Chapitre 38

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ELENA

Deux jours. Voilà le temps qui me sépare depuis l'altercation plutôt mouvementée avec Luck. Ses paroles blessantes ne cessent de tourner en boucle dans ma tête comme un film triste qui ne s'arrête jamais. La tristesse que je ressens est indescriptible. Depuis, je n'ai pas allumé mon téléphone ni mon ordinateur.

Pour la première fois de ma vie, j'ai même décidé de sécher les cours d'hier. Mon seul objectif actuellement est de rester dans mon lit pour oublier ma peine.

Je fais une piètre copie de Bridget Jones. Il ne me reste plus qu'à me goinfrer d'un pot de glace Cookie Dought avec « All by myself » en fond. Satané Luck. J'ai dit à ce garçon que je l'aimais et depuis rien. Nada. Nothing. Walou. Mon coeur saigne à cause de mes mauvaises décisions, je suis tombée amoureuse du pire choix possible et je m'en veux pour ça. Je compte jusqu'à trente pour me donner du courage.

- Un...Deux... Trois...

A Trente, j'oblige mon corps à sortir de mon cocon. Après un effort surhumain, je me regarde enfin dans le miroir et ce que je vois me déplaît fortement. Oh mon dieu. Je vais être directe, j'ai une sale gueule. Mes cheveux emmêlés ressemblent à des spaghettis avariés sur le haut de ma tête mais le pire dans tout ça, ce sont mes yeux : rouges à cause de mes larmes, bleus à cause de mes cernes, je fais peur à voir.

Sans grande conviction, je me maquille pour aller en cours. Je n'ai jamais douté de la magie du maquillage et encore une fois, elle m'aide beaucoup. Mon visage reprend un peu de couleur, je ne vais pas jusqu'à dire que le maquillage cache complètement mon état mais il l'atténue grandement.

Toby m'attend devant la fac sans poser de questions suite à ma tête affreuse et ma disparition soudaine d'hier. Depuis notre mise au point, une petite gêne s'est installée au début mais maintenant notre amitié se recolle petit à petit. Nous ne reparlons plus de ses sentiments ni du fait que je l'ai repoussé.

Alors que nous nous dirigeons vers notre premier cours, Toby me parle du devoir de groupe que nous devons rendre la semaine prochaine.

- Ma partie devrait être au point d'ici ce soir. Si tu as besoin d'aide, n'hésite pas.

- Merci pour ta proposition mais je pense finir bientôt la mienne.

Mon mensonge éhonté semble fonctionner car mon ami hoche la tête d'un air satisfait. En vérité, j'avais commencé ce devoir mais les événements récents m'ont fait perdre tout enthousiasme. J'espère me ressaisir vite car une mauvaise note pour moi ne représente pas quelque chose de grave mais dans ce cas précis, j'emmènerai Toby dans ma chute et il ne mérite pas ça.

Ma vie serait tellement plus simple si je n'avais pas rencontré Luck. Je serai peut-être tombée amoureuse de Toby et de sa gentillesse infaillible. Avec des si, on refait le monde.

Mon ami me résume son week-end chargé pendant que nous marchons dans la direction de mon casier. Déjà que je ne l'écoute que d'une oreille, à la seconde où j'aperçois Luck, je ne l'écoute plus du tout.

Seulement deux jours que je ne l'ai pas vu, pourtant mon cœur s'accélère comme une droguée en manque. Je me déteste pour ça. Malgré le mal qu'il m'a fait, mon corps me trahit en réagissant lorsqu'il est dans les parages. Maudites hormones.

« J'en trouve des comme ça toutes les 5 minutes », même maintenant ses mots blessants me retournent l'estomac. Décidée à ne pas lui montrer l'étendue des dégâts, je redresse ma tête par fierté. Derrière ce masque d'indifférence, je sais que je n'aurais jamais la force de discuter avec lui.

Phoenix CollègeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant