Chapitre 36

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Luck m'a posé un lapin.

Je dois me rendre à l'évidence. Il est bientôt 22h. Il ne viendra pas. Depuis près de 2h, je guette mon téléphone dans l'espoir d'un signe de sa part, mais rien ne se passe.

J'ai passé une grande partie de ma soirée à réviser en espérant que ma distraction favorite apparaisse sur mon palier. Cependant, Luck a unilatéralement changé ses projets sans prendre la peine de m'en informer. Ma patience a ses limites.

Contrariée, je laisse mon téléphone sur mon bureau et cours me réfugier sous mon plaid devant la télé. Il veut parler mais me laisse dans l'attente sans aucune considération. Il ne se doute pas que toute cette ambiguïté me met dans un état déplorable.

La télé tourne en boucle sur une chaîne nationale mais je ne la regarde même pas. Toutes mes pensées sont tournées vers l'homme qui m'agace autant qu'il m'émoustille. Je me faisais une joie de le voir, mais il a tout gâché.

Soudain, je rationalise mes émotions en me demandant si tout va bien. Peut-être qu'il ne m'a pas tenu informé car il a un problème urgent. Moi qui ne voulais pas lui envoyer de message en premier, voilà que je me précipite dans ma chambre pour lui demander si tout se passe bien. Mon message ne se distribue même pas, signe que son téléphone est éteint ou qu'il ne capte pas. Dans un ultime espoir, je tente de l'appeler mais je bascule directement sur sa messagerie. Mon inquiétude monte en flèche. Quelle amie déplorable je fais, je m'énerve contre lui alors que Luck a peut-être besoin d'aide.

Sans réfléchir davantage, je chausse mes pieds rapidement avec la première paire de chaussure que je trouve et attrape mon sac en direction de la colocation.

Lorsque je vois sa voiture sur le parking, mon angoisse diminue un peu mais pas complètement. Je ne saurai dire pourquoi mais j'ai comme la sensation que quelque chose cloche. Personne ne me répond quand je tape à sa porte, pourtant je distingue clairement de la lumière. La partie de moi qui souhaite en découdre préfère insister, surtout en sachant pertinemment que quelqu'un se trouve dans l'appartement. Connaissant Connor, il n'aurait jamais permis à quiconque de laisser la lumière allumée pour rien. Un grognement bestial s'entend même à travers l'épaisseur de la porte, je suis aussitôt soulagée quand j'entends la clé tourner dans la serrure. Malheureusement, mon soulagement n'est que de courte durée. Luck a une mine affreuse. Avec ses yeux rouges vitreux et ses cheveux en batailles, on pourrait croire qu'il vient de passer sous un rouleau compresseur.

- Je peux entrer ? Je l'interroge en remarquant qu'il ne se décale pas pour me laisser passer.

- Non. Tu devrais partir.

- Je n'en ai pas envie.

- Tout le monde fait ce qu'il veut de toute façon, marmonne-t-il dans sa barbe en allant s'affaler sur son canapé.

En entrant dans l'appartement, je referme la porte derrière moi puis me positionne sur le petit fauteuil à côté du canapé. Luck ne me prête aucune attention, il est bien trop occupé avec son copain JackDaniels.

- Quelque chose ne va pas ?

- Ouvre les yeux ! La réponse semble évidente sinon je ne serai pas en train de boire comme un trou.

Sa façon de me parler ne me plaît pas beaucoup mais je mets ça sur le compte de l'alcool. Parfois, tout dépend de l'approche, je tente donc une reformulation de ma question.

- Parle-moi Luck. Que se passe-t-il ?

- Ce qui se passe c'est que vous commencez tous à me faire chier. Je t'ai dit de te barrer.

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