Chapitre 20

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LUCK

On a tous cette petite voix intérieure qui ne peut s'empêcher de nous prodiguer des conseils. La mienne m'ordonnait de faire demi-tour à la seconde où j'ai vu la voiture d'Elena au loin. Mais évidemment, je ne l'ai pas écoutée.

L'objectif était juste de récupérer ces putains de cartons qui traînaient dans ma pseudo chambre depuis des années et voilà que je me retrouve pris au piège dans la cuisine de ma mère. Prendre ces cartons signifiait dire adieu à mon ancienne vie.

La dispute de Thanksgiving me trotte encore dans la tête. Cassie a raison, je dois mettre un terme à tout ça. Arrêter de profiter de l'argent de mon beau-père, arrêter de jouer à la petite famille parfaite et surtout me barrer d'ici. Cette soirée ne se passe pas du tout comme prévu. Je devais juste partir avec mes affaires dans les bras sans un regard en arrière. Et finalement, je passe non seulement la soirée à regarder un film merdique en compagnie d'Elena mais en plus je vais devoir "discuter entre adultes" avec ma mère. Aussi agréable que fut la première partie de soirée, je sens que la suite ne va pas me plaire des masses. Je connais le ton que ma génitrice a employé et il ne me dit rien qui vaille.

Pour résumer : à la place de sauter Elena, je suis assis sur le tabouret de l'îlot central de la cuisine de ma mère à attendre patiemment à quelle sauce je vais être mangé. Génial. J'entends la porte de l'entrée se fermer alors que maman et Dan marchent dans ma direction. Ils se mettent en face de moi, l'un à côté de l'autre, aussi soudés qu'à leur habitude.

- Tu veux boire quelque chose ? me propose ma mère.

- Non merci. Je veux juste entendre ce que tu as à me dire avant de rentrer chez moi.

Une ombre de tristesse passe dans ses yeux. Je n'ai pas l'habitude de parler aussi froidement à ma mère et je déteste le faire, mais je dois mettre de la distance entre nous.

- Écoute mon chéri, je suis désolée que Thanksgiving se soit passé dans de telles conditions. Néanmoins, tu as 21 ans, tu ne peux plus te comporter comme un enfant insolent. Je suis ta mère et je mérite le respect dans ma propre maison.

Voilà, je savais que j'allais en prendre pour mon grade. Cela dit, elle n'a pas tout à fait tort, je n'aurais jamais dû m'énerver comme ça. Il fut un temps où ma mère n'aurait pas hésité à me mettre cul nu devant l'assemblée et me filer une bonne correction.

- Dan fait partie de notre vie depuis des années. Tu vas devoir t'y habituer. Lui manquer de respect, c'est par extension me manquer de respect. Et nous ne pouvons pas l'accepter.

- Et qui m'a respecté, moi, quand tu as chamboulé toute ma vie ? Je n'ai pas besoin et je n'aurai jamais besoin d'un père, je rétorque d'un ton cassant.

- L'objectif n'était pas de te trouver un père. J'ai juste trouvé un mari que j'aime de tout mon cœur. Ça me tue à petit feu que mon propre fils n'accepte pas l'homme qui a changé ma vie. De toute manière, ta colère est injustifiée. Finalement, je suis l'adulte et la décisionnaire. J'ai fait mes propres choix, tu devrais donc être énervé contre moi et non contre Dan.

- Maman, s'il te plait, tu ne vas pas me faire gober ça. Il arrive avec des thunes alors que tu n'as rien. Et puis d'un coup toute notre vie change, j'appelle ça de l'abus de pouvoir.

Ma dernière phrase semble l'atteindre en plein cœur. Elle reprend son souffle quelques secondes avant de me regarder avec une colère que je ne lui connais pas.

- Mais pour qui te prends-tu ? Penses-tu que je suis une femme vénale qui change sa vie et celle de ses enfants juste pour de l'argent ? Dan ne m'a jamais forcé en rien, j'ai pris mes propres décisions. Je te signale que si j'avais le moindre doute, j'aurais immédiatement mis fin à notre relation, avec ou sans argent.

Phoenix CollègeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant