Phoenix Collège

Chapitre 37

LUCK

Ma tête me fait un mal de chien.

Alors que j'essaie d'émerger doucement de mon état de légume, la lumière du jour brûle mes yeux. Mon dos me maudit d'avoir dormi sur le canapé mais ce n'est rien à côté de mon mal de tête atroce. Un grognement désapprobateur s'échappe de mes lèvres quand je tente de me lever. Ça peut attendre. A la place, je décide de m'asseoir doucement avant d'analyser l'étendue des dégâts. Des cadavres de plusieurs bouteilles d'alcool jonchent le sol, m'envoyant clairement un message. J'ai deconné. Des bribes décousues de mes actions d'hier me viennent à l'esprit. J'ai vraiment déconné.

Pas étonnant que mon réveil soit difficile après la quantité d'alcool consommée.

- Connor ! Je tente d'appeler d'un ton las.

Aucune réponse ne me parvient, mon meilleur ami a sûrement passé la nuit dehors et je remercie l'univers pour ce coup de pouce. Si il m'avait vu à l'état d'épave, tout aurait été plus compliqué. Maintenant je peux juste oublier ce moment de faiblesse sans témoin.

L'armoire à pharmacie de la salle de bain m'offre un large choix en matière de médicaments anti-gueule de bois. Tout étudiant qui se respecte doit se préparer à toute éventualité. J'attrape le premier médicament contre le mal de tête et l'avale d'une traite. Merde je suis dans un sale état.

Cette fois, je me dirige dans ma chambre pour m'allonger sur un vrai lit. Le matelas moelleux qui m'accueille représente à mon sens, la chose la plus douillette du monde. Je m'y affale de tout mon long comme une étoile de mer. Avec une sacrée gueule de bois.

Un bras sur les yeux, je me remémore les événements de la veille. La colère que j'ai ressenti dès que Sam m'a informé du déménagement est encore loin d'avoir complètement disparu. Les larmes de crocodile de ma mère n'ont eu aucun effet sur mon état, excepté de m'énerver deux fois plus. Heureusement, l'absence de Dan m'a empêché de lui foutre mon poing dans la gueule. Même si la violence ne résout rien, elle m'aurait aidé à évacuer 7 ans de frustration. Taper Dan aurait eu des conséquences irréparables auprès de ma famille mais je m'en serais moqué. Après toutes ses années compliquées, je commence enfin à faire des efforts et voilà qu'il me crache littéralement à la gueule. Putain d'enfoiré.

Elena a réussi à me convaincre de changer mon comportement de petit con mais pour l'instant je ne vois que des effets néfastes. En parlant d'Elena, j'ai des vagues souvenirs d'elle mais je n'arrive pas à savoir si mon taux d'alcoolémie a inventé son image ou non.

Après ma descente au enfer, je suis rentré chez moi directement sans passer par la case Elena, alors que je lui avais donné rendez-vous. Néanmoins ma colère dépassait un degré incontrôlable, la côtoyer dans cet état ne faisait pas partie de mes plans. Mais les plans changent.

Soudain une vague de souvenirs pas très agréables me reviennent en tête comme un putain de boomerang. Je revois le beau visage d'Elena que je blesse encore et encore avec mes paroles acerbes. Elle voulait juste savoir si tout allait bien et moi je l'ai envoyé bouler... Merde. L'alcool fait parfois des ravages.

« La seule connexion que j'ai c'est avec ta chatte », cette phrase est à deux doigts de me faire vomir. En plus de lui mentir, j'ai choisi soigneusement mes mots pour qu'elle souffre autant que moi. Mission accomplie. Surtout qu'après ma conversation avec Connor, je comptais lui demander de faire passer notre relation au niveau suivant et de sortir vraiment ensemble.

Une image floue d'Elena m'avouant qu'elle est amoureuse de moi me frappe comme la foudre. Quel gros con, elle ne me pardonnera jamais. Pour une fois qu'une fille me plaît sincèrement, je fous tout en l'air en lui proposant un coup rapide alors qu'elle me fait une déclaration d'amour. Même si je savais que je ne méritais pas Elena, maintenant j'en ai la preuve. A cause de toute cette histoire d'Atlanta, Elena a pris toute ma colère en pleine figure.