déclaration. Je me blottis contre lui.

— Tu ne risques pas grand-chose alors...

Il m'embrasse et frôle mon front avec son nez. Jay est d'une douceur incroyable.

— Et toi ?

— Je n'ai jamais été aussi heureux de toute ma vie.

Mon cœur s'emballe de bonheur et je ferme les paupières pour profiter de cette étreinte. La fatigue finit par avoir raison de moi et je tombe dans les bras de Morphée en moins de temps qu'il en faut pour dire amoureux.

Boy(s) with luv | JikookOù les histoires vivent. Découvrez maintenant